Premier nageur jordanien de l’histoire à se rendre aux Jeux Olympiques en ayant réalisé les minima et non sur invitation, il définit sa qualification pour le 200 m nage libre à Rio 2016 comme son plus bel exploit à ce jour, à égalité avec les trois médailles d’argent qu’il a ramenées des Championnats d’Asie cadets.
« C’est un sentiment incroyable, assure-t-il. J’ai rêvé de ce moment en espérant avoir la chance ne serait-ce que de humer le parfum du bassin des Jeux Olympiques. Mais maintenant, je vais m’y plonger et je vais vraiment sentir l’eau battre mon visage. »
Le modeste adolescent, que ses parents ont inscrit à des leçons de natation au Al-Hussein Youth City Club lorsqu’il avait 5 ans, confie qu’il doit beaucoup à ses amis et à sa famille qui lui ont donné la force et la confiance nécessaires pour atteindre ses objectifs sportifs.
« Le fait d’avoir des relations très fortes avec mes amis et ma famille et de