Tess Ledeux : « J'ai 20 ans mais énormément d’expérience »

La double championne du monde de ski freestyle Tess Ledeux fait figure de favorite pour les épreuves de slopestyle et de big air aux Jeux Olympiques d'hiver de Beijing 2022. « J'ai déjà subi des coups durs en compétitions, mais aussi vécu des moments incroyables », a-t-elle confié à Olympics.com.

7 minPar Clémence Roult
Tess Ledeux celebrates her Big Air victory at the 2019 World Championships in Park City, Utah, USA.

« Depuis toute petite, je savais que je voulais être skieuse professionnelle », a déclaré Tess Ledeux à Olympics.com.

Le moins que l’on puisse dire, c’est que la détermination de la jeune pépite du ski acrobatique français est arrivée très tôt.

Pour contextualiser l’étendue du talent de Tess Ledeux, il faut sa rappeler qu’à seulement 20 ans, elle est déjà double championne du monde (slopestyle en 2017 et Big air en 2019), détient le gros globe de cristal et le petit globe de cristal de slopestyle de la saison 2021, a remporté huit étapes de Coupe du monde dont une en big air à Coire à l'entame de la saison 2021/22 et elle a gagné les X Games 2020 en big air. Rien que cela.

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« Je me suis tout de suite investie à fond et entraînée à fond dès le début. C'est vrai que c'est arrivé assez jeune pour moi. Je suis rentrée en équipe de France à 14 ans. Du coup, j'étais encore entre le sport passion et le sport où ça en devient aussi mon métier. La transition, s’est faite plutôt tranquillement. »

Bien que le passage dans le monde du sport de haut niveau se soit fait « tranquillement », le chemin n’a pas toujours été facile pour la Savoyarde. Car au milieu de tous ces succès, l’expérience de ses premiers Jeux Olympiques d’hiver à PyeongChang, où elle s’est classée 15e en slopestyle, lui a laissé un goût amer dans la bouche.

Mais Ledeux est une battante qui sait trouver le positif dans chaque situation et qui ne cesse de se remettre en question pour devenir meilleure et peut être un jour, monter sur la plus haute marche du podium des Jeux Olympiques d’hiver.

Elle s’est confiée à Olympics.com sur ses techniques pour maîtriser son stress, son expérience olympique et ses ambitions pour Beijing 2022.

Dompter le stress avec une organisation irréprochable

« Je suis quelqu'un de très stressée dans la vie de tous les jours, autant dans ma vie personnelle que ma vie professionnelle. Tout me panique un petit peu et du coup, depuis que je suis petite, les compétitions ont toujours été quelque chose de stressant et angoissant pour moi. »

Le stress a deux facettes dans le sport. Il peut vous faire faire des choses absolument fantastiques grâce à cet afflux d’adrénaline grisant, comme vous paralyser complètement et bloquer la performance.

Tess Ledeux a « un stress plutôt positif » qui l'aide à pousser ses limites.

« Mais quand je me suis retrouvée en haut de mes premiers J.O. cela a été très compliqué à gérer parce que la pression est à un autre niveau », confie-t-elle.

Pour ne pas être submergée par cette pression, la double championne du monde a mis en place des rituels qui lui permettent d’avoir des repères stables et d’arriver plus sereine sur les compétitions.

« J’aime bien que tout soit très carré. Il faut que la veille au soir, toutes mes affaires soient préparées, que je sache exactement ce que je vais porter de la tête aux pieds. J'ai besoin d'être très organisée. »

« Je n’aime pas me retrouver dans une situation que je maîtrise pas. »

En plus de son stress naturel avant les compétitions, Tess Ledeux a dû apprendre à composer avec la pression médiatique qui, au vu de ses résultats, est arrivée très tôt.

« Je me suis retrouvée de personne à quelqu'un de potentiellement médaillable sur les grosses compétitions, donc ce n'était pas facile. Mais c'est quelque chose que j'ai appris avec le temps et qu'aujourd'hui, je maîtrise mieux. »

Avoir commencé très jeune et figurer rapidement dans les meilleures mondiales lui a permis d’acquérir une expérience et une maturité incroyable. Un atout indéniable à l’approche des Jeux Olympiques de Beijing 2022.

