"Mon mantra en tant qu'entraîneure et dans la vie est d'avoir un impact et de laisser un héritage", déclare Laura Turner-Alleyne, olympienne et entraîneure d'athlétisme

Les grands progrès accomplis vers la parité des femmes athlètes dans la participation aux Jeux Olympiques (48 % des athlètes aux Jeux de Tokyo 2020 étaient des femmes) ne sont pas encore égalés s'agissant du métier d'entraîneur. Dans cette série d'articles, le Comité International Olympique (CIO) met à l'honneur des femmes entraîneures qui obtiennent des résultats exceptionnels tout en ouvrant la voie à d'autres femmes. Laura Turner-Alleyne, ancienne sprinteuse olympique devenue figure clé du dispositif d'entraînement de British Athletics depuis sa retraite sportive en 2013, est l'une de ces femmes. 

"Mon mantra en tant qu'entraîneure et dans la vie est d'avoir un impact et de laisser un héritage", déclare Laura Turner-Alleyne, olympienne et entraîneure d'athlétisme
© IOC

British Athletics a eu la chance de profiter d'une saison d'été très réussie en 2022, ses athlètes ayant gagné sept médailles aux Championnats du monde à Eugene (États-Unis) avant de remporter 20 médailles aux Championnats d'Europe quelques semaines plus tard à Munich (Allemagne). Laura Turner-Alleyne faisait partie de l'équipe d'entraîneurs lors de ces deux événements. Ayant elle-même représenté la Grande-Bretagne en tant qu'athlète au cours d'une longue carrière internationale, elle a pu, à cette occasion, se féliciter d'une autre forme de progrès, laquelle ne se mesure pas en médailles.

"Durant mes dix années de participation à l'équipe en tant qu'athlète, je n'ai jamais été entraînée par une femme", explique-t-elle. "Nous avions des femmes dans l'équipe qui étaient physio ou managers d'équipe, mais une vraie entraîneure ? Nous n'en avions pas."

Et d'ajouter : "Aussi est-il formidable d'entendre certains des athlètes me dire aujourd'hui : 'C'est vraiment agréable de t'avoir avec nous, Laura'. Parce qu'il y a des moments dans le sport de haut niveau où les femmes ou les filles d'une équipe peuvent se sentir plus à l'aise avec une femme entraîneure. Je pense que nous apportons en plus un ensemble de compétences différentes de celles des hommes entraîneurs."

Transition d'athlète à entraîneure

Après une carrière réussie de sprinteuse, au cours de laquelle elle a concouru pour la Grande-Bretagne aux Jeux Olympiques de Beijing 2008 et à quatre Championnats du monde, Laura Turner-Alleyne a pris sa retraite en 2013 et a créé son propre bureau consacré à l'entraînement à l'université Brunel de Londres, où elle avait étudié et décroché un diplôme en sciences du sport et un master en physiologie du sport de haut niveau.

"Au fur et à mesure que certains des athlètes que j'ai entraînés ont connu le succès, les choses ont commencé à se débloquer pour moi", confie-t-elle.

En 2018, Laura Turner-Alleyne a été engagée pour entraîner certains des jeunes athlètes les plus talentueux de son pays dans le cadre du programme British Athletics Futures. Elle travaille désormais avec des spécialistes du sprint, des haies et des épreuves de combiné de niveau international dans le cadre de compétitions juniors et seniors.

Ainsi qu'elle l'indique : "Mon mantra en tant qu'entraîneure et dans la vie est d'avoir un impact et de laisser un héritage. Donc, ce que j'essaie toujours de faire avec les athlètes avec lesquels je travaille, c'est d'avoir un impact – que ce soit dans leur carrière sportive ou en les aidant à avancer et à s'épanouir en tant que personne."

Dénicher les dirigeants sportifs de demain

Alors que les Jeux de Paris 2024 entreront dans l'histoire en devenant les premiers Jeux Olympiques à parvenir à la parité en termes de participation hommes-femmes, les progrès ont été beaucoup plus lents en ce qui concerne les entraîneurs. En effet, seulement 13 % des entraîneurs aux Jeux de Tokyo 2020 étaient des femmes. Afin de remédier à cela, le CIO a mis sur pied le programme WISH (Women in Sport High-performance pathway), avec quatre promotions jusqu'en 2025 pour préparer plus de 100 femmes issues de différents sports et pays à devenir entraîneures au niveau élite. Ce programme bénéficie du soutien de la Solidarité Olympique à hauteur d'un million de dollars américains et témoigne de l'engagement à long terme du CIO, à savoir mettre l'accent sur la formation des entraîneures, dans le contexte de l'Agenda olympique 2020+5 et des objectifs de l'institution olympique en matière d'égalité des genres.

Laura Turner-Alleyne a bénéficié d'un programme similaire dans son pays, le programme UK Sport Female Leadership (un programme de leadership féminin pour le sport britannique), et reconnaît la valeur qu'un tel cursus peut apporter aux aspirants entraîneurs en leur offrant des possibilités d'éducation, de mentorat et de réseautage qui contribuent à élargir leurs perspectives.

"C'est passionnant de rencontrer des entraîneures d'autres sports, car vous vous rendez compte qu'elles sont confrontées aux mêmes défis que vous", explique-t-elle. "Parfois, on peut se sentir un peu isolée dans son propre sport, mais en réalité, nous sommes toutes logées à la même enseigne."

© IOC

Soutenir d'autres femmes

Ces dernières années, Laura Turner-Alleyne a bénéficié du savoir-faire inestimable de Paula Dunn, responsable d'équipe chez British Athletics et ancienne entraîneure en chef de ses athlètes paralympiques. Aujourd'hui, elle souhaite à son tour soutenir la prochaine génération de femmes entraîneures, celles qui lui succèderont.

"Je suis en position de parler et de représenter les autres femmes entraîneures. Je prends cette responsabilité très au sérieux, pour que d'aucuns voient ce que je fais et voient que c'est possible en tant que femme", déclare Laura Turner-Alleyne. "Je sais qu'il est important que je commence à encadrer d'autres femmes entraîneures au fur et à mesure que ma carrière se développe. Je veux être en mesure de dire aux autres femmes : 'Attention, voici ce que vous risquez de vivre, et voici comment j'y ai fait face'."

Forte de son expérience, la quadragénaire pense que le moyen le plus efficace d'attirer davantage de femmes vers le métier d'entraîneur de haut niveau est de créer un environnement qui soutient et célèbre les femmes entraîneures.

Et de poursuivre : "Lorsque des femmes entraîneures occupent de bons postes, il faut souligner l'excellent travail qu'elles fournissent, ce qui peut ensuite donner à d'autres la confiance nécessaire pour s'investir à leur tour. L'environnement dans lequel je me trouve actuellement avec British Athletics m'a aidée à m'épanouir – et cela aidera aussi les autres femmes à briller. Je me sens valorisée et je suis reconnue comme un membre clé de l'équipe."