Badminton - Open de Malaisie 2025 : Après une année record, Alex Lanier en veut encore : « Gagner les plus gros tournois »

Après une année 2024 qui lui a permis de se révéler en gagnant un tournoi Super 750 et en intégrant le top 15 mondial, Alex Lanier veut confirmer en 2025. Le grand espoir du badminton français s'est confié en exclusivité à Olympics.com sur ses futurs objectifs.

6 minPar Nicolas Kohlhuber
Alex Lanier badminton
(Jnanesh SALIAN - Badmintonphoto)

« Gagner les plus gros tournois comme des Super 1000 font partie des objectifs que j'ai évidemment envie de remplir dans l'année qui vient, mais je sais que je vais devoir me concentrer sur d'autres choses, plein de petits objectifs avant, pour pouvoir les gagner. »

Alex Lanier n'était pas encore assez bien placé au classement mondial pour participer aux Super 1000, la catégorie de tournois la plus prestigieuse du circuit international, l'an passé. Cette année, il peut légitimement espérer en remporter un. À commencer par l'Open de Malaisie, qui débute ce mardi 7 janvier. Le Français sera l'un des joueurs les plus attendus à Kuala Lumpur, son duel avec Kunlavut Vitidsarn, médaillé d'argent aux JO de Paris 2024, étant même le principal choc du premier tour de l'édition 2025.

Ce nouveau statut en dit long sur l'évolution de l'actuel 18e mondial. Il est passé en seulement 12 mois de numéro 4 à premier Français et vainqueur du trophée de révélation de l'année décerné par la BWF, la fédération internationale de badminton.

Une telle progression a été rendue possible par des performances exceptionnelles et des résultats d'exception.

Il a fait tomber des cadors et des records ces derniers mois. Le joueur de l'ASPTT Strasbourg a notamment battu Viktor Axelsen, double médaillé d'or aux JO, Loh Kean Yew, champion du monde en 2021 ou Shi Yuqi, numéro 1 mondial.

À l'image de la demi-finale de l'Open du Japon gagnée face à ce dernier, Alex Lanier ne s'en contente pas et veut aller plus loin. À Yokohama, il était allé au bout, devenant par la même occasion le premier Français à remporter un tournoi Super 750.

Devenu par la suite le Tricolore le mieux classé de l'histoire, il veut continuer de monter dans la hiérarchie planétaire.

« On vise et on visera toujours plus haut que le meilleur classement d'un Français qui était 19ᵉ avant. On visait le top 10 et on le vise toujours. Nos objectifs d'apprentissage sont toujours plus haut que ce qui a été fait dans le passé. Une fois atteints, il y a toujours des objectifs plus hauts. Il y a encore de la marge de progression dans mon jeu. J’ai envie de faire encore mieux, d’être encore plus fort », assume Alex Lanier dans une interview exclusive avec Olympics.com.

« Le monde reconnaît qu'Alex est un des joueurs les plus prometteurs de la planète. C'est bien, mais ça signifie pas tant que ça. Il faut prouver tout ce potentiel », confirmait Kestutis Navickas, son coach, au lendemain du titre de révélation de l'année gagné par son joueur

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Alex Lanier : « J’ai toujours eu envie de viser le plus haut possible »

Alex Lanier est entré dans un cercle vertueux en défiant, et battant, les meilleurs joueurs de la planète. Il a gagné des matchs et de l'expérience, ces résultats confortant le naturel ambitieux du jeune homme.

« J’ai toujours eu envie de viser le plus haut possible et avec les années, je me rends de plus en plus compte que c’est atteignable. Il faut faire énormément de choses, mais il y a la place, ce n'est pas impossible en fait », explique-t-il avec maturité avant d'utiliser sa victoire contre Shi Yuqi comme exemple.

« J'avais un mec en face de moi qui avait un niveau que je n'avais jamais rencontré. Et d'un coup, je me suis senti un peu agressé dans le sens où le mec jouait à un tel niveau que si je n'augmentais pas le mien, je me faisais défoncer et il n’y avait même pas de match. J'avais une tension au fond de moi, j’étais en mode survie pour essayer de trouver des solutions tout le temps. Ce match là a été un déclic dans le sens où je me suis dit que même les top mondiaux, ils avaient aussi leurs limites. En trouvant plein de solutions et plein de manières différentes de jouer, on peut aussi les faire un peu moins bien jouer. »

Faire tomber le numéro 1 mondial pour écrire l'histoire n'a pas comblé le natif du Calvados. La fierté ressentie a rapidement laissé la place à l'envie d'en faire encore plus, comme toujours avec lui.

Le badiste de 19 ans ne se laisse pas bercer par l'euphorie de ses incroyables accomplissements car son bonheur réside ailleurs, le chemin ayant toujours été plus important que la destination pour lui.

La sensation de progresser et de pouvoir progresser lui sert de moteur. Victoire ou défaite, il est guidé par la possibilité d’explorer de nouvelles pistes pour devenir meilleur.

« C’est quand même agréable, on n'a jamais l'impression d'avoir atteint la fin », explique-t-il.

Avec une telle quête de perfection, Alex Lanier ne sera jamais en panne de motivation. Cela tombe bien, car la route est encore longue pour atteindre ses objectifs qui ont toujours été élevés.

Alex Lanier a été numéro 1 mondial chez les juniors et compte bien le devenir en seniors.

« On veut qu'il soit le meilleur au monde, mais pour y arriver, il faut franchir beaucoup d’étapes pour sa progression. J'ai confiance en son potentiel pour y arriver, mais il faut le développer. Il faut travailler ce potentiel, pas juste accepter la possibilité qu'il a d’être le meilleur au monde », explique Kestutis Navickas, son entraîneur.

Alex Lanier, ambitieux, mais patient

Alex Lanier ne se fixe pas de limites. Mais pas d'ultimatums non plus.

Le pensionnaire de l'INSEP a peut-être grimpé les marches de la hiérarchie mondiale quatre à quatre, il est conscient que sa progression se fera par paliers.

« J'ai envie de progresser à mon rythme et le plus vite possible évidemment. Je pense que quand j'aurai le niveau et quand je serai prêt, les résultats tomberont », relativise-t-il avec humilité.

Après la révélation, il sait que la confirmation passe avant la domination. L'étudiant en sciences formelles à la Sorbonne doit encore en apprendre beaucoup sur un circuit mondial qu'il fréquente pleinement depuis moins d'un an. Une régularité physique et une adaptation à des nouvelles salles bien plus imposantes que celles dont il avait l'habitude sont notamment inscrites dans son agenda.

« Le prochain but est la régularité et cela passe pas une progression saine. Il ne faut pas précipiter les choses pour être numéro 1 mondial, ce n’est pas la priorité. Il faut faire les bons choix pour progresser correctement dans tous les domaines », détaille son entraîneur.

Alex Lanier tient le même discours, même s'il évoque précisemment les Championnats du monde dont l'édition 2025 aura lieu à l'Arena Porte de la Chapelle.

« J'ai pour objectif des médailles ou même un titre aux Championnats du monde, mais si je ne suis pas prêt ou si je n'ai pas mis plein de choses en place avant, je ne peux pas les viser », pose-t-il.

Parmi les choses à accomplir avant de voir si haut et peut-être même de rêver des JO de Los Angeles 2028, la participation à un premier tournoi Super 1000 en ce début d'année pourrait être la clé.

Rendez-vous est donc donné à l'Open de Malaisie pour le premier rendez-vous de la saison d'après.

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