Laura Berg, grande star américaine du softball olympique, vise l’or pour ses protégées
Laura Berg, star du softball, est l’une des rares olympiennes à avoir gagné trois médailles d’or consécutives. Seule joueuse à avoir participé aux quatre éditions des Jeux Olympiques dans lesquelles figurait le softball, elle a été anéantie par le retrait de son sport du programme olympique. Aujourd’hui, elle participe à l’entraînement de quelques-unes des joueuses américaines qu’elle verrait bien en or à Tokyo 2020.
Cela figure dans le scénario de tous les films de sport : marquer le point, le panier ou le home run décisif donnant droit au gros lot est un exploit que très peu de personnes vivent dans leur carrière. C’est un moment qui doit être immortalisé par des plans montrant des partenaires en pleine extase, des proches en larmes et des fans fous de joie.
Laura Berg a eu cette chance. Debout sur le marbre du Centre olympique de Blacktown aux Jeux de Sydney 2000, elle s’est retrouvée confrontée à un lancer qui, si elle réussissait à frapper la balle, offrirait la médaille d’or aux États-Unis. Le plus surprenant dans tout ça, c’est qu’elle est restée... de marbre !
« Il y avait encore deux excellentes batteuses derrière moi et donc, dans une certaine mesure, je ne ressentais pas trop la pression, car je n’étais pas aussi expérimentée qu’elles, dit-elle. J’étais donc détendue. C’était quand même un moment magique. Aujourd’hui, quand je revois les images, je suis tendue car je réalise combien c’était énorme. Mais à l’époque, j’étais très bien. »
Elle a été effectivement superbe, et les États-Unis ont gagné la deuxième de leurs trois médailles d’or consécutives en softball. Cette attitude détendue l’a bien servie tout au long d'un périple olympique qui a duré 12 ans. Outre Sydney 2000, elle a récolté de l’or à Atlanta 1996 et Athènes 2004, ainsi que de l’argent à Beijing 2008. Tout a cependant commencé beaucoup plus tôt, alors qu’elle avait six ans, grâce à Randi, sa sœur jumelle. « Quand j’étais gamine, j’étais très timide et je copiais tout ce que faisait ma sœur, dit Laura Berg. Randi voulait jouer au softball, et naturellement, j’ai voulu faire pareil. »
« J’aimais tout dans ce sport. Enfant, je jouais toujours dans la terre et j’avais les genoux égratignés. Randi et moi, on a fini par jouer à l’université d’État de Californie. »
C’est là que pour la première fois, la possibilité de participer aux Jeux Olympiques a émergé. « J’avais 21 ans, et comme les Jeux étaient organisés à Atlanta, mon entraîneur m’a mis dans la tête que je pourrais peut-être y aller, dit-elle. À partir de ce jour, c’est devenu mon objectif. »
Elle n’en a pourtant été pas moins secouée lorsqu’elle a été sélectionnée. « Je ne pensais pas que je serais retenue pour Atlanta. Je me débrouillais bien, mais il y avait tellement de joueuses supérieures à moi que je n’ai même pas jeté un coup d’œil à la liste des sélectionnées. Quelqu’un m’a pourtant réveillée pour me dire que j’avais été choisie. J’étais très emballée, et en même temps vraiment surprise. »
Laura Berg se souvient aujourd’hui quasiment des moindres moments des Jeux. « Les Jeux Olympiques à domicile, c’est vraiment spécial, et de la minute où nous avons pénétré dans le stade à celle où nous en sommes sortis, le public n’a pas arrêté de scander "U-S-A" », dit-elle.
« Mes parents et ma sœur jumelle étaient là, ce qui était très particulier. Je me souviens encore de la veille de la finale, alors que j’étais en voiture avec mes parents. À la radio, ils ont diffusé la chanson de Lee Greenwood, God Bless the USA, dédiée à notre équipe. Je me revois encore dans la voiture et je me souviens du dernier lancer comme si c’était hier. C’était tout simplement fantastique. »
Son propre rendez-vous avec la gloire à l’heure de l’ultime lancer est arrivé quatre ans plus tard, même si à Sydney 2000, l’équipe a dû batailler lors des premières phases. « Ces Jeux étaient superbes, les gens et les koalas adorables, mais si je me rappelle bien, l’équipe avait très mal joué au début », raconte Laura Berg.
« À un match près, nous n’étions pas sur le podium. Nous avons dû remettre les pendules à l’heure lors de quelques réunions où nous avons fait le point pour savoir ce qu’il fallait faire. Nous avons été les dernières à nous qualifier pour les demi-finales et nous avions le dos au mur. Mais nous nous sommes reprises de manière très spéciale. »
Les Américaines ont signé la passe de trois à Athènes bien plus tranquillement. « Nous avons très bien joué. Nous avions passé l’année à réviser nos gammes, et en Grèce, nous connaissions la partition par cœur », dit-elle. Mais la star américaine a été déçue de tirer sa révérence sur une deuxième place à Beijing 2008.
« J’ai une mentalité de gagnante, dit-elle. Ma mère dirait que beaucoup de gens seraient comblés par une médaille d’argent, mais pas moi. On est passées tout près, mais les Japonaises ont bien joué le coup. »
Le retour du sport au programme des épreuves, après 12 ans d’absence, a ranimé la flamme de la passion olympique chez Laura Berg.
« Il a fallu attendre que le CIO se rende compte que le softball était joué dans 127 pays. C’est un sport mondial, et le niveau est très élevé. Même si les États-Unis gagnent des médailles, le sport n’en est pas verrouillé pour autant, souligne Laura. Le Mexique nous a battu récemment lors des qualifications pour les championnats panaméricains. Il y a aussi Porto Rico, le Canada, le Japon... Les équipes progressent dans le monde entier. Je n’ai jamais vu un match gagné sur le papier. »
Actuellement entraîneur à l’université d’État de l’Oregon et de l’équipe nationale américaine junior de softball, Laura Berg espère que certaines de ses protégées auront la même ambition olympique que celle dont elle a hérité.
« Ce serait phénoménal, dit-elle. J’adore ce boulot et je me pince pour être certaine de l’avoir. C’est un privilège de façonner la vie de jeunes femmes. Ces gamines sont super et si elles bénéficiaient de la même chance que j’ai eue, ce serait extraordinaire. À Tokyo 2020, le softball va se jouer à 100 à l’heure devant un public de passionnés, et ce sera palpitant. J’ai hâte d’y être. »