La championne du monde Tess Ledeux présente le freeski big air, inscrit aux Jeux de Beijing 2022
Le freeski big air a fait ses débuts sur la scène olympique aux JOJ de Lausanne 2020, et s'ajoutera au slopestyle comme discipline freestyle du ski acrobatique à Beijing en 2022. Comme en snowboard depuis 2018, cette épreuve constituera une chance supplémentaire de médaille pour les concurrents du slopestyle. Tour d'horizon avec la Française Tess Ledeux, 18 ans, championne du monde du slopestyle en 2017, du big air en 2019, et médaillée d'or en big air aux X-Games d'Aspen en janvier 2020.
Qu'est-ce qui différencie les deux disciplines ?
"Le slopestyle est un enchaînement de sauts et de rails (des barres de fer), nous avons donc plusieurs modules et la note finale se fait sur l'ensemble des figures que nous avons réalisées, alors que le big air, ça n'est qu'un seul saut ! Nous avons trois essais, et les juges retiennent les deux meilleurs, ce qui donne la note par accumulation des points".
Tous les concurrents s'alignent dans les deux épreuves ?
En général, oui. Une règle a été instaurée qui veut que tous les coureurs qui prennent le départ en big air, le prennent aussi en slopestyle, afin que cela ne ressemble pas trop au saut acrobatique et que cela reste une discipline freestyle. Ainsi, les figures du slopestyle et du big air s'apparentent. Les deux disciplines sont complémentaires. J'ai commencé par le slopestyle et le big air est venu petit à petit. Aujourd'hui, cela a autant d'importance quand je débute la saison, j'ai autant d'objectifs dans l'un que dans l'autre. Les sauts que l'on apprend en big air, on peut les reproduire dans un module de slopestyle, et vice-versa ; du coup, cela permet à notre sport de progresser de façon générale.
Comment avez-vous gagné le titre mondial 2019 ?
En février 2019, je me suis imposée à Park City aux États-Unis avec un double cork 1260 (trois tours et demi désaxés vers l'arrière en passant deux fois la tête en bas), et pour mon deuxième saut, un switch 1080 avec un Japan grab (départ par l'arrière, triple rotation en attrapant d'une main l'arrière de son ski opposé).
Y a-t-il de la place pour la créativité en big air ?
Les sauts sont plus gros en big air, et les figures sont plus compliquées. En fait, c'est une discipline où il y a en effet beaucoup de place pour la créativité. Attraper son ski (le grab) d'une manière différente, cela va changer le saut, et il y a tellement d'axes variés, vers l'arrière, vers l'avant, etc. Il y a peut-être une cinquantaine de grabs différents, et chaque année, nous découvrons de nouveaux sauts. Concernant le nombre de rotations en l'air, il y a un demi-tour, voire un tour qui se rajoute chaque hiver. Pour aller sur le podium, on fait de plus en plus de tours année après année. 1080 pour trois tours, 1260 pour trois tours et demi, 1440 pour quatre tours, et on va arriver à 1600 pour quatre tours et demi.
Quelle a été votre réaction quand vous avez appris que le big air intégrait le programme olympique ?
J'étais vraiment très contente, parce que je marche bien dans cette discipline. Le fait qu'on ait maintenant deux chances, dans un évènement comme celui-là, c'est loin d'être négligeable. Si on se loupe dans une épreuve, on sait que l'on peut jouer sa chance à nouveau dans l'autre. Pour la façon d'appréhender les Jeux, c'est beaucoup plus simple pour nous. Et puis, le big air est une discipline très spectaculaire. En slopestyle, on a rarement la possibilité de voir le parcours en entier lorsque l'on est en bas, en tant que spectateur. Alors que pour le big air, on ne rate rien du saut, c'est nettement plus spectaculaire et cela amène en général un public plus nombreux. Pour notre sport, c'est super, cela va être de plus en plus connu.
Qui sont vos principales rivales dans la perspective des Jeux 2022 ?
Actuellement, ce sont surtout les Suissesses Sarah Höfflin et Mathilde Gremaud, qui avaient d'ailleurs réalisé le doublé en slopestyle à PyeongChang 2018. Mais je ne me focalise pas encore sur Beijing 2002, je ne veux pas faire l'erreur d'y penser trop tôt. J'ai encore deux grosses saisons à disputer avant cela et je vais prendre mon temps pour les prochains Jeux avec comme objectif de faire le mieux possible dans les deux disciplines sans me mettre la pression. Toutefois, les Jeux, j'y pense un petit peu, forcément…
Big air à Lausanne 2020 : des noms à retenir !
Le freeski big air a par ailleurs connu ses débuts sur la scène olympique à l'occasion des Jeux Olympiques de la Jeunesse d'hiver de Lausanne 2020, et les noms des jeunes qui sont montés sur le podium sont à retenir. C'est en particulier le cas de la jeune championne née en Californie mais qui a choisi de représenter la Chine dans la perspective des Jeux d'hiver à Beijing, Gu Ailing Eileen, 16 ans, a émerveillé le public du Leysin Park & Pipe avec son "Switch 16". Elle a également gagné le halfpipe et pris la médaille d'argent en slopestyle. Une des principales rivales de Tess Ledeux sur le circuit mondial, l'Estonienne Kelly Sildaru, a fait un tour par les JOJ pour gagner le slopestyle et brille évidemment autant en big air, tout comme la Suédoise Jennie-Lee Burmansson, médaillée de bronze en big air et slopestyle aux JOJ de Lausanne 2020.
La compétition masculine des JOJ a été remportée par le Tchèque Matej Svancer devant l'Américain Kiernan Fagan et l'Ukrainien Orest Kovalenko. Tous ces adolescents médaillés des JOJ espèrent bien franchir le cap supérieur et se mêler à la lutte pour les podiums de Beijing 2002 !