La vie après les Jeux avec le maître américain du patinage Apolo Ohno

Apolo Ohno, l'athlète olympique de sport d'hiver américain le plus titré de l'histoire, trouve la vie après le sport tellement passionnante, complexe, stimulante et gratifiante qu'il en écrit un livre. Il revient ici sur son étonnante carrière de patineur de vitesse sur piste courte et décrit comment il s'efforce de faire de son temps libre une aussi belle réussite, tant pour lui que pour les autres.

La vie après les Jeux avec le maître américain du patinage Apolo Ohno
(Getty Images)

Du haut de ses 37 ans, l'Américain Apolo Ohno a accompli énormément de choses. L'ancien patineur de vitesse sur piste courte ne s'est pas simplement contenté de transformer son talent précoce en huit médailles olympiques, il est aussi devenu un entrepreneur prospère et une star de la télévision grand public en présentant un jeu télévisé et en remportant une saison de l'émission télévisée américaine Danse avec les stars diffusée en prime time. Son nom est désormais connu dans le monde entier.

Mais malgré un emploi du temps chargé depuis qu'il a raccroché ses patins après les Jeux Olympiques de Vancouver 2010, Apolo Ohno admet ouvertement qu'il n'a pas trouvé simple la transition d'athlète professionnel à citoyen ordinaire.

"C'était tellement difficile que j'ai demandé à mes pairs si eux aussi avaient un dialogue psychologique interne similaire à celui que j'avais", confie Apolo Ohno. "Il s'avère que bon nombre des 36 athlètes olympiques avec lesquels j'ai discuté, parmi lesquels de nombreux médaillés d'or, sont nostalgiques de leur sport. Ils ne s'y font pas."

Constatant la nature très dynamique de son fils, le père d'Apolo Ohno l'avait à l'origine envoyé sur une patinoire pour qu'il canalise son énergie sans mesure. Il n'est sans doute pas surprenant que le double champion olympique ait décidé de faire quelque chose d'utile avec ce qu'il y a découvert.

"Au cours des huit derniers mois, j'ai beaucoup écrit sur ce sujet, sur la réinvention, sur la perte d'identité, l'humilité, l'empathie – gravir le sommet puis en redescendre", explique Apolo Ohno. "Je suis fasciné par les raisons pour lesquelles, en tant qu'êtres humains, nous avons du mal à choisir une nouvelle voie."

"C'est un livre pour la personne que j'étais à mes débuts, pour un athlète plus jeune, en réalité pour n'importe qui a du mal ou aura du mal à un moment de sa vie à répondre à un certain nombre de questions : Pourquoi suis-je ici ? Quel voie dois-je suivre ? Comment me réinventer ?"

"C'est un livre pour les personnes qui manquent de confiance. Certains d'entre nous naissent avec une incroyable confiance en eux, et d'autres non. Comment réussir dans la vie si on n'est pas né avec cette force ?"

Pour Apolo Ohno, la vie a changé au moment où il a été exposé à la formidable ampleur des Jeux Olympiques. Ce natif de l'État de Washington avait été salué comme véritable prodige dès son adolescence. Apolo Ohno se souvient avoir compris à l'âge de 15 ans qu'il "patinait mieux que quasiment tout le monde" et il a participé aux Jeux de Salt Lake City en 2002 après avoir remporté plusieurs Championnats du monde et titres de Coupe du monde. Mais rien ne l'avait préparé à ce qui allait arriver.

"J'avais 19 ans, j'étais comme un lapin pris dans les phares d'une voiture. Je ne comprenais pas quelle expérience m'attendait. J'ai essayé de m'y préparer mentalement et de la visualiser, mais je n'ai pas réussi", reconnaît Apolo Ohno.

"C'était la première fois que j'avais l'impression d'être en compétition pour plus que moi-même. Je me suis dit 'Ouah, ça me dépasse.' Ma personnalité et mon activité sur le terrain et en dehors me représentaient non seulement moi en tant que personne, mais aussi mon pays tout entier. J'ai trouvé ça très fort."

Fort et visiblement inspirant, car l'Américain allait quitter les Jeux avec une médaille d'or au 1 500 m et une médaille d'argent au 1 000 m. Bien que ces quelques mots ne racontent qu'une petite partie de l'histoire.

Initialement, Apolo Ohno était cité comme l'un des favoris pour la finale du 1 000 m, et pendant les trois quarts de la course, les choses se sont très bien passées. Mais juste au moment où il émergeait vers le haut du dernier virage, prêt à se battre pour l'or, il s'est heurté à ses trois principaux rivaux et tous les quatre ont chuté sur la glace. Après cela, ils n'ont pu qu'assister médusés à la victoire de Steven Bradbury, l'Australien en dernière place qui avait passé une grande partie de la course un demi-tour derrière eux, pour finalement décrocher l'une des médailles d'or les plus extraordinaires de l'histoire olympique.

Apolo Ohno, qui réussit à se relever et à s'emparer de l'argent, parvient tout juste, dix-sept ans plus tard, à accepter ce qui s'est passé.

“Je ne l'avais même pas pris en compte – il avait lui-même fait une croix sur la course", se souvient Apolo Ohno, avec un rire encore un peu incrédule. "Steven, qui à ce moment-là travaillait pour le fabricant de patins qui fournissait mes patins, m'avait appelé trois jours avant la finale pour me dire : 'Hé, je sais que tu participes à la finale, tu es incroyable sur la piste, si ça ne te dérange pas de parler de notre entreprise de patins lors de tes interviews avec les médias, nous t'en serions très reconnaissants'."

"J'étais ami avec tous les athlètes de cette course et s'il y en avait un qui, selon moi, était vraiment méritant, en avait vraiment bavé entre des blessures et tout un tas d'autres problèmes, c'était bien Steven Bradbury."

Les choses furent à peine moins surréalistes lors de sa finale suivante, le 1 500 m.

"Ce fut aussi très bizarre", convient Apolo Ohno. "J'avais tout gagné l'année précédente. J'avais en quelque sorte une cible sur le dos, j'étais donné gagnant par tout le monde, et j'ai pourtant franchi la ligne en deuxième."

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Mais contrairement à la course avec Steven Bradbury, cette deuxième place suffit à lui assurer l'or après que le Sud-Coréen Kim Dong-Sung, arrivé en première place, fut disqualifié pour obstruction.

"Encore aujourd'hui, je n'ai pas vu beaucoup de courses comme le 1 000 m et le 1 500 m de Salt Lake City. Ce fut deux moments vraiment bizarres", conclut Apolo Ohno.

Le patineur américain, célèbre pour sa technique fluide mais puissante, remporta par la suite une deuxième médaille d'or olympique au 500 m aux Jeux de Turin 2006, avant de terminer sa course folle par une médaille d'argent et deux médailles de bronze à Vancouver 2010.

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"Sur le plan psychologique et mental, ainsi qu'au niveau de mes connaissances, je me suis senti au mieux de ma forme en 2010", ajoute Apolo Ohno. "Mais physiquement, je dirais que mon pic question puissance et pur talent est survenu entre 1999 et 2003. À ce moment-là, je fonçais dans le tas."

Ces jours-là sont maintenant bien derrière lui et l'ancien athlète, qui continue à jongler entre ses engagements télévisés, ses intérêts professionnels mondiaux et son amour de la danse, n'est pas du tout nostalgique.

"La vie après la compétition au plus haut niveau est beaucoup plus intéressante, elle présente de nombreuses occasions et l'espace nécessaire pour continuer à évoluer en tant que personne."

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