Tour de France Femmes : Ce que nous avons appris de cette nouvelle formule
La Néerlandaise Annemiek van Vleuten a une nouvelle fois démontré sa domination quand la Française Juliette Labous a confirmé tous les espoirs placés en elle lors de ce Tour de France Femmes nouvelle version.
Cyclisme sur route
Ces huit étapes à travers la France étaient très attendues, et elles n’ont pas déçu. Du 24 au 31 juillet, les meilleures cyclistes du monde ont parcouru 1033,6 km pour tenter de remporter le premier Tour de France Femmes dans cette nouvelle formule. La logique a été respectée avec le sacre de la Néerlandaise Annemiek van Vleuten, 39 ans, qui a fait parler ses qualités de grimpeuse dans les Vosges pour s’emparer du Maillot jaune à l'issue de l’avant dernière étape.
Les Françaises ont également réalisé un grand Tour avec Juliette Labous qui a terminé au pied du podium.
Voici ce qu’il faut retenir du Tour de France Femmes 2022.
Annemiek van Vleuten est au dessus
Malade en début de Tour et en difficulté lors des premières portions montantes du Tour de France Femmes, notamment pendant la troisième étape qui se terminait à Epernay, elle a mis tout le monde d’accord dans les Vosges. C’était ici que le Tour allait se jouer, lors des deux dernières étapes, et elle a pris ses responsabilités sans attendre. À plus de 60 km de l’arrivée, la championne olympique du contre-la-montre à Tokyo 2020 est partie seule pour ne plus jamais être rattrapée et s’imposer avec 3 min 26 s d’avance sur sa compatriote Demi Vollering et le jaune à la clé.
Le lendemain, l’ascension da la Super Planche des Belles Filles allait être décisive et une nouvelle fois, elle est partie en solitaire dans la dernière montée, qui dépassait parfois les 20 % d’inclinaison, pour conforter son avance au général. Tout cela alors qu'elle a été victime d'ennuis mécaniques plus tôt dans la journée.
« C'est fabuleux, c'est le Maillot Jaune et j'ai réussi ! Je n'ai pas vraiment encore réalisé... Cela va prendre quelques jours mais je veux dire maintenant : « Ça y est ! », a-t-elle réagi dans l'Équipe.
À 39 ans, la coureuse aux trois victoires sur le Tour d’Italie (2018, 2019, 2022) a prouvé que sur les courses à étapes, il y avait Van Vleuten et les autres.
Juliette Labous confirme sa montée en puissance
Avec une victoire au général du Tour de Burgos (quatre étapes) en mai 2022 et une septième place au dernier Tour d’Italie début juillet, dont la victoire de l'étape reine en montagne, Juliette Labous faisait figure d'outsider sur ce Tour. Elle n'a pas déçu. La coureuse du Team DSM, leader de son équipe à 23 ans, a terminé quatrième au général (+7 min 28 s), grâce à une bonne gestion des étapes en plaine et une impressionnante solidité en montagne. Alors qu'elle abordait les deux dernières étapes à la septième position, l'olympienne, 30e à Tokyo 2020, a grimpé au pied du podium samedi, mais n'est pas parvenue à déloger la Polonaise Katarzyna Niewiadoma lors de la dernière étape, où elles ne se sont pas quittées d'une roue pendant l'ascension de la Super Planche des Belles Filles.
« Je suis vraiment contente », déclarait-elle à l’arrivée au micro de Ouest France. « Le travail paie ! Je me suis sentie vraiment bien sur ce Tour de France. J’ai encore passé de nouveaux caps, c’était vraiment dur, surtout hier (samedi). J’ai battu plein de records de puissance donc je pense que je ne pouvais vraiment pas faire mieux. »
Elle peut toutefois entretenir de grands espoirs pour les prochaines échéances, notamment dans deux ans pour les Jeux Olympiques de Paris 2024.
Jaune, vert, blanc et poids pour les Pays-Bas
Si Annemiek van Vleuten a fait forte impression, elle n’était pas la seule Néerlandaise à avoir briller sur le Tour. Chaque maillot distinctif a été remporté par une coureuse des Pays-Bas, tout comme les trois porteuses du Maillot Jaune.
Le premier jour, la jeune Lorena Wiebes s’imposait sur les Champs-Élysées pour devenir la première leader du général, avant que l’infatigable Marianne Vos ne prenne les commandes à la deuxième étape. Double championne olympique, sur piste à Beijing 2008 et sur route à Londres 2012, la redoutable sprinteuse de 35 ans a ensuite régné pendant quatre jours avant de laisser sa tunique à van Vleuten. Elle a tout de même terminé avec le maillot vert.
Deuxième au général et maillot à poids, Demi Vollering était la seule coureuse qui aurait pu changer le résultat mais à 25 ans, elle a encore le temps.
Le maillot blanc de meilleure jeune revient à Shirin van Anrooij, 20 ans, qui a terminé à la 22e place du général.
Evita Muzik dans le top 10
Juliette Labous n'est pas la seule Française à avoir brillé sur les routes du Tour. Dans le top 10 du général également, Evita Muzik (FDJ-Suez-Futuroscope) a montré qu'elle pouvait jouer les premiers rôles, avec une 8e place au général (+13 min 54 s), et surtout une deuxième place lors de la 4e étape. Le tout en ayant le rôle d’équipière de la Danoise Cecilie Uttrup Ludwig, 7e du général (+8 min 59 s).
La coureuse de 23 ans, qui avait terminé le Tour de Burgos à la deuxième place juste derrière Labous, mais devant Vollering, fait également partie de la nouvelle génération de coureuses françaises qui pourrait inscrire son nom au palmarès des plus grandes classiques à l'avenir, ainsi que lors des courses à étapes. Une statistique prouve à quel point l'avenir semble radieux pour les Tricolores : Juliette Labous et Evita Muzik sont les deux plus jeunes membres du top 10 de ce Tour de France femmes.
Une édition prometteuse
Le Tour de France Femmes n'était plus apparu depuis 1989, après plusieurs éditions sous différents noms et formats, remportées à 3 reprises par Jeannie Longo. La championne olympique d'Atlanta 1996 a d'ailleurs reçu symboliquement le premier Maillot jaune du Tour 2022, des mains de la directrice de course Marion Rousse, quelques heures avant le départ de la première étape.
La nouvelle formule a été un franc succès, avec huit étapes hétérogènes, dont un début propice aux baroudeuses et aux sprinteuses, des étapes intermédiaires au parcours accidenté avec des possibilités de surprises et une fin épique sur les pentes vosgiennes où le public était au rendez-vous.
« C'était une super montée finale, le public m'a encouragée, heureusement qu'il était là sinon je ne sais pas si j'arrive en haut ! », déclarait Evita Muzik à Cyclisme Actu après la Super Planche des Belles Filles.
Une edition 2022 pleine de promesse pour les prochaines, notamment en 2023, la dernière de van Vleuten qui a déclaré se retirer à la fin de la saison 2023. La tenante du titre aura à cœur de s'emparer une nouvelle fois de jaune alors que la concurrence sera encore plus forte.