Mike Dixon : « Le fait de savoir que la moitié de la planète vous regarde est tout simplement formidable »

Le skieur de fond et biathlète britannique Mike Dixon est l’un des sept athlètes qui ont participé à six Jeux Olympiques d’hiver. En outre, il détient l’unique privilège d’avoir été porte-drapeau de l’équipe britannique à trois reprises, en 1994, 1998 et 2002.

5 min
Mike Dixon : « Le fait de savoir que la moitié de la planète vous regarde est tout simplement formidable »
(Getty Images)

J’ai participé à la cérémonie d’ouverture lors de mes premiers Jeux, à Sarajevo en 1984, et à l’époque, je me souviens avoir pensé que c’était les heures les plus étonnantes de ma vie. C’était si spécial. Le fait d’y être était assez étrange parce que je n’avais jamais touché une paire de skis avant mon 19e anniversaire. J’étais dans l’armée et, la nuit de ma première expérience en ski, notre sergent-chef nous a projeté un film : c’était Les Chariots de feu. Jusque-là, je n’avais pas vraiment beaucoup suivi les Jeux Olympiques. Mais à la fin de ce film, je me suis promis, quoi que je fasse dans ma vie, d’aller aux Jeux Olympiques. Je n’avais aucune idée du sport que ce serait, mais dans les mois qui ont suivi, je me suis fait un nombre incalculable de fois le film de mon propre défilé dans une cérémonie. Tout le monde disait que c’était un objectif irréalisable, mais un peu plus de deux ans plus tard, j’étais présent à la cérémonie d’ouverture à Sarajevo, ce qui était plutôt surréaliste.

Le fait de défiler lors de la cérémonie de 1984 était comme si je ressentais une décharge électrique. J’ai vraiment senti que c’était ce que je voulais : faire partie de cette équipe britannique qui allait de l’avant. Lors de ma première cérémonie de clôture, j’ai éprouvé des émotions partagées. J’avais fait tout ce qui était en mon pouvoir pour être à mon meilleur niveau, j’avais donc le sentiment du devoir accompli et qu’il était temps de passer à autre chose. Mais la cérémonie de clôture peut vraiment s’apparenter à une bulle qui éclate et beaucoup de gens ont un coup de déprime après, car tout ce à quoi ils avaient rêvé est terminé. De mon côté, comme j’étais dans l’armée, j’ai dû reprendre directement mon poste et j’ai été confronté brutalement à la réalité. J’ai vraiment ressenti des émotions étranges lors de cette cérémonie de clôture, mais plus que tout, ces Jeux m’avaient ouvert l’appétit et avaient vraiment un goût de revenez-y.

C’est pour mes troisièmes Jeux que j’ai été nommé porte-drapeau pour la première fois. On m’avait dit qu’il s’agissait d’un de ces moments où il est possible de ne plus se souvenir de son numéro de téléphone tant on est stupéfait. Rien ne pouvait laisser penser que ce serait moi, et c’était simplement incroyable. En me préparant à défiler avec le drapeau, toute l’équipe derrière moi, je dois admettre que j’étais très nerveux. J’ai ressenti une grande responsabilité et c’est un de ces moments qui peut vous faire trembler. Mais le fait de savoir qu’environ la moitié des gens de la planète vous regarde est tout simplement magnifique.

Être nommé porte-drapeau une seconde fois en 1998 a été stupéfiant. Lors de la réception organisée par l’équipe britannique pour dévoiler le porte-drapeau, la princesse Anne et le ministre des Sports étaient sur scène et comme j’étais sûr à 100 % que ce ne serait pas moi, j’étais totalement décontracté. Et puis, quand ils ont prononcé mon nom, j’ai failli laisser tomber mon verre, je ne pouvais pas le croire. C’était extraordinaire. Et comme le choix émane de vos coéquipiers, c’est encore plus particulier, car vous savez que vous bénéficiez du soutien de vos collègues athlètes, ce qui est fantastique.

Cette deuxième expérience drapeau en mains était beaucoup plus tranquille que la première, quatre ans auparavant. Le drapeau était magnifique et j’ai souri tout au long du défilé. La première fois, j’avais voulu faire preuve d’un réel respect, mais la deuxième fois, je me suis rendu compte qu’on pouvait vraiment être détendu et profiter de l’expérience.

Quand j’ai été nommé pour la troisième fois en 2002, j’ai été encore plus choqué que quatre ans plus tôt. Je pensais qu’il n’y avait absolument aucune chance que cela se produise. C’était très spécial et vraiment incroyable d’avoir bénéficié de ce privilège à trois reprises. En 2002, je savais que j’étais en fin de parcours et qu’il s’agissait de mes derniers Jeux Olympiques d’hiver, et c’était donc assez émouvant. Je me suis senti tout aussi ému à la cérémonie de clôture, car j’avais fait un sacré bout de chemin. C’était un énorme chapitre de ma vie qui se terminait et différentes émotions se bousculaient en moi. J’étais satisfait d’avoir fait le maximum tout au long de ma carrière et j’étais excité par la nouvelle orientation que ma vie allait prendre. Un nouveau chapitre de ma vie commençait mais en même temps, c’était triste que ce soit mes derniers Jeux.

Si je ne suis plus athlète, mon fils Scott a repris le flambeau. Il est biathlète et son objectif est de se qualifier pour PyeongChang 2018. Ce serait fantastique de regarder la cérémonie d’ouverture l’année prochaine et de le voir défiler. Ça me plairait vraiment, car je saurai exactement ce qu’on éprouve.

Plus de