Rugby à 7 : Stephen Parez parle des objectifs de la France pour Paris 2024 « On a la possibilité de marquer l'histoire ! »

Par Marion Theissen
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Stephen Parez-Edo, équipe de France
Photo de 2024 Icon Sport

L'équipe de France n'a participé qu'une seule fois aux Jeux Olympiques en rugby à 7 hommes et n'a pas encore remporté la moindre médaille.

Mais cela pourrait changer cet été avec les JO de Paris 2024. Pour le troisième tournoi olympique de rugby à 7 hommes de l'histoire, l’ambition des hommes de Jérôme Daret est clairement annoncée : l’or sera leur unique objectif au stade de France du 24 au 30 juillet prochain.

Alors qu’il bénéficiait d’une semaine de repos après avoir disputé l’intégralité des stages de préparation et des tournois des SVNS, Stephen Parez-Edo, désormais joueur cadre et élément clé de l’équipe de France de rugby à 7, a pris le temps de se confier au micro d’Olympics.com.

Dans le XVIIe arrondissement parisien, autour d'un thé et de chouquettes, il a évoqué ses objectifs élevés, sa transition depuis le rugby à XV ainsi que les Jeux Olympiques de Paris 2024, qui approchent à grands pas.

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« On est l’équipe la plus confiante du moment »

Si Stephen Parez-Edo a eu le temps d’accorder un moment à Olympics.com, c’est notamment grâce aux belles performances de l’équipe de France à 7 ces derniers mois.

Une troisième place à Vancouver, un titre à Los Angeles et la médaille d’argent à Hong-Kong, Chine : trois résultats probants consécutifs pour assurer une qualification à l'étape finale organisée à Madrid (31 mai-2 juin), synonyme de repos pour les cadres.

« C'est une belle saison », a déclaré le joueur. « Ça fait onze ans que je suis dans l’équipe donc j'ai vu l’évolution au fur et à mesure, le travail effectué et le sérieux qui a commencé à naître de nos entraînements ». Un travail acharné et de longue haleine pour les joueurs de Jérôme Daret, qui commencent à être récompensés. Le timing est parfait, à quelques mois d’une échéance olympique.

« Aujourd’hui, je pense qu’on est l’équipe la plus confiante du moment. On fait un gros travail sur nous, avec les arbitres et les adversaires, ça fait du bien de voir que le travail paie », explique Stephen Parez.

Si les yeux des fans sont désormais rivés vers Madrid, les joueurs ont cet objectif en ligne de mire depuis plusieurs mois déjà. La victoire à Los Angeles a aidé toute une équipe à prendre conscience de ses forces pour réaliser qu'il était possible de viser plus haut encore.

« Quand arrive cette finale contre la Grande-Bretagne, on se dit : ‘c'est hors de question qu'ils gagnent le tournoi’ », se rappelle Stephen Parez. « On y allait pour gagner. En parlant avec les mecs, je me suis rendu compte de ce sentiment bizarre, qu’on avait pas forcément sur les autres finales. On sentait qu’on allait gagner, c’était écrit ! »

Une assurance qui a permis à cette équipe de France d'accomplir ce que les Bleus n’étaient pas parvenus à accomplir depuis 2004. Une victoire clé qui permet aussi de réaliser que finalement, tout était peut-être déjà là. Enfoui.

« Tu gagnes et tu te dis : ‘mais en fait, toutes ces finales perdues, ça se joue à rien !’ » explique encore le joueur, sourire aux lèvres.

Désormais, gagner est devenu leur seul mot d'ordre. Si jouer les premiers rôles n'est pas une nouveauté pour les Bleus, finir la saison avec un titre en serait une. « On peut être champions du monde, chose qui n'est jamais arrivée. On a la possibilité de marquer l’histoire, c'est ce vers quoi on a envie de tendre », ajoute encore Stephen Parez.

Et maintenant qu’ils ont gouté au succès, la victoire semble chanter une douce mélodie qu’ils aimeraient entendre à nouveau. D’abord à Madrid, puis à Paris dans quelques semaines.

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Un passage évident vers le rugby à 7

De tels objectifs ont des airs d'apothéose pour celui qui a commencé le rugby à 7 il y a plus d'une décennie.

Quand on le questionne sur sa transition depuis le XV, le rugbyman de 29 ans n’a rien oublié : « Je m’en souviens bien ! » s’exclame-t-il.

