Perrine Laffont, absente pour la saison de ski acrobatique : « On court tout le temps après le temps »
La quintuple championne du monde en ski de bosses Perrine Laffont a annoncé sa décision de faire une pause au niveau des compétitions en 2023/24. La Française ne disputera pas la saison hivernale afin de revenir avec une plus grande fraîcheur physique et mentale en vue des Mondiaux 2025 et des JO d’hiver de Milano-Cortina 2026. Elle a expliqué son choix lors d'une conférence de presse.
Perrine Laffont était attendue pour disputer une nouvelle saison de Coupe du monde de ski de bosses, qui débute à Ruka (Finlande) début décembre.
Mais mercredi 15 novembre, la championne olympique de Pyeonchang 2018 a annoncé qu'elle renonçait à la saison pour se concentrer sur de nouveaux objectifs, dont les JO de Milano Cortina 2026.
Un jour plus tard, elle organisait une conférence de presse en visio, à laquelle Olympics.com a assisté, pour en savoir plus sur les raisons de cette décision.
Elle a été claire sur sa volonté de poursuivre sa carrière et notamment évoqué son besoin de créer un manque pour conserver de la fraîcheur mentale.
Découvrez les explications de la skieuse de 25 ans, apparue sereine et détendue.
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Pouvez-vous expliquer pourquoi vous avez pris cette décision ?
Perrine Laffont : L'hiver prochain, il n'y a pas de Championnats du monde, [ni] de Jeux Olympiques. Il y a un circuit de compétitions qui ne me plaît pas forcément, donc ça avait peu de sens en plus. Et comme je l'ai dit, j'ai envie de m'entraîner, de passer plus de temps sur les skis, chose qu'on a très peu le temps de faire : on court tout le temps après le temps... Donc cette décision s'est faite comme ça, aussi pour reprendre de la fraîcheur mentale. Parce que l'hiver dernier a été intense, avec l'enchaînement de la saison olympique. Les Mondiaux, ça m'a pris beaucoup d'influx et je veux vraiment arriver très en forme sur 2025 et 2026. C'est pour cela que je veux une saison un peu plus légère.
Comment la réflexion s'est-elle passée ?
Ça a été un échange avec le staff médical et le staff technique : que ce soit le préparateur physique, tous mes entraîneurs, le docteur, ma préparatrice mentale, les psychologues... On a fait un gros point après l'hiver dernier, une saison qui a été très lourde et très chargée. Et quand il a fallu refixer les objectifs pour les prochaines années, […] on a posé les bases pour 2025 et 2026. Et la décision s'est faite au fur et à mesure de la préparation : on s'est rendu compte que j'avais besoin de passer plus de temps à l'entraînement maintenant. Parce que l’on peut dire que la compétition, je l'ai fait : on va dire que j'ai les clés en main et les bases. [Rires]
Cette décision est-elle globale ou a-t-elle une tendance plutôt mentale ou physique ?
Ça englobe les deux, clairement, car on prend tout en compte : les stratégies sur le long terme, mon état physique et aussi mon état mental. Comme on l'a dit dans le communiqué, j'ai vraiment envie d'arriver sur une saison de 2025 et 2026 avec beaucoup de fraîcheur mentale. Ça fait sept ans que je joue un classement général et on sait que ça prend encore plus d'influx pendant toute la saison, car il y a énormément de stress. Et il y a tout un processus de régénération après chaque saison pour repartir un petit peu à zéro et récupérer des quatre mois de compétitions. Donc là c'est ce qu'on veut, avec une plus longue partie de récupération pour 2025 et 2026.
Quel est votre état d'esprit aujourd'hui après l’annonce de cette décision qui n’était probablement pas évidente à prendre ?
C'est sûr que ça n'a pas été une décision facile à prendre parce que je reste une compétitrice et j'aime ce que je fais au quotidien. Mais voilà, il a fallu voir les objectifs sur le long terme. C'est clair que les années passent et ça engendre toujours un petit peu de fatigue. Et là, en fait, on s'est rendu compte aussi qu'il était difficile de faire de plus en plus des grosses périodes d'entraînement avec le manque de neige. Donc j'ai vraiment envie de me servir de l'hiver prochain pour ça. Et c'est excitant car ça va être quelque chose de nouveau : c'est un hiver que je vais vivre différemment.
Alors je pense que la compétition va un petit peu me manquer, mais je pense que c'est quelque chose que j'ai besoin de faire dans ma carrière et je suis en paix avec cette décision. J'en suis très heureuse. Elle vient de moi, elle a été en discussion avec tout le staff et je suis contente de faire ça.
Vous dites que la compétition risque de vous manquer un petit peu...
Oui, ça risque de me manquer parce que, comme je l'ai dit, je suis une compétitrice. Après, j'aime énormément créer le manque, avec le sport, et aussi avec la compétition. Et c'est déjà ce que je faisais après les hivers : je coupais tout, j'arrêtais de m'entraîner. Car justement, je voulais cultiver ce manque et dès que je ressentais l'envie de repartir, je repartais. Et c'est exactement ce que j'ai fait encore, là, quand j'ai rattaqué ma préparation : j'ai attendu d'avoir ce manque pour recommencer. Et c'est ce qu'on veut créer, avec la compétition, pour avoir encore plus « le couteau entre les dents » pour les prochaines saisons.
Après tout ce que vous avez gagné, l’idée d’arrêter votre carrière vous a-t-elle effleuré l’esprit ?
Non, pas du tout. Après, même si j'ai fini la saison très fatiguée, ce n'est pas quelque chose qui m'a effleuré l'esprit car j'ai eu la chance de reconstruire tout un nouveau staff après l'hiver des Jeux. Et je me suis régalée l'hiver dernier à évoluer avec ce nouveau staff, à avoir une nouvelle mise en place des stratégies de compétition et d’entraînement. Et j'aime pleinement mon sport. Donc, non, je n'ai pas envie d'arrêter.
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