Le softball a « repris sa place » selon Mark Smith, l’entraîneur du Canada
Le Canada figurera parmi les favoris pour le podium du softball féminin à Tokyo 2020 et son entraîneur Mark Smith – champion du monde quand il était joueur – est persuadé que le Japon est le lieu idéal pour la renaissance olympique du sport.
« Tokyo va mettre sur pied un spectacle absolument phénoménal pour le softball, estime Mark Smith, entraîneur de l’équipe féminine du Canada. Le Japon est le lieu idéal pour transmettre l’intensité de ce sport fabuleux. L’année dernière, j’étais au Tokyo Dome pour un match entre le Japon et les États-Unis, et il y avait 31 000 fans, tous absolument conquis. »
« Le Japon possède une culture fascinante, c’est magnifique. Le niveau de respect qu’ils ont pour tout le monde et pour le sport est sans équivalent. Ajoutez à cela l’élément olympique et vous aurez des stades combles et des quelques ambiances extraordinaires. »
Mark Smith est un vétéran du softball. Il a atteint un sommet vertigineux en remportant un titre de champion du monde alors qu’il jouait avec l’équipe masculine du Canada en 1992, et deux troisièmes places mondiales comme entraîneur de l'équipe féminine (2010 et 2016). Il a également connu la désillusion de voir le sport perdre son statut olympique.
Tokyo va mettre sur pied un spectacle absolument phénoménal pour le softball Mark Smith -Mark Smith
« C’est marrant, lorsque vous êtes au milieu de votre carrière de joueur et que vous gagnez un grand titre, vous ne l’appréciez pas vraiment. Vous êtes suffisamment naïf pour penser que vous allez récidiver la fois suivante », dit-il.
« C’est seulement en prenant de l’âge et en étant entraîneur que vous réalisez peut-être qu’il est difficile de gagner, et que les occasions de le faire sont précieuses. Ah, que j’aurais aimé avoir la chance de participer aux Jeux Olympiques comme joueur ! Nous faisions partie des trois meilleures équipes de la planète et cela aurait été vraiment génial. »
« Et c’est pourquoi, quand on a appris que le softball allait revenir dans le programme, j’ai été tout simplement ravi pour les athlètes. Le softball féminin n’a jamais bénéficié de la considération qu’il mérite. Durant le peu de temps où il a figuré aux Jeux, le softball s’est avéré extrêmement populaire, très respecté et très suivi dans le monde entier. On a donc accusé le coup en 2008 quand il a été retiré. »
Mark Smith estime que ceux qui n’ont jamais vu de softball vont être émerveillés. « C'est l’intensité de ce jeu qui le rend fabuleux pour les spectateurs, dit-il. Le losange est plus petit que celui du baseball, mais la balle est lancée à des vitesses comparables, si bien que l’action est beaucoup plus rapide. »
« Nos joueuses sont des athlètes extraordinaires et l’environnement est si intimiste que vous avez l’impression d’être au cœur du match », explique-t-il avant d’ajouter : « Ces femmes jouent aussi bien que leurs homologues masculins. »
L’entraîneur canadien explique que, si le Japon et les États-Unis sont les fers de lance de cette discipline, l’imprévisibilité des rencontres ajoutera à l’enthousiasme qui va gagner les stades de Yokohama et de Fukushima Azuma dans trois ans.
« Il n’y aura que six pays qualifiés qui disputeront cinq matches dans une formule championnat et sur un match, tout le monde peut battre tout le monde », ajoute-t-il.
« Les États-Unis et le Japon sont favoris à juste titre, car ils se sont repassé le titre de champion du monde ces dernières années (les États-Unis ont gagné en 2016 et le Japon en 2012 et en 2017), mais nous sommes bien placés, avec l’Australie et quelques autres pays qui ont beaucoup progressé comme les Pays-Bas, Porto Rico et la Chine. Cette compétitivité va entraîner des matches extrêmement disputés et un tournoi très serré. Les fans vont se régaler. »
Mark Smith fait toutefois preuve de diplomatie quand il évoque la rivalité entre le Canada et son voisin du sud, et il se garde bien de vendre la peau de l’ours par rapport à un hypothétique rendez-vous avec la gloire à Tokyo 2020.
« Les États-Unis ont un avantage considérable sur la plupart des pays, mais je suis ravi de la manière avec laquelle nos joueuses les ont affrontés : nous avons fait preuve de courage et de ténacité, dit-il. Nous n’avons rien lâché. Nous avons notre fierté, c’est sûr, mais aussi beaucoup de respect. Au Canada, nous avons une mentalité d’ouvriers. »
« Notre éthique de travail et notre sens du détail doivent être exceptionnels. Nous ne sommes pas une équipe de super stars, mais nous disposons de beaucoup de femmes très fortes et très capables. Mais pour avoir une chance, il n’y a qu’une chose qui compte : nous améliorer en permanence. »
« En nous préparant, nous ne devons toutefois pas perdre de vue l’essentiel. Nos succès sont dus au fait que nous avançons à petits pas. Nous brûlons peut-être du désir de participer à une grande compétition, mais nous devons d’abord gérer le court terme, si nous voulons être certains que cela arrive. Les Jeux Olympiques, c’est excitant, mais on ne peut pas y aller sans avoir une approche différente. »
Quoi qu’il en soit, un lien olympique familial va offrir une motivation supplémentaire à Mark Smith. « Ma femme a participé à Montréal 1976 en canoë-kayak et son bateau est allé en finale du K2, dit-il. Je ne suis jamais allé aux Jeux, mais je suis un supporter inconditionnel. »
« C’est super d’être attirés vers des sports qu’on ne verrait peut-être pas en temps ordinaire, et j’adresse un grand bravo au CIO pour nous aider à tendre vers l’égalité des sexes, en incluant davantage de sports pour les femmes en 2020. Espérons que de nombreuses personnes suivront ce qui se passe à Tokyo, et que le softball gagnera beaucoup de nouveaux fans. »