« Cette année-là, j’étais au Pôle France. Trente joueurs de la même génération étaient internés du lundi au jeudi à Marcoussis, au Centre National du rugby. L’équipe de France à sept développement était composée essentiellement de nous, donc on a eu l’occasion de faire des tournois comme Dubaï, Singapour,… », raconte encore Parez en se replongeant dans ses souvenirs.

Sa place, il l’a d’abord acquise en remplaçant un joueur blessé. Un souvenir inoubliable, mais une prestation un peu moins transcendante : « le premier match, je ne fais aucune passe, le stress ! » raconte le joueur, rieur.

« Mais le premier tournoi à Wellington en Nouvelle-Zélande se passe bien, je fais le boulot. Et puis d’autres tournois arrivent, à Tokyo on fait demi-finale, ce qui à l’époque était extraordinaire ! On perd ensuite contre l'Afrique du Sud, mais je marque un essai de 95 mètres, quelque chose d’inespéré ».

Comme un rêve qui devient réalité. À ce moment-là, Stephen Parez joue aussi à XV et il est en contrat avec le Racing-Métro 92. Il accepte la proposition de Jean-Claude Skréla, manager de l’équipe de France à 7, de poursuivre l’aventure avec les Bleus. Le début d’une belle histoire.

« C'était un rêve pour moi. Je me suis dit : ‘je vais faire un ou deux ans, ça va être trop bien’ et en fait, je n'ai pas réussi à revenir à XV parce que je suis piqué et j’adore ça ! »

Le voici membre d'une nouvelle discipline, avec ses spécificités. Un sport plus rapide, qui requiert des qualités et des techniques différentes. Des détails qui l'ont tout de suite séduit.

« Au rugby à sept, tu tires des passes qui sont plus longues, il faut être plus précis. Les duels, c'est du un contre un, donc il faut être très bon offensivement et défensivement. Tout cet aspect technique me fait dire que le rugby à sept est un accélérateur de formation ».

Sa formation achevée, il lui reste quelques étapes à franchir, dont une dans quelques semaines, avec les Jeux Olympiques de Paris 2024.

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Prolonger le rêve à Paris 2024

D’une qualification pour des Jeux historiques à Rio 2016 à la déconvenue des JO de Tokyo 2020 vécus à la maison, Stephen Parez a tout connu - ou presque - dans la quête olympique. Pour Paris 2024, aucun objectif n’est trop grand, désormais.

« Cette année, c’est plus que des Jeux Olympiques, c’est le Graal. À la maison, on a de la chance de vivre ça. Déjà en tant que spectateur, mais en tant qu’athlète… Être au top niveau, à ce moment-là, faire partie des cadres, être dans une équipe qui marche, qui y va pour chercher l’or… Ça va être une expérience dingue, riche en émotions », détaille le joueur.

Un effet Antoine Dupont ?

Année olympique oblige, les projecteurs sont braqués sur certaines discipline parfois moins médiatisées. Mais cette année, le rugby à 7 a particulièrement fait parler de lui, en partie grâce à l’arrivée d’un nouvel élément : Antoine Dupont.

« Il apporte énormément de médiatisation, on a tous envie de briller, on a envie de faire en sorte que l'équipe de France puisse rayonner grâce à ça. » raconte Stephen Parez, souriant quand on lui parle de son nouveau coéquipier.

Mais en plus de faire parler de lui et de son nouveau sport, Antoine Dupont tire aussi l’équipe vers le haut. Comme une émulation mutuelle vers un objectif d’excellence.

« Tout le monde essaye de se mettre au diapason, à son niveau, » ajoute-t-il.

« On a l'habitude qu'il y ait des mecs du rugby à quinze qui viennent. Antoine est très précis sur ce qu’il veut, il est très professionnel, très intelligent dans son approche. Il a une vision du jeu, il comprend le jeu et c'est ça qui est le plus difficile quand tu passes du quinze au sept, c’est de voir que les trous qui pourraient s'apparenter à des bonnes portes à prendre quand t'es en rugby à quinze ne sont pas très bonnes à sept ».

La ténacité du capitaine du XV de France n'étant plus à prouver, aucun doute qu'il parvienne à s'adapter à sa nouvelle discipline. Une chose est sûre, sa reconversion s'accompagne d'une grande ambition : « Il n'est pas là juste pour faire les Jeux, lui, il y va pour pour avoir une médaille, » ajoute encore Stephen Parez.

Tel sera l'objectif à Madrid dans une semaine, puis à Paris cet été car l'équipe de France n'est pas prête d'être rassasier, elle veut encore marquer l'histoire.