Rommel Pacheco, star mexicaine du plongeon, a le goût du défi.
Au cours de ses 20 ans de carrière, qui lui ont permis de participer à trois Jeux Olympiques et de remporter trois médailles aux Championnats du monde, le natif de Mérida (Mexique) a dû faire face à des non-sélections controversées, a des échecs en piscine et s'est retrouvé dans des environnements de télé-réalité compliqués.
Malgré sa grande forme, qui lui a permis de qualifier le Mexique pour l'épreuve de tremplin individuel de 3 mètres à Tokyo 2020, il considère toujours le report d'un an des Jeux Olympiques et le confinement actuel comme une occasion de s'améliorer.
« La nouvelle du report des Jeux Olympiques pour l'été prochain m'a rendu un peu plus calme, sachant que j'aurai plus d'un an pour me préparer à arriver à Tokyo de la meilleure façon possible », a déclaré l'athlète de 33 ans.
« J'utiliserai ce temps pour visualiser les plongeons, pour me concentrer sur ce que sera l'année prochaine. Je suis sûr que tout le monde attend avec impatience la fête olympique. Ce sera sûrement le moment de dire à tout le monde que le monde va bien et que nous sommes unis. Le sport permet de faire cela ».
L'isolement, un sentiment familier
Pacheco a choisi de retourner chez lui à Mérida pendant la confinement, car la région du Yucatan n'a pas été aussi gravement touchée que la capitale mexicaine.
Outre le fait qu'il ne peut pas s'entraîner, il a trouvé du confort dans sa routine de confinement et se relâche complètement.
« Je lis des livres et je regarde des séries. Je passe une heure et demie à faire de l'exercice chaque jour, car le plus important pour les plongeurs est de maintenir la force de leurs jambes. Je fais aussi du cardio pour que mes abdominaux ne s'en aillent pas », a-t-il déclaré en laissant entendre que son image sur les réseaux sociaux était presque aussi important que sa forme physique.
« La vérité, c'est que les athlètes sont habitués à une routine. Se réveiller dans le même espace, s'entraîner dans le même complexe de natation ou être dans le village Olympique, et retourner dans sa chambre ».
Je profite également de l'occasion pour me détendre et me reposer, ce que je ne fais pas d'habitude.Normalement, je m'entraîne à plonger, je participe à des compétitions, à des réunions d'affaires et et je produis du contenu pour les médias sociaux. -
La star des réseaux sociaux
Pacheco n'exagère pas quand il dit que la création de contenu pour les réseaux sociaux est une tâche considérable. Le plongeon est un sport important au Mexique, ce qui fait de lui l'un des athlètes les plus célèbres du pays des Aztèques.
Malgré sa popularité en tant qu'athlète, c'est en dehors des bassins que le triple champion des jeux panaméricains se fait le plus remarquer.
Pacheco compte plus d'un million de fans sur les réseaux sociaux et il a récemment fait une apparition sur la chaîne Youtube du célèbre plongeur anglais Tom Daley. Le Britannique lui a ensuite rendu la pareille, en participant à une compétition de plongeon avec des gages (comme manger des épices) pour les fans de Pacheco.
En 2018, Pacheco a participé à Exatlón Mexico, l'une des émissions de télé-réalité les plus populaires de la nation nord-américaine, qui comportait des défis extrêmes auxquels le plongeur devait se mesurer.
« En vérité, la télé réalité m'a vraiment fait souffrir. Il y avait peu de nourriture et d'eau, pas de lumière, pas de salle de bain... des conditions vraiment très précaires et extrêmes ».
« Cela nous a vraiment permis de se rendre compte de la valeur de tout ce que nous avons, de pouvoir serrer quelqu'un dans ses bras sans aucun problème, de dîner et de sortir de chez soi pour respirer, regarder le soleil, se promener dans un parc, toutes ces petites choses que nous tenions pour acquises ».
De la même façon, je pense qu'après avoir surmonté le coronavirus,tout le monde sera un peu plus humain qu'avant.
La marque Pacheco se développe également. En 2019, sa sœur triathlète Kennya a participé à l'aventure.
L'année dernière, Pacheco a momentanément abandonné les maillots de bain pour se mettre sur son 31 et participer à une émission TV mexicaine similaire à Danse avec les stars. Un défi qui s'est avéré bien plus similaire à sa profession habituelle.
« Je me suis bien amusé parce que j'avais un comportement normal. Je vivais à la maison, je mangeais normalement. Bien que l'entraînement ait été assez difficile car nous nous entraînions presque 10 heures par jour pour apprendre les enchaînements ».
Je ne suis pas un danseur très agile, il m'a donc été difficile d'apprendre les enchaînements.Mais le défi de le faire devant le public m'a rendu plus confiant en tant que plongeur.
