Nafi Thiam, championne olympique et star d'Instagram, voit la vie du bon côté
Bien que dévastée par les ravages causés par la pandémie de COVID-19 et préoccupée par l'impact à long terme de cette crise sur la société, la championne olympique d'heptathlon Nafi Thiam a trouvé énormément d'aspects positifs sur lesquels se concentrer – notamment la chance de partager ses compétences avec les enfants qui s'ennuient partout dans le monde.
En temps normal, il faut être très chanceux et gagner un grand concours pour qu'une championne européenne, mondiale et olympique offre une série d'entraînements vidéo personnalisés juste pour votre plaisir. Mais nous vivons actuellement une période extraordinaire et Nafi Thiam, médaillée d'or en heptathlon à Rio en 2016, en est bien consciente.
"J'ai reçu beaucoup de messages sur Instagram, a expliqué Nafi Thiam. Les gens voulaient assister à mes séances d'entraînement et me demandaient ce que je faisais pour rester en forme, pour qu'ils puissent essayer eux aussi. Mais j'ai estimé que mon programme ne serait pas très intéressant pour eux, car ces séances sont conçues spécifiquement pour les athlètes. J'ai alors simplement décidé de préparer quelque chose de sympa rien que pour eux."
Nul doute que les 139 000 abonnés Instagram de la Belge en ont été ravis. Son premier "Entraînement à domicile" s'est avéré si populaire qu'elle en a rapidement publié un deuxième. Tout ce qui intéresse Nafi Thiam en ce moment, c'est de garder la forme, rester en bonne santé et rester optimiste. Et la décision de reporter les Jeux Olympiques de Tokyo 2020 s'inscrit dans cette logique.
"Je comprends que ce n'était pas une décision facile à prendre, surtout à ce moment-là. Aujourd'hui, il est évident que les Jeux Olympiques ne peuvent pas avoir lieu [en 2020], mais tout a évolué très rapidement au cours des dernières semaines. À ce moment-là, c'était très dur et je comprends tous les problèmes économiques", a déclaré la jeune athlète de 25 ans.
"Mais même si la décision était difficile à prendre, c'était sans aucun doute la bonne."
Sur le plan personnel, Nafi Thiam s'est récemment rendu compte que ce report se traduit par quelque chose dont elle n'a pas profité depuis très longtemps.
"Cette année sera probablement une 'année blanche', une année d'entraînement. C'est bon pour le corps", affirme Nafi Thiam. "Chaque année, j'ai enchaîné des championnats d'Europe, des championnats du monde, des Jeux Olympiques… Chaque année, vous avez 10 mois pour vous préparer à un grand championnat. Le fait qu'en ce moment, je n'ai pas à penser 'Je dois être prête à ce moment précis' est un peu bizarre en termes de motivation, mais en termes de pression, c'est peut-être une bonne chose. Sans compter que je vais avoir énormément de temps pour me préparer pour le plus grand événement sportif."
Nafi Thiam est parfaitement consciente de sa chance. Non seulement elle est en forme et en bonne santé, mais les athlètes professionnels en Belgique ont été autorisés à continuer de se rendre dans certains centres d'entraînement pendant le confinement instauré pour lutter contre la COVID-19, dans le respect des réglementations strictes imposées.
"Il faut d'abord s'abonner, faire une demande, puis ils vous inscrivent dans le système et vous recevez une carte d'admission, a expliqué la jeune Belge. Quand vous arrivez, il faut appuyer sur la sonnette, quelqu'un vient à la porte, vérifie que vous êtes sur la liste et prend votre température avant de vous laisser enfin entrer."
Bien qu'elle admette que le processus est "angoissant", elle est "rassurée" par les précautions en place. Souvent, elle se rend à la salle, s'entraîne et repart sans croiser personne. Une atmosphère qui n'a rien à voir avec l'ambiance qui règne habituellement dans cette immense salle de sport d'une grande université.
Elle est également bien consciente que c'est un luxe dont de nombreux athlètes du monde entier sont privés à l'heure actuelle, ce qui la conforte dans son choix de soutenir la décision de reporter les Jeux de Tokyo 2020 d'un an, afin de garantir une situation équitable pour tous.
Si la situation change et que Nafi Thiam et ses pairs doivent renoncer à leur carte de gym pendant un certain temps, la championne du monde 2017 peut au moins se replier sur le centre d'entraînement qu'elle a installé dans son garage. Nafi Thiam vit avec son petit ami Niels Pittomvils, un décathlète belge de niveau international. Quand ils ont eu vent de l'imminence du confinement national, les deux athlètes se sont empressés de se préparer.
"J'ai appelé la personne responsable de la salle de sport où je m'entraîne d'habitude pour voir si je pouvais récupérer des équipements rapidement, a raconté la jeune femme. Je suis allée chercher une camionnette chez le père de mon petit ami et nous sommes allés récupérer le matériel. C'était serré, mais on a réussi."
Étant donné qu'elle a obtenu son diplôme universitaire l'année dernière, Nafi Thiam est habituée à enchaîner entraînement et temps passé à la maison. Mais le plus dur, c'est de ne pas pouvoir voir ses amis et en particulier sa mère. Heureusement, comme pour une grande partie de la population mondiale, la technologie leur permet de garder le contact grâce à des appels vidéo et des messages réguliers. Pourtant, Nafi Thiam se laisse parfois submerger par la gravité de la situation.
"Comme tout le monde, on entend parler de gens qui tombent malades et qui meurent, et c'est très difficile, déplore-t-elle. Personne ne sait comment la société va changer ni à quoi ressemblera le monde. Cela m'inquiète, mais on verra bien. Nous ne pouvons pas y faire grand-chose à part respecter les règles et espérer que ce sera bientôt terminé."
Lorsque la vie reprendra son cours, Nafi Thiam sait que le sport aura un rôle important à jouer et, après les Championnats du monde d'athlétisme de 2019 où Katarina Johnson-Thompson lui a raflé l'or, la Belge sait que l'heptathlon sera l'une des épreuves incontournables de Tokyo 2020.
"J'ai toujours dit que j'aime avoir de grandes concurrentes", rappelle l'athlète belge qui a enregistré cinq records personnels dans sa course pour le titre à Rio 2016. "Lorsque vous faites du sport de haut niveau et que vous voulez participer aux championnats du monde et aux Jeux Olympiques, vous savez que vous devrez affronter les meilleurs du monde, c'est le but.
C'est bon pour l'heptathlon d'avoir une compétition palpitante. Et pour moi aussi, c'est ce que j'aime dans le sport et l'athlétisme. Ça va être passionnant et j'ai hâte que tout le monde soit prêt à 100 % et que nous puissions montrer au monde ce dont nous sommes capables."