B-Girl Sarah Bee : ses débuts compliqués jusqu’aux sommets du breaking
La championne de France 2022 dispute ses premiers Mondiaux de breaking, près de 23 ans après ses débuts dans la nouvelle discipline olympique. Mais Sarah Bee a dû constamment se battre pour parvenir à prendre du plaisir dans sa passion.
Gagner des battles est la spécialité Sarah Bouyahyaoui, alias B-Girl Sarah Bee. Que ce soit sur les pistes de danse ou dans la vie.
En juin dernier, elle remportait le titre de championne de France, après avoir éliminé la championne en titre B-Girl Señorita Carlota en quart de finale, puis B-Girl Warlene lors du battle pour la médaille d’or.
En septembre elle intégrait l’INSEP, le centre d’entraînement de l’élite du sport français, en compagnie de cinq autres athlètes au sein d’une cellule breaking créée pour préparer les Jeux de Paris 2024, où la discipline fera ses débuts olympiques.
Et dès ce vendredi 21 octobre, elle dispute ses premiers Championnats du monde WDSF pour deux jours de compétition (21-22 octobre) à Séoul, en République de Corée.
Une suite pleine de sens pour l’athlète de 33 ans, qui a découvert le breaking devant une piscine grâce à une amie, et qui a dû batailler pour parvenir à vivre de sa passion.
À quelques jours de décoller pour la capitale coréenne, elle s’est confiée à Olympics.com
Sarah Bee : « Le hip-hop a sauvé la vie de beaucoup de personnes »
Tout a débuté lorsqu’elle avait 11 ans. Sa sœur pratiquait le breaking, une discipline émergente issue de la culture hip-hop, avec son amie Manuela. Un jour, alors qu’elle se baladait dans sa ville de Chenôve, dans la banlieue de Dijon, Sarah la croise devant la piscine municipale et Manuela lui propose de venir tester quelques mouvements.
« La culture hip hop, je n'étais pas du tout intéressée », se rappelle-t-elle. « Ma sœur et Manuela dansaient, mais je m’en fichais. Un jour, Manuela m’a invitée à m’entraîner pour la première fois et j’ai commencé à faire quelques figures. Comme j’étais très souple, c’était plutôt simple pour moi. J’arrivais à capter des mouvements et j’ai trouvé ça cool. Puis je me suis retrouvée avec plein d’amis, c’était un kiff. »
Mais si le plaisir de danser l’a immédiatement conquise, la suite n’a pas été si facile. Le hip-hop pouvait et peut toujours être perçu négativement et Sarah Bee a dû s’employer pour continuer à danser.
« Dans les quartiers, on pouvait avoir une mauvaise image [du hip-hop]. Alors qu’il a changé la vie de beaucoup de personnes. Moi, ça m'a sauvée. Je n'aurais jamais été la personne que je suis aujourd'hui si je n'avais jamais dansé. »
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Sarah Bee : « J’espère que mes parents pourront être là et me voir danser pour la première fois »
Même son plus proche entourage était réticent à l’idée de s’investir dans cette discipline.
« Quand j'ai commencé la danse, mes parents ne voulaient pas que je fasse du breaking. D’ailleurs, ça fait bientôt 23 ans que je danse et mes parents m'ont jamais vue danser. J'ai du me battre pour être là. Ça a été un vrai voyage et j'espère qu'un jour, peut être aux JO, ils pourront être là et me voir danser pour la première fois. »
« Quand j'ai eu mon BEP, j'ai arrêté l’école. Mes parents m'ont dit “tu vas faire quoi ?” C'était la grosse peur. Je leur ai dis que je voulais évoluer dans le sport. J'ai donné des cours de danse. »
Puis une victoire en 2v2 avec son amie B-Girl Manuela lors de l’une des compétitions les plus prestigieuses du breaking, le Battle of the Year en 2008, lui a permis de gagner en visibilité.
« Après Battle of the Year en 2008, ma carrière a explosé », explique-t-elle. Depuis, elle enchaîne les collaboration et les compétitions avec des résultats de premier plan, notamment aux derniers Championnats de France.
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Un titre de championne de France sans se prendre la tête
À Bordeaux, Sarah Bee avait l’objectif de se faire plaisir. Le même état d’esprit qu’elle a pour les Championnats du monde. De bon augure, car les événements avaient tourné en sa faveur, avec une victoire en ayant notamment éliminé la championne de France en titre B-Girl Señorita Carlota, de 10 ans sa cadette.
« Je me suis dit “Allez, ça va, si c'est ton moment, va briller et fais ce que tu as à faire sans te prendre la tête”. »
Un moyen d’évacuer la pression négative pour prendre uniquement ses aspects positifs et motivants.
« Si je me mets trop de pression, ça ne fonctionne pas. Du coup, il faut que je garde ce truc là, parce que quand je mets trop de pression sur mes épaules, je n'arrive pas à gérer. »
Même si son parcours a été jonché d’obstacles, le breaking par plaisir la suit depuis ses débuts. Il n’y a pas de raison que cela ne continue pas ainsi, à Séoul comme sur la Place de la Concorde, dans moins deux ans pour les débuts du breaking aux Jeux Olympiques.