Pour Van Doren, le meilleur joueur de hockey au monde, "il n'y a qu'une seule façon de voir le confinement"

Le défenseur belge Arthur Van Doren a réussi à emmener l'équipe de Belgique, éternelle finaliste, vers la victoire dans plusieurs grands championnats, décrochant au passage le statut de meilleure équipe masculine de hockey au monde. Il révèle aujourd'hui comment et pourquoi pratiquer l'introspection et ne plus utiliser son smartphone l'ont aidé à faire du confinement dû à laau COVID-19 une chose positive.

Pour Van Doren, le meilleur joueur de hockey au monde, "il n'y a qu'une seule façon de voir le confinement"
(Getty Images)

L'enthousiasme dans la voix d'Arthur Van Doren est palpable. Les athlètes professionnels au top de leur carrière ont rarement l'occasion de faire une pause et encore moins de revenir sur leurs différents accomplissements. Mais le joueur belge jouit actuellement de beaucoup de temps libre. 

"Quand je repense aux finales que nous avons gagnées, à la réaction de l'équipe, à la façon dont nous nous sommes comportés et que je le compare aux finales et tournois que nous avons perdus, il est évident que notre état d'esprit était différent", explique Van Doren, qui a joué un rôle clé au sein de l'équipe masculine belge dans sa victoire à la Coupe du monde 2018 et au Championnat d'Europe 2019. "Nous n'avons pas dit les mêmes choses. Ce qui n'était pas évident au début l'est maintenant."

Ces deux immenses succès font suite à deux finales consécutives perdues de peu, qui se sont soldées d'abord par l'argent aux Jeux Olympiques de Rio 2016, puis par la deuxième place au Championnat d'Europe 2017 de hockey . Bien que douloureuses, ces deux expériences furent toutefois instructives :

"Nous étions une jeune équipe et notre pays n'avait pas l'habitude de gagner de grands tournois, donc nous devions apprendre. Nous voulions vite évoluer, mais l'expérience nous a montré qu'il faut d'abord jouer des grands matchs, jouer en finale et apprendre", explique l'homme désigné meilleur joueur de l'année 2017 et de l'année 2018, et deuxième meilleur joueur en 2019, par la Fédération internationale de hockey. 

"L'équipe qui a remporté la Coupe du monde était beaucoup plus expérimentée et, somme toute, meilleure que celle qui a remporté l'argent aux Jeux Olympiques. Ça ne veut pas dire que nous avons mieux joué à la Coupe du monde ou que nous avons manqué de chance à certains moments ; c'est juste que nous avons eu le temps d'acquérir plus d'expérience et un meilleur état d'esprit pour prétendre au titre de champions du monde. C'est super de pouvoir constater nos progrès.

Aux JO, nous grandissions et jouions de mieux en mieux au fil des Jeux. Arthur Van Doren - Arthur Van Doren

C'est juste que certains éléments dans certains matchs ne doivent pas toujours nécessairement être beaux à voir. C'est quelque chose que l'on doit apprendre. Nous commençons désormais à avoir une idée de comment nous y prendre."

Et ce n'est pas peu dire ! La première victoire du pays à la Coupe du monde, à Bhubaneswar en Inde, aux tirs au but contre les Pays-Bas, était déjà formidable, mais le triomphe de la Belgique devant une foule de concitoyens en liesse, un an plus tard en finale européenne, était carrément grandiose :

"J'ai la chair de poule rien qu'en vous entendant en parler, rit Van Doren. Dès que vous avez parlé d'Europe, j'ai pensé aux spectateurs belges. C'était [la finale] une journée complètement folle. J'ai rarement vu une équipe aussi concentrée. Nous étions partis pour être sacrés champions d'Europe à la fin de la journée quoiqu'il advienne.

C'est un championnat durant lequel l'équipe a acquis beaucoup d'expérience et de connaissances sur les qualités de chacun des joueurs."

Ces souvenirs sont clairement agréables à revivre, même si Van Doren n'a pas l'habitude de s'attarder dessus. Mais, comme pour beaucoup d'autres, la pandémie de COVID-19 a totalement bouleversé sa routine et ce qu'il considérait comme normal.

"Normalement, en tant qu'athlète, notre vie est assez planifiée, tout est organisé et ils [les entraîneurs et dirigeants] créent un environnement qui nous permet d'évoluer tous les jours et de tirer le meilleur parti de nous-mêmes. Mais tout s'est arrêté d'un coup", explique le jeune homme de 25 ans.

"Je me suis toujours entraîné avec un objectif en vue, c'est pour ça que l'on ne se repose jamais. On passe toujours à l'objectif suivant : "Tiens, ça serait trop cool si on avait ça ou si on faisait ça." Mais ce n'est plus possible actuellement. Il faut prendre les choses comme elles viennent, je suppose. Il vaut mieux se laisser porter."

Van Doren vit seul à Anvers et a eu beaucoup de mal à faire face à la solitude du confinement, notamment parce qu'il tire une grande partie de son énergie du fait "d'être entouré, d'écouter et d'interagir avec les gens."

Il s'est toutefois efforcé d'éviter de se tourner systématiquement vers la technologie lorsqu'il se sentait seul.

"Au début, comme je n'avais rien à faire et que j'étais pour ainsi dire tout le temps seul, j'avais toujours mon téléphone à la main, les yeux sans cesse rivés dessus. Alors avec Thomas Briels [capitaine de l'équipe de Belgique], nous avons décidé d'éteindre nos téléphones pendant quelques heures le matin et le soir, pour faire une pause sans technologie. C'était assez sympa à vrai dire. Neuf fois sur dix, on prend son téléphone pour regarder quelque chose qui n'a rien d'urgent ou d'indispensable."

Ainsi, plutôt que de chercher des solutions à l'extérieur, il s'est tourné vers son intérieur.

"J'ai joué non-stop dans de grands tournois pendant un an et demi. C'était agréable de prendre un peu de repos à la fois physique et mental, sans aucune influence de l'extérieur. Juste un peu de temps pour moi.

Bien sûr, je m'entraîne encore le matin et l'après-midi. Mais avec l'annulation de tous les événements prévus, plutôt que de m'entraîner très dur, tout le temps, j'en profite pour faire une séance de yoga ou d'étirements, ou encore de récupération, pour laisser mon corps se remettre un peu."

Ses pensées se tournent régulièrement vers Tokyo, l'occasion de remporter une médaille olympique encore plus belle que l'argent cette fois... Pour cette équipe qui a le vent en poupe, le report de douze mois des Jeux de 2020 a été un coup dur. Mais, comme le nouveau Van Doren le dit : "Il n'existe qu'une seule façon d'envisager la chose : avec positivité".

N'avoir que de très bons souvenirs de ses premiers Jeux aide beaucoup :

"J'ai vraiment tout aimé, déclare-t-il avec un grand sourire. Je suis fan de sport, alors j'ai adoré avoir quelque chose à regarder à chaque instant de la journée. Il y a du sport partout autour de vous. Ça m'a donné énormément d'énergie. C'est fou, c'était trop bien !"

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