Wayne McCullough : "Près de 30 ans après, je crois que je n’ai toujours pas complètement réalisé cette expérience"

Wayne McCullough a représenté l’Irlande à Séoul en 1988 et à Barcelone en 1992, remportant l’argent en boxe en 1992. En 1988, il a porté le drapeau de son pays à la cérémonie d’ouverture alors qu’il n’avait que 18 ans.

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Wayne McCullough : "Près de 30 ans après, je crois que je n’ai toujours pas complètement réalisé cette expérience"
(IOC/Jean-Jacques Strahm)

J’avais à peine 17 ans quand je me suis qualifié pour les Jeux Olympiques de 1988. J’avais gagné les Championnats nationaux, mais initialement, les membres du Comité olympique irlandais ne voulaient pas m’envoyer aux Jeux de Séoul parce qu’ils estimaient que j’étais trop jeune. J’avais livré 12 combats internationaux consécutifs, tous gagnés par KO, mais ils n’en démordaient pas. Finalement, à la toute dernière minute, ils ont décidé de m’envoyer à Séoul, ce qui m’a évidemment rendu très heureux.

Quand les Jeux Olympiques de 1988 ont commencé, je venais d’avoir 18 ans et j’étais le plus jeune membre de l’équipe irlandaise, et c’est pourquoi j’ai été choisi pour porter le drapeau irlandais lors de la cérémonie d’ouverture. Le fait d’avoir été choisi pour porter le drapeau est assez exceptionnel, car l’endroit d’où je viens a une grande connotation politique. Je suis né à Shankill Road à Belfast, qui était au centre des "troubles" et il y avait donc beaucoup d’agitation politique en cours.

Mais j’ai toujours dit que j’étais un sportif et pas un homme politique, et je l’étais vraiment. Les Jeux Olympiques concernent le sport, pas la politique. Alors, lorsque l’on m’a demandé d’être porte-drapeau, c’était un tel honneur que, bien sûr, j’ai accepté. La question ne se posait d’ailleurs même pas : j’ai tout de suite su que je voulais le porter, car il s’agissait de sport et de rien d’autre.

Aller simplement aux Jeux Olympiques, c’était un de mes rêves. Quand j’avais 15 ans, je voulais être champion du monde chez les professionnels, mais je savais aussi que je devais gagner des titres chez les amateurs avant de devenir pro. Les Jeux Olympiques ont toujours été pour moi un super objectif. Donc, le seul fait d’être à Séoul était fantastique, que je sois porte-drapeau ou non.

Lors de la cérémonie d’ouverture de 1988, alors que nous attendions tous d'entrer dans le stade, j’étais assez nerveux. Toute l’équipe irlandaise était derrière moi et ils me prenaient tous en photo avec le drapeau. Je me suis alors demandé pourquoi ils prenaient des photos alors que je n’avais rien fait. Je portais simplement le drapeau ! Et je suis alors entré dans le stade : il y avait quelque chose comme 70 000 personnes dans les tribunes et deux milliards de personnes devant leur télévision, et tous les projecteurs étaient braqués sur moi. Je me souviens avoir pensé : "Waouh !" C’était moi ce petit bonhomme - je pesais seulement 48 kg – qui tenait le drapeau. C’était surréaliste.

On aurait pu penser que j’allais ressentir de la pression en étant porte-drapeau mais en réalité, ce n’était pas le cas. Après le défilé, je ne me souviens pas de la moindre parcelle de la cérémonie. En fait, je crois que je n’ai toujours pas réalisé totalement cette expérience, même maintenant, près de 30 ans plus tard.

Tout s’est terminé si vite - c’était bizarre. C’est une chose énorme, mais cela s’est fini en un clin d’œil. Non seulement je n’avais jamais participé à des Jeux Olympiques avant Séoul, mais je n’avais pas non plus disputé de compétition internationale. Aux Jeux Olympiques, j’ai donc boxé pour la première fois dans une épreuve internationale, ce qui est assez fou, et j’ai eu du mal à tout saisir lors de la cérémonie d’ouverture.

Ce qui a été fantastique, c’est que lorsque je suis retourné chez moi après les Jeux, personne n’a dit quoi que ce soit de négatif sur le fait que j’aie porté le drapeau irlandais, et c’était à l’époque où Belfast ressemblait à une zone de guerre. J’ai senti que c’était une chose très positive pour moi et pour l’endroit d’où je venais. J’étais un sportif représentant Shankill Road, qui était du coup connu pour autre chose.

Pour mes deuxièmes Jeux Olympiques, en 1992, j’étais beaucoup plus expérimenté et à ce moment-là, j’étais devenu un homme. J’ai été déçu de ne pas gagner l’or à Barcelone mais j’ai été quand même très content d’avoir remporté l’argent. Lorsque les Jeux Olympiques de Barcelone allaient se terminer, je savais que je ne vivrais pas d’autres Jeux Olympiques. Je savais que la cérémonie de clôture de 1992 serait ma dernière expérience du genre, mais ça ne m’a pas rendu triste, j’étais simplement enthousiaste à l’idée de passer à autre chose.

Malgré tout ce que j’ai accompli au cours de ma carrière professionnelle, les Jeux Olympiques occupent toujours une place à part dans mon cœur. Si tout le monde ne regarde pas la boxe, tout le monde regarde les Jeux Olympiques. La présence de la boxe aux Jeux Olympiques suscite l’enthousiasme des fans du monde entier et aujourd’hui encore, des gens viennent me dire : "Je vous ai vu boxer aux Jeux Olympiques". J’ai gagné des ceintures de champion du monde, mais c’est ma médaille olympique que les gens me demandent toujours de leur montrer.

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