Les grandes ambitions de Keely Small pour Tokyo
Médaillée d'or du 800 m aux Jeux Olympiques de la Jeunesse (JOJ) de Buenos Aires 2018, la star australienne du demi-fond Keely Small avait bien l'intention de se qualifier pour les Jeux de Tokyo 2020. Elle explique ici pourquoi elle reste optimiste malgré le report des Jeux, qui lui donne au final une année de plus pour se préparer.
La pandémie de COVID-19 a-t-elle eu un impact sur toi ?
"C'est une période compliquée. L'incertitude règne et il est difficile de savoir ce qu'il faut faire, en particulier avec le report des Jeux Olympiques pour lesquels j'avais tant travaillé. Je m'étais fixé comme objectif Tokyo dès la fin des Jeux Olympiques de la Jeunesse. Le temps que j'ai passé à Buenos Aires m'a vraiment donné envie de vivre à nouveau une expérience olympique. Cela fait donc deux ans que je travaille pour aller aux Jeux et maintenant, ils ont été reportés d'une année. J'ai tout de même de la chance car à mon âge, je peux espérer concourir à d'autres éditions des Jeux, donc au final, qu'est-ce qu'une année de plus ? Je vais avoir le temps de remettre les compteurs à zéro et de me recentrer sur mes priorités. J'espère que la saison prochaine sera encore meilleure et que je parviendrai à me qualifier pour les Jeux l'année prochaine."
Tu es visiblement en pleine transition vers la compétition senior – penses-tu que le fait d'avoir une année supplémentaire pour te préparer pour les Jeux peut t'être bénéfique en fin de compte ?
"Absolument. Je pense que cette année supplémentaire va m'aider à mûrir dans ma façon de courir. J'aurai plus de temps pour m'entraîner. J'aurai toute une année pour travailler les fondamentaux de la course et améliorer, je l'espère, ma vitesse et mon endurance."
Comment se passait ton entraînement avant l'épidémie de COVID-19 ?
"Très bien. Je faisais une bonne saison. J'avais fait de bonnes courses où j'avais régulièrement fini parmi les trois premières, ce qui me plaçait en bonne position. Puis tout s'est précipité, les championnats et tout le reste ont été annulés. Mais mon entraînement se passait bien. Je suis en fait au top de ma forme en ce moment, j'essaie donc de le rester. J'espère ne pas me blesser ni tomber malade afin de bien commencer la saison le 1er décembre lorsque les choses vont reprendre leur cours, dans l'espoir de me qualifier si possible. C'est mon objectif. Je sais, grâce à mon entraînement, que je pourrai courir vite quand l'occasion se présentera."
Compte tenu de la situation actuelle, avec la fermeture de la plupart des installations et les mesures de distanciation sociale mises en place, as-tu adapté ton entraînement ?
"C'est compliqué parce que nous sommes un groupe très soudé, nous nous entraînons tout le temps ensemble. Nous étions dix à nous entraîner quasiment chaque jour ensemble, or ce n'est plus possible pour l'instant. J'ai eu une séance de préparation avec mon coach Philo Saunders dans le bush, loin de toute âme qui vive. Nous n'étions que tous les deux. C'est le genre d'entraînements que l'on peut faire en ce moment. Nous sommes tellement habitués à être avec les mêmes personnes et là, soudain, c'est fini. Les choses sont différentes, on ne peut plus aller à la salle de sport, on ne peut plus courir sur la piste ensemble. Tout a changé ; je pense que nous sommes encore en train de nous acclimater à cette nouvelle réalité, mais c'est tout ce que nous pouvons faire pour le moment. Nous sommes tous logés à la même enseigne pour ce qui est de nos entraînements, j'imagine. Nous essayons de rester en contact, de voir si tout le monde va bien. Mon entraîneur fait en sorte de garder le contact avec chacun de nous, ce qui est une très bonne chose. Il nous aide à ne pas perdre confiance en nous et à rester concentrés sur les choses que nous pouvons contrôler, à penser à la prochaine saison. Si nous parvenons à surmonter cette épreuve, tout ira bien lorsque la prochaine saison débutera, la vie reprendra son cours."
Qu'as-tu ressenti à l'annonce du report des Jeux Olympiques de Tokyo 2020 ?
"J'ai eu du mal à me faire à l'idée au début, mais compte tenu de la situation au niveau mondial, c'était la chose à faire. Je pense même qu'en ces temps incertains – où l'on ne sait pas très bien ce qu'il se passe – cela donne une lueur d'espoir. Lorsque tout sera terminé, on se dira 'ok, maintenant, les Jeux Olympiques peuvent avoir lieu dans de bonnes conditions et tout le monde peut y participer'. Cela me donne une bonne raison de voir au-delà de cette période où il est difficile de sortir, pour s'entraîner par exemple."
Penses-tu que ton expérience aux JOJ de Buenos Aires 2018 t'aidera si tu te qualifies pour Tokyo 2020 ?
"Absolument. Je pense que [les JOJ] te permettent de savoir à quoi t'attendre. C'est l'un des aspects les plus positifs des Jeux Olympiques de la Jeunesse. Tous les jeunes athlètes sont réunis – certains iront aux Jeux Olympiques un jour, d'autres non – mais on y acquiert le genre d'expérience qui nous sera utile si l'on va aux Jeux ; on sait comment les choses se passeront, on sait à quoi s'attendre. Bien sûr les Jeux Olympiques sont un événement plus important, mais c'est une expérience sur laquelle on pourra s'appuyer quand on y sera."
Les JOJ de Buenos Aires 2018 ont eu lieu il y a 18 mois – que t'inspire ton expérience là-bas ?
"Jusqu'ici, les JOJ ont été le point d'orgue de ma carrière de coureuse. J'y ai beaucoup appris je pense, non seulement sur la course, mais aussi sur la façon de gérer la pression, car j'étais la porte-drapeau de la délégation australienne et que l'on attendait de moi que je gagne. Je suis vraiment très contente d'y être arrivée malgré la pression. Depuis, j'ai davantage confiance en moi lorsque je participe à des compétitions. J'ai appris à surmonter la pression, à gérer le tout et à donner le meilleur de moi-même lorsque je cours."
Qu'as-tu ressenti quand tu as reçu ta médaille d'or ?
"C'était merveilleux. Le simple fait de remporter une médaille d'or olympique est énorme. J'étais débout sur la plus haute marche du podium ; c'est comme si tout ce que j'avais fait jusque-là avait porté ses fruits, tout ce travail acharné, toutes ces choses que j'avais manquées, les fêtes auxquelles je n'étais pas allée parce que je m'entraînais – le résultat en valait vraiment la peine. Le fait d'entendre l'hymne australien a aussi été un grand moment de fierté pour moi, j'étais tellement heureuse d'avoir remporté cette médaille d'or."