« Après avoir relevé ce défi, quand je suis retourné en piscine, j'étais plus calme et plus détendu ».
En novembre 2019, Pacheco s'est fiancé à Lylo Fa, une youtubeuse et influenceuse. Ils avaient ouvertement prévu de se marier après Tokyo 2020, mais il reste à voir s'ils vont également reporter ce grand jour.
Surmonter les déceptions
Mais l'un des visages les plus reconnaissables du Mexique n'a pas toujours eu le sourire aux lèvres.
Bien qu'il ait remporté trois médailles aux Championnats du monde de plongée, il n'a pas encore réussi à monter sur le podium des Jeux Olympiques en trois tentatives.
C'est à Rio 2016 qu'il a connu son parcours olympique le plus éprouvant. Le vétéran du plongeon était en course pour décrocher une médaille dans les épreuves individuelles et synchronisées du 3 mètres mais le podium s'est écarté lors de ses derniers sauts.
« J'étais un peu triste et en colère parce que les deux médailles que j'avais presque dans les mains se sont envolées ».
Après les Jeux de Rio, la vérité est que je ne savais pas si je devais continuer ou non.Mais j'ai été emballé pendant la cérémonie de clôture lorsque la passation pour Tokyo a commencé, avec les vidéos des héros de ma jeunesse comme Dragon Ball et Mario Bros
En 2018, la Fédération mexicaine de natation a écarté de façon controversée Pacheco et son partenaire de longue date Jahir Ocampo des séries mondiales de plongeon de la FINA, bien que les plongeurs aient rempli tous les critères de qualification.
Cette décision a été suivie d'une autre exclusion dévastatrice de l'équipe des jeux panaméricains de 2019, malgré le fait que Pacheco et Ocampo, trois fois champions des Jeux panaméricains, étaient alors classés n°1 au niveau national.
Cependant, le duo de plongeurs était déterminé à relever le défi. Et ils l'ont fait avec classe.
Pacheco et Ocampo sont revenus au sommet du plongeon en 2019, en s'assurant trois podiums en 3 m synchronisé dans les séries mondiales.
Pacheco a ensuite scellé son retour avec une médaille d'argent inattendue aux Championnats du monde dans l'épreuve non olympique du tremplin individuel de 1m à Gwangju 2019, avant de se rendre en finale du tremplin individuel de 3m et de valider sa qualification aux Jeux Olympiques.
La qualification pour Tokyo 2020
À 33 ans, Tokyo 2020 sera probablement la quatrième et dernière tentative de Pacheco pour remporter la seule récompense qui ne soit pas dans sa collection : une médaille olympique.
Malgré la qualification du Mexique aux Jeux, il reste à confirmer si la Fédération mexicaine de natation le sélectionnera pour participer aux épreuves individuelles et synchronisées du tremplin de 3 m.
« J'aimerais bien y aller pour les deux disciplines », a-t-il poursuivi.
« Il s'agit d'attendre. Je suis en communication avec Jair, et il est comme moi, il se maintient physiquement pour quand il sera temps de participer à la compétition et de poursuivre le programme ».
Mais à plus d'un an des Jeux de Tokyo, Pacheco n'a pas tardé à souligner la rapidité avec laquelle l'environnement des qualifications pourrait changer, surtout après une pandémie mondiale.
« Aujourd'hui, quelqu'un peut être à son meilleur niveau, mais dans un an, nous ne savons pas comment les choses vont se passer ».
« Nous ne savons pas quel pays se remettra le plus vite, quels pays sauront revenir et s'entraîner correctement. Il y aura moins de compétitions, j'imagine, ce qui apportera beaucoup de changements. Ceux qui s'adapteront le mieux à ce qui se passe sont ceux qui auront le meilleur résultat ».
L'avenir
Alors que les Jeux Olympiques semblent être la fin de carrière naturelle de ce plongeur chevronné, Pacheco se met au défi, sans surprise, de continuer à participer aux compétitions au-delà de Tokyo 2020.
« L'idée est de continuer. Je ne suis pas un enfant. J'ai 33 ans cette année, en juillet j'en aurai 34, et j'aurai 35 ans aux Jeux Olympiques ».
Ce sont mes dernières années, et sûrement mes derniers Jeux Olympiques. Mais ma carrière sportive a été prolongée par le report. C'est peut-être le signe qu'il n'était pas encore temps pour moi de prendre ma retraite et de continuer à plonger
« Nous devons prendre ce report de manière positive, au lieu de simplement regretter de ne pas pouvoir s'entraîner. Je pense que notre perception du sport changera après. Pour l'instant, je vais continuer à poursuivre mon rêve olympique, donc je suis satisfait. Je vais continuer à plonger, et ce rêve se poursuit ».