« Aujourd'hui, j'arrive à 20 ans mais j'ai énormément d’expérience. J’ai plus de 5 ans de sport de haut niveau et de grosses compétitions dans les jambes. J'ai déjà traversé des des coups durs en compétitions, comme des coups incroyables et ça m'aide à évoluer et à grandir. Je pense que c'est plutôt un atout. »

Apprendre de ses défaites

C’est bien connu, on apprend toujours plus de ses défaites que de ses victoires. Tess Ledeux l’a durement expérimenté durant les Jeux Olympiques de PyeongChang 2018.

Alors âgée de 16 ans et déjà championne du monde slopestyle, Ledeux arrivait avec la casquette de favorite pour la compétition en République de Corée. Mais les choses ne se sont pas passées comme elle l’aurait souhaité.

« Mon expérience olympique à PyeongChang n'était pas incroyable. C'était bien en dessous de mes attentes. Je partais là bas avec énormément de rêves et d'étoiles dans les yeux et tout s'est écroulé. J'avais envie que ça marche et je n'avais jamais vraiment vécu d'échec dans ma carrière. Cela a été le premier vrai coup dur et ça a été compliqué de se relever. »

Dès les qualifications, Ledeux a chuté lors de son deuxième run et n’a pas réussi à figurer dans la listes des douze finalistes. Elle s’est classée 15e dans une épreuve remportée par la Suissesse Sarah Höfflin.

« Aujourd'hui, je ne garde pas des souvenirs fabuleux [de PyeongChang 2018], mais en tout cas, je sais que cela a été vraiment un passage primordial dans ma carrière. Et je sais que si je n'étais pas passée par là, je ne serais pas la skieuse que je suis aujourd’hui. »

Beijing 2022 : deux fois plus de chances de médaille

Depuis PyeongChang 2018, Tess Ledeux continue son ascension vers les sommets du ski acrobatique mondial. Forte de toutes ces expériences, elle aborde les Jeux Olympiques de Beijing 2022 avec plus de sérénité et envie. « Son ski est fort et stable », ajoute la Suissesse Mathilde Gremaud, médaillée d'argent en slopestyle à PyeongChang 2018. « Sur les sauts, peu de choses la perturbent. Quand c'est le moment, elle est toujours là. »

D’autant plus que cette année et pour la première fois de l’histoire des JO, le big air fera son apparition au programme olympique. Une aubaine pour Tess Ledeux qui excelle dans cette discipline.

« Forcément, l‘arrivée du big air aux Jeux enlève de la pression parce qu'on sait qu'on a deux chances et c'est juste formidable. En plus, j'adore le big air parce que c'est vraiment une sensation différente que le slopestyle. »

Malgré ses très bons résultats de début de saison, avec notamment une victoire et une seconde place en big air à Coire (SUI) et à Steamboat (USA), Tess Ledeux reste pudique sur ses ambitions à Beijing 2022.

« Pour que je revienne satisfaite de Pékin, il faut que j'ai réussi à mettre en place tout ce que je suis en train de travailler. Je fais des bonnes saisons, je me sens bien en ce moment, je sais que j’ai les capacités pour aller faire une médaille. Après, il y a tellement de choses qui nous séparent de cette médaille. J'essaie de me concentrer sur les choses que je peux maîtriser : ma technique et mon ski. Ensuite, ce qui doit arriver arrivera… ou pas », expliquait-elle.

Et pour mettre toutes les chances de son côté à Pékin, compte tenu de l’émergence de certaines skieuses comme Eileen Gu, la Chinoise de 18 ans au parcours qui n’est pas sans rappeler celui de Ledeux, la Savoyarde travaille de nouvelles figures qui, elle l’espère, feront la différence sur les pistes olympiques.

« En ce moment, je travaille des figures un peu plus techniques, des choses qui peuvent potentiellement me faire faire des belles choses cet hiver. Mais voilà, ça reste un peu secret pour le moment », concluait-elle en souriant.

À Beijing 2022, la compétition de big air dames se déroulera les 7 et 8 février et le slopestyle les 13 et 14 février 2022.

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