Tracy Evans : « Rien ne peut vous préparer à votre première cérémonie d’ouverture »

La skieuse acrobatique Tracy Evans a représenté les États-Unis lors de trois éditions des Jeux Olympiques entre 1994 et 2002. Elle remonte le temps pour s’arrêter sur diverses cérémonies d’ouverture et de clôture.

Tracy Evans : « Rien ne peut vous préparer à votre première cérémonie d’ouverture »
(Getty Images)

J’ai effectué mes débuts olympiques à Lillehammer en 1994, et je crois bien que rien ne peut vous préparer à vivre votre première cérémonie d’ouverture. C’était incroyable. Les Jeux de Lillehammer ont même été encore plus particuliers pour moi car mon frère, qui était également un spécialiste des sauts, était lui aussi présent, en tant qu’entraîneur de l’équipe australienne de ski acrobatique. C’était super de savoir qu’il participait avec moi à la cérémonie d’ouverture, d’autant plus que toute ma famille était dans le public. C’était vraiment une histoire familiale.

C’est très difficile de traduire par des mots ce que l’on ressent lorsqu’on entre dans le stade, sous les couleurs de son pays. J’ai dû me pincer pour me persuader que je marchais bien sur la piste avec toute l’équipe et que je n’étais pas dans les tribunes en train de regarder. Pendant des années, j’avais regardé les cérémonies d’ouverture à la télévision et c’était assez surréaliste d’y être réellement. Quand j’y pense, j’ai encore l’estomac qui se noue.

Quand l’équipe des États-Unis est entrée dans le stade, j’ai eu vraiment le souffle coupé car je n’arrivais pas à croire que j’allais finalement concourir sur la scène olympique. Participer au plus grand événement sportif de la planète, y représenter mon pays – quel honneur ! – et une fois que c’est fini, c’est difficile de décrire ce qu’on a ressenti tant on vit l’instant présent.

Les Jeux Olympiques de Lillehammer étaient magnifiques : le pays a effectué un travail remarquable et c’était extraordinaire d’y participer. Défiler dans un stade aussi exceptionnel en compagnie des autres pays du monde entier et savoir que tous ceux qui sont là sont les meilleurs de leur sport, c’était une expérience vraiment agréable.

En 1998 à Nagano, je n’ai pas pu participer à la cérémonie d’ouverture, car nous étions toujours en stage d’entraînement. C’était vraiment triste de manquer ça. J’ai néanmoins participé à la cérémonie de clôture, et c’était d’autant plus sympa que les Jeux allaient prendre la direction de Salt Lake City, la ville où je résidais.

C’est très difficile de tout digérer à la fin de Jeux Olympiques. L’un de mes partenaires a défini cela de belle manière : il faut imaginer qu’on retient sa respiration pendant quatre ans et qu’enfin, on peut expirer. C’est tout simplement épuisant. J’ai quitté Nagano blessée et je savais que j’avais besoin d’une pause. Pour moi, il ne s’agissait pas seulement d’aller aux Jeux Olympiques, mais aussi de me placer en position de gagner et bien que cela ne se soit jamais produit, j’ai toujours su que dans un grand jour j’étais capable de le faire. Et donc, à l’issue de Nagano, la seule chose que j’avais en tête, c’était de me reposer. Je savais que ce serait extraordinaire d’aller à Salt Lake City, mais à ce moment-là, je ne pensais pas vraiment à 2002.

Pourtant, quatre ans après Nagano, j’ai à nouveau été sélectionnée pour les Jeux de Salt Lake City. C’est très rare dans la carrière d’un athlète de pouvoir participer à des Jeux Olympiques, c’est encore plus rare de participer à des Jeux dans votre pays d’origine, et donc participer à des Jeux Olympiques dans votre ville est excessivement rare. C’est extraordinaire d’avoir eu cette chance. Beaucoup de membres de ma famille sont venus me soutenir pour mes derniers Jeux Olympiques, qui se déroulaient chez moi. C’était extraordinaire !

Ce qui était encore plus exceptionnel à Salt Lake City, c’est que nous sortions à peine de la tragédie du 11 septembre. En tant que pays hôte en 2002, nous étions la dernière équipe à pénétrer dans le stade. Une petite réception a même été organisée pour l’équipe alors que la cérémonie d’ouverture se poursuivait, et le président Bush est venu nous voir et nous parler.

À ce moment-là, nous avons ressenti une grande communion avec notre pays qui venait de vivre le 11 septembre. Cela a ajouté une touche vraiment patriotique à nos Jeux. Je sais que des discussions avaient eu lieu afin de savoir si les Jeux allaient se dérouler parce qu’ils étaient programmés à peine quelques mois plus tard, et c’est pourquoi ces Jeux étaient vraiment spéciaux.

J’ai disputé mes derniers Jeux Olympiques d’hiver à Salt Lake City, mais je n’en ai pris conscience qu’après la fin des Jeux, car pendant qu’ils se déroulaient, je ne voulais pas en perdre une miette. J’étais un peu dans la position d’un athlète vétéran à Salt Lake, et ce qui comptait, c’était de profiter de tout et de m’imprégner de l’intégralité de l’expérience. Et comme je savais que ce serait mes derniers Jeux, j’ai fait en sorte de les savourer au maximum.

C’est lors de la cérémonie de clôture que j’ai vraiment commencé à me rendre compte que tout cela allait prendre fin, et l’émotion m’a gagnée. J’avais consacré tant d’années de ma vie au ski, et ce chapitre était en train de se refermer. C’est toujours difficile pour un athlète de prendre sa retraite sportive. Tout d’un coup, tout le monde dit « Voilà, c’est fini ». Ça faisait bizarre, mais en même temps, c’était vraiment super de finir sur des Jeux comme ceux de Salt Lake City.

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