Nikola Karabatic, guidé par les « émotions » pour tout donner à 38 ans

Quelques mois après un troisième titre olympique avec les Bleus, Nikola Karabatic évolue toujours au plus haut niveau, à 38 ans. Mais s’il s’investit encore à fond, c’est surtout pour partager les émotions de la victoire avec les nouvelles générations, avec Paris 2024 dans le viseur. Il s’est entretenu avec Olympics.com.

5 minPar Guillaume Depasse
Nikola Karabatic of Team France
(GETTY IMAGES)

Triple champion olympique, quadruple champion du monde, triple champion d’Europe, trois Ligues des champions…

Dans l’histoire du sport, Nikola Karabatic est une légende. Et il continue de l’écrire, même s’il doit composer avec de nouveaux défis.

Il y a quelques mois, lors des Jeux Olympiques de Tokyo 2020, le demi-centre français aidait ses partenaires à remporter la médaille d’or alors même qu’il avait dû regarder le Mondial sur son canapé.

En janvier 2021, lorsque les Bleus terminaient 4e du Championnat du monde, Karabatic était en pleine une rééducation après une rupture du ligament croisé antérieur du genou droit. Une blessure qui aurait pu freiner les ambitions sportives de beaucoup d’athlètes de plus de 35 ans, mais lui s’est battu pour revenir. En mai, il reprenait la compétition et rejoignait une nouvelle équipe de France, dirigée par son ancien coéquipier Guillaume Gille, en tant que véritable référent aux côtés de Michaël Guigou (40 ans) et Luc Abalo (36 ans lors des Jeux), qui ont ensuite arrêté leur carrière en sélection. Karabatic, qui vient de fêter ses 38 ans, a continué.

La raison ? Les émotions vécues, mais surtout partagées.

« Aujourd’hui, le plaisir est différent », confie-t-il à Olympics.com. « J’ai eu la chance d'atteindre tous mes rêves et de gagner tous les titres, même plusieurs fois. C'est à chaque fois une joie exceptionnelle, mais en la partageant avec certains qui n'ont pas eu encore cette chance-là, je me suis aperçu que que la joie et les émotions que ça me procurait étaient immenses. C'est ce qui me pousse et me motive encore à tout donner à 38 ans. »

La quête d’une quatrième Ligue des Champions

C’est encore ce qu’il a fait, jeudi 7 avril avec le Paris Saint-Germain handball, lors de la victoire en play-offs de Ligue des Champions contre le club norvégien d’Elverum (37-30) au Stade Pierre de Coubertin, qui a leur a permis de se qualifier pour les quarts de finale. Karabatic a inscrit 4 buts sur 5 tentatives, et délivré 2 passes décisives.

Le PSG retrouvera Kiel en quarts, afin de tenter de se qualifier pour le Final 4 et gagner une quatrième Ligue des Champions avec un quatrième club différent, après Montpellier, Kiel et Barcelone.

« Gagner la Ligue des champions reste un objectif bien évidemment prioritaire avec mon club », assure-t-il, avant d’évoquer l’ampleur du défi que cela représente. « On a malheureusement eu pas mal de blessés cette saison. Mikkel Hansen, qui a fait une phlébite avec embolie pulmonaire et qui n'a pas terminé la saison, Nedim [Remili] vient de se faire une grosse entorse à la cheville… C'est vrai qu'on est le PSG et tout le monde pense qu'on est ultra favori, mais on ne fait plus partie des ultra favoris. Les favoris sont Kiel, Barcelone, Kielce ou Veszprém. Je pense qu'on a la possibilité de bousculer ces équipes-là, et je vais me battre jusqu'au bout pour essayer de se qualifier pour un nouveau Final 4. »

Une saison longue et riche en émotions

Pour Niko, la saison a débuté en juillet avec les JO, et ne s’est pas véritablement arrêtée. Il a ensuite enchaîné avec le PSG, puis les Bleus pour l’Euro où ils ont terminé 4e avec une équipe privée de nombreux éléments (Nedim Remili, Luka Karabatic, Timothey N'Guessan, Elohim Prandi) en raison de blessure, avant de reprendre la saison avec son club, invaincu en Championnat (1er avec 9 points d’avance sur Nantes). Difficile à concevoir un tel rythme à près de 40 ans, mais le triple meilleur joueur de l’année (2007, 2014 et 2016) semble résister à toutes les épreuves.

« Il y a parfois des douleurs qui reviennent, on ne sait pas trop pourquoi. Mais globalement, je me sens très bien physiquement et mentalement aussi. »

Son rôle, autant en équipe de France qu’au PSG, est différent, mais son impact est tout aussi important. « Il y a encore quelques années, je devais marquer, passer, défendre, attaquer et contre-attaquer pendant une heure par match. Aujourd'hui, je continue de faire tout ça, mais en jouant moins. L’impact est sur 2 fois 15 minutes ou 2 fois 20 minutes dans le match. Je fais également plus attention à la transmission, à l'altruisme, même si ça a toujours fait partie de moi. »

Retour des champions olympiques en France

Il sera sur le parquet de l’AccorHotels Arena le 14 avril, pour disputer avec les Bleus le premier des deux matchs amicaux contre l’Espagne, vice championne d’Europe, médaillée de bronze aux JO et au dernier Mondial. « Une très grosse équipe, qui est sur le podium de quasiment chaque compétition, pour deux matchs amicaux », juge l'international français, qui jouera pour la première fois à domicile depuis le titre olympique.

Mais pour l’ainé de la fratrie Karabatic, ces deux oppositions, dont la seconde aura lieu le 16 avril à Chambéry, l’intérêt sera également au-delà du plan sportif.

« On va jouer en France, devant notre public, notre famille et nos amis… Ça va être génial », annonce Karabatic.

Un avant-goût des Jeux de Paris 2024, qui auront lieu dans un peu plus de deux ans ? Pour le moment, il est lié au PSG jusqu’à la fin de la saison 2023. La suite, c’est encore l’inconnu.

« Dans un monde idéal, je suis en pleine forme. Tout va bien, le corps tient. Et si le corps tient, l'envie va avec et je peux continuer à jouer au handball. Et peut être, pourquoi pas, rêver de Paris 2024. Mais j'essaie de ne pas trop me projeter, de savourer le chemin car c'est inexorable : il va bientôt se terminer. Je veux profiter de l’aventure, qui passe à vitesse grand V. »

La prochaine échéance pour l’équipe de France aura lieu en janvier 2023 avec les Championnats du monde, en Pologne et en Suède. D’ici-là, Karabatic espère partager de nouvelles émotions de victoire avec le PSG.

Le carburant dont il a besoin pour guider la France vers un exploit olympique historique sur son sol.

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