Pour Pau Gasol, médaillé olympique, star du basketball et membre du CIO, "Le sport joue un rôle essentiel dans la promotion de l'égalité des genres"
Le sport est le reflet de la société. Mais il peut aussi montrer un exemple puissant et très concret de comportements, de normes et de valeurs. Alors que le mois consacré à l'égalité des genres touche à sa fin, la star espagnole du basketball, Pau Gasol, réfléchit à la capacité qu'a le sport de promouvoir l'égalité, de combattre les stéréotypes et d'aider les filles à poursuivre leurs rêves et leurs objectifs.
"Le sport est le miroir à travers lequel tant de personnes se regardent."
Et le triple médaillé olympique et vainqueur de deux Championnats de la NBA avec les Lakers de Los Angeles (2009 et 2010) d'ajouter : "Il doit donc servir d'outil pour promouvoir l'égalité, la diversité et l'inclusion – et les Jeux Olympiques sont l'endroit idéal pour cette promotion."
Lutter contre les stéréotypes et les préjugés inconscients
Les stéréotypes et les préjugés inconscients constituent un obstacle majeur qui empêche souvent nos sociétés de devenir plus égalitaires et plus inclusives.
"Dès notre plus jeune âge, nous recevons des informations et entendons des généralisations qui créent une image déformée de la réalité dans notre esprit. Cela donne lieu à la création de stéréotypes ou de préjugés inconscients qui sont présents dans tous les aspects de notre vie", explique Pau Gasol.
"Ces stéréotypes deviennent souvent des obstacles pour de nombreuses personnes, en particulier pour les groupes vulnérables et les minorités", poursuit-il. "(Mais) des valeurs telles que l'empathie, la tolérance, le respect, l'acceptation et la valorisation de la diversité peuvent nous aider à dépasser ces préjugés."
Pau Gasol, l'un des plus grands joueurs européens de tous les temps, explique que son propre parcours en matière d'égalité des genres a commencé avec ses parents, puisque sa mère était médecin et son père infirmier.
"Je me souviens que d'aucuns prenaient souvent mon père pour le médecin et ma mère pour l'infirmière – cela arrivait plus souvent que cela n'aurait dû", confie Pau Gasol."Je n'ai jamais considéré ma mère comme une femme médecin. Pour moi, elle a toujours été médecin avant tout."
Un entraîneur extraordinaire, qui est aussi une femme hors du commun
Ce point de vue sur l'égalité des genres a marqué Pau Gasol tout au long de sa carrière sportive.
"Nous devons offrir à chacun la possibilité de suivre la même voie et lui donner les mêmes chances, sur la base de ses mérites et non de son genre", rappelle-t-il.
Pendant trois saisons avec les Spurs de San Antonio, Pau Gasol a bénéficié des compétences et des capacités de son entraîneure adjointe, Becky Hammon.
"J'ai eu la chance d'être entraîné par une personne extraordinaire, qui est aussi une femme hors du commun", déclare-t-il. "Sa carrière professionnelle exceptionnelle, jalonnée de succès, mais aussi de nombreux défis et obstacles, est une source d'inspiration pour moi et pour beaucoup d'autres. C'était formidable de l'avoir au sein de l'équipe d'encadrement", ajoute Pau Gasol.
Si un nombre quasi identique d'hommes et de femmes sont en lice aux Jeux Olympiques, le nombre de femmes entraîneures est encore extrêmement faible. Aux Jeux de Tokyo 2020, par exemple, seuls 13 % des entraîneurs étaient des femmes.
Afin d'augmenter le nombre de femmes entraîneures, le Comité International Olympique (CIO) a fait passer son programme Women in Sport High-performance pathway (WISH) à la vitesse supérieure. Grâce au financement de la Solidarité Olympique, soit un million de dollars américains, ce programme sur mesure permettra de former plus de cent femmes à l'entraînement de haut niveau.
Montrer à la jeune génération qu'elle peut être ce qu'elle veut être
Pour Pau Gasol, de nombreuses raisons peuvent expliquer le manque de femmes entraîneures.
"Je ne pense pas que l'on puisse dire que c'est dû à une seule chose. Le manque de visibilité de ces 13 % est certainement l'une des raisons, et le fait que l'on n'en parle pas assez en est une autre", déclare-t-il.
Et d'affirmer : "Nous tous, dans le monde du sport, avons une responsabilité envers les jeunes générations : il faut leur montrer qu'elles peuvent être ce qu'elles veulent être. Et cela commence par la mise en avant du parcours de toutes celles et ceux qui ont réalisé leurs rêves et de ce que nous pouvons faire pour améliorer le présent et œuvrer pour un avenir meilleur."
Ces derniers mois, le CIO a lancé une série d'articles en ligne afin de présenter des femmes entraîneures de haut niveau qui, malgré les obstacles, ont brillé et réussi et ouvrent aujourd'hui la voie à d'autres. L'institution olympique entend ainsi inspirer les jeunes femmes au début de leur carrière.
Le genre n'est pas un facteur déterminant
Élu par ses pairs à Tokyo en tant que membre de la commission des athlètes du CIO, Pau Gasol est également devenu membre du CIO en août 2021. Quand on lui demande quelles améliorations pourraient être apportées pour que davantage de femmes entraîneures participent à des événements sportifs internationaux, Pau Gasol répond que les mentalités doivent évoluer.
"Je pense que tout commence par le respect des collègues masculins et la reconnaissance par tous que le genre n'est pas un facteur déterminant pour être un bon entraîneur."
Ainsi qu'il l'explique : "Si nous voulons que davantage de filles aspirent à devenir entraîneures, les événements doivent inclure des femmes entraîneures qui peuvent décrire leur expérience et apporter leur vision du métier."
Pau Gasol, lequel a récemment reçu le prix Kobe et Gigi Bryant WNBA Advocacy pour sa contribution significative à l'avancement du basketball féminin, encourage les filles à se battre pour atteindre leurs objectifs quoi qu'il arrive : "Les filles doivent poursuivre leurs rêves et leurs objectifs, quels qu'ils soient. Je veux qu'elles se concentrent sur leurs capacités et qu'elles les développent, et ce sans que quiconque ne limite leur potentiel."