La folle soirée de la natation américaine
Historique jusqu'au bout : même s'il a été battu, Michael Phelps a clos vendredi sa carrière individuelle par une médaille d'argent partagée avec deux autres nageurs sur 100m papillon, un cas inédit aux Jeux, soit la 27e médaille de son immense palmarès. Katie Ledecky a de son côté réalisé un somptueux triplé 200m-400m-800m, tandis qu’Anthony Ervin, 35 ans a privé le Français Florent Manaudou d’un doublé sur 50m nage libre pour 1/100e de seconde.
Avant de quitter les bassins samedi soir après une ultime apparition (et une ultime médaille ?) en relais 4x100 m quatre nages, Michael Phelps aurait sans doute préféré conserver sa triple couronne du 100 m papillon (2004, 2008, 2012), conquise par le Singapourien Joseph Schooling.
Mais le nageur de Baltimore se consolera peut-être au vu des superbes résultats de l'équipe des Etats-Unis vendredi soir. Les Américains ont remporté trois des quatre finales au programme : le 50 m nage libre par le vétéran Anthony Ervin, le 200 m dos grâce à Maya DiRado, titrée devant la Hongroise Katinka Hosszu, et le 800 m avec la brillante Katie Ledecky, record du monde à la clé.
C'est dire si l'homme aux 22 médailles et aux 27 podiums olympiques (3 d'argent et 2 de bronze), qui a annoncé que ces Jeux seraient son ultime compétition, laisse la natation de son pays en de bonnes mains.
Le titre du 100 m papillon aussi : le jeune Schooling (21 ans), qui vit aux Etats-Unis, reconnaît volontiers que Phelps est son idole. Et il fallait le voir discuter, l'air intimidé, avec le champion américain juste après la cérémonie de remise des médailles. « Je lui ai dit de continuer quatre années de plus, et il a dit: « Pas question! », a raconté le Singapourien. « Avec un peu de chance il changera d'avis. C'était chouette, j'ai apprécié de courir contre Michael. »
Cette cérémonie des médailles a été mémorable : Phelps est monté sur le podium aux côtés de deux autres nageurs, le Sud-Africain Chad Le Clos et le Hongrois Laszlo Cseh, avec qui il a partagé la médaille d'argent après avoir signé le même temps (51.14) derrière Schooling (50.39). Aucune médaille de bronze n'a été décernée.
« Chad et moi avons disputé pas mal de courses ces quatre dernières années et Laszlo et moi... je ne peux même pas me souvenir de la première fois qu'on s'est affrontés. Donc c'est assez spécial et c'est une belle manière pour moi de terminer ma dernière course en individuel », a commenté Phelps.
Katie Ledecky réalise un triplé de légende
Et que dire du somptueux triplé réussi par Katie Ledecky ? Déjà titrée sur 200 et 400 m individuel, ainsi qu'avec le relais 4x200 m nage libre, l'Américaine a décroché sa quatrième médaille d'or à Rio sur 800 m nage libre, améliorant de près de deux secondes son propre record du monde (8:04.79). Ledecky (19 ans) est la première à réaliser le triplé 200-400-800 m nage libre aux Jeux depuis sa compatriote Debbie Meyer en 1968.
En tête dès le départ, Ledecky a devancé de 11.3 la Britannique Jazz Carlin (8:16.17) et la Hongroise Boglarka Kapas (8:16.37). L’Américaine est la première à réaliser le triplé 200-400-800 m nage libre aux Jeux depuis sa compatriote Debbie Meyer en 1968.
« J'ai beaucoup admiré Debbie Meyer et toutes les nageuses de l'équipe américaine en général. Nous avons une si grande histoire et je pense que nous avons continué à écrire l'histoire cette semaine », a conclu Ledecky.
Ervin prive Manaudou du doublé !
Anthony Ervin a également remonté le temps : seize ans après son premier titre olympique sur la distance à Sydney, l'Américain âgé de 35 ans s'est à nouveau imposé sur le 50 m nage libre.
Il l’a emporté en 21.40, devançant d'un tout petit centième le favori Français Florent Manaudou (21.41). Un autre Américain, Nathan Adrian, déjà médaillé de bronze sur 100 m libre, a pris la 3e place (21.49). Sacrée performance pour Ervin, qui n'avait pas franchi le stade des demi-finales l'an dernier aux Mondiaux de Kazan (Russie), où Manaudou s'était imposé.
« C’est arrivé comme ça : j’ai touché, juste touché le mur. Un petit centième, vous savez, vous ne pouvez pas contrôler ça. Tout ce que je peux contrôler, c’est la façon dont je fais les choses » a dit Ervin, humble dans la victoire, et qui devient à 35 ans le plus vieux champion olympique de natation.
C'est une déception pour le nageur de Marseille, qui comptait devenir le premier nageur français à conserver un titre olympique, ce que sa sœur Laure n'avait pas réussi à faire à Beijing en 2008. Manaudou était invaincu en grands championnats depuis deux ans (Euro 2014 et 2016, Mondiaux 2015). En demi-finales, il avait annoncé sa présence en réalisant la meilleure performance mondiale de la saison (21.32). « Je suis venu ici pour gagner, et le sport, c’est aussi connaitre la défaite. Je ne sais pas si je vais continuer la natation. J’ai besoin d’un break », a dit Florent Manaudou.