Carlota Dudek : « L’ambiance des JOJ me donne envie de revivre ça à Paris 2024 »
À quelques jours des Championnats du monde de breaking (21-22 octobre), Carlota Dudek aka B-Girl Señorita Carlota revient sur son expérience aux Jeux Olympiques de la jeunesse et sa nouvelle approche pour viser une médaille mondiale.
B-Girl Señorita Carlota s’apprête à disputer ses deuxièmes Championnats du monde de breaking, les 21 et 22 octobre à Séoul. Une nouvelle expérience pour la Française, qui avait terminé les Mondiaux 2021 au Théâtre du Châtelet dans le top 10.
Cette année, elle espère améliorer son classement pour plusieurs raisons.
« Je me fixe le podium comme objectif », explique Carlota, qui a terminé 5e de la première épreuve de breaking aux Jeux Olympiques de la Jeunesse (JOJ) de Buenos Aires 2018.
Dans moins de deux ans, la discipline fera sa première apparition olympique à Paris 2024, et elle espère bien faire partie de l’aventure.
Carlota Dudek s’est confiée à Olympics.com pour évoquer sa nouvelle approche, son entrée à l’INSEP ainsi que l’origine de son nom de scène.
Plus de recul pour ses deuxièmes Mondiaux
L’année dernière, c’était une grande première pour la B-Girl, aujourd’hui âgée de 23 ans. Elle disputait ses premiers Mondiaux, devant son public, accompagnée de deux autres athlètes français, les B-Boys Dany Dann et Marlone, qui font également partie de la sélection 2022.
Elle avait terminé 10e d’une compétition remportée par la Japonaise B-Girl Ayumi. Cette année, Carlota peut compter sur une plus grande expérience et une meilleure connaissance de la compétition.
« Mon approche est différente par rapport à l’année dernière au Châtelet. On a plus de recul pour appréhender la compétition et on connaît le format. »
Les Mondiaux débutent par une phase de présélection avant d’entamer les battles à élimination directe qui démarrent aux 128e de finale. Un format intense et inhabituel des compétitions traditionnelles de breaking.
« J'ai fait plusieurs compétitions pour savoir où je me situais et être sûre d'être prête, car c'est un format qui est beaucoup plus intense que tous les battles. »
LIRE AUSSI - Le guide complet des Championnats du monde de breaking 2022
Carlota Dudek sur l’intégration à l’INSEP : « Cette expérience me nourrit »
Si Carlota Dudek se sent davantage en confiance, c’est également car son quotidien a considérablement changé depuis quelques semaines. Résidant à Montpellier depuis deux ans, où elle a été diplômée d’un IUT en gestion des entreprises, elle a déménagé à Paris pour rejoindre l’INSEP (Institut national du sport, de l'expertise et de la performance) au mois de septembre, et s’y entraîner avec cinq autres breakdancers de l’équipe de France.
Elle a donc intégré le nouveau pôle France de breaking, créé dans le but de performer aux JO de Paris 2024. « Un nouveau monde pour moi », confie-t-elle.
Habituée à s’entraîner seule, elle est désormais entourée des meilleurs spécialistes nationaux, comme Dany Dann et Sarah Bee, champions de France 2022, ainsi que les B-Boys Nasty, Khalil et Lagaet. Un mélange générateur d’une émulation inattendue.
« On s'entraîne avec le même objectif et une dynamique s’est faite. Tous les entraînements sont intéressants et productifs et il y a beaucoup d'aide. Que ce soit entre les filles, entre garçons ou filles/garçons, il y a une vraie entraide. Je prends plein de conseils, et je me sens vraiment chanceuse de faire partie de cette aventure. Cette nouvelle expérience me nourrit. »
Le résultat est positif, malgré une appréhension au départ car elle n’avait pas l’habitude de s’entraîner en groupe. Elle peut maintenant s’exprimer pleinement au sein d’un groupe élite, et affiner sa danse au style bien trempé.
Señorita Carlota, un surnom officialisé aux JOJ de Buenos Aires 2018
Depuis qu’elle a découvert le breaking, lorsqu’elle avait 6 ans dans une cantine d’une école primaire de la ville de Pertuis, dans le sud de la France, elle n’a cessé de singulariser sa manière de danser aux reflets de ses origines. Né d’un père polonais et d’une mère cubaine, la Française dispose d’atouts dont peu d’athlètes peuvent bénéficier, et cela se ressent dans son style de danse.
« On le remarque dans l'énergie que je donne. Quand je suis allée à Cuba et que j'ai échangé avec les danseurs, c’est ce que j'avais remarqué. Pareil pour les danseurs polonais, il n’y a aucun moment où ils se posent. D’ailleurs, la chose la plus dure à faire dans ma danse, c'est de me poser, prendre un peu plus de légèreté dans mes mouvements. J'ai besoin d'y mettre de l'énergie, que ça soit dynamique. »
« Petite, j’intégrais même des pas de salsa. Il faut que je rajoute cette touche d’ailleurs. »
Mais à la simple lecture de son nom de scène, ses origines se ressentent : Señorita Carlota. Un surnom qu’elle tient depuis longtemps, officialisé par son entraîneur lors des JOJ qui l’avait inscrite sous ce nom.
Quatre ans plus tard, le souvenir olympique la suit toujours. Celui qui la motive encore plus d’être présente sur la Place de la Concorde pour les JO de Paris 2024.
« Il y avait une telle bienveillance entre les athlètes. Je pensais que ce serait plus tendu, mais non. C’est ce qui me donne envie de vivre Paris 2024. Je vais me donner à fond dans ma préparation pour décrocher la sélection et pouvoir performer. Mais aussi pour m'accomplir en tant que danseuse et pouvoir montrer mon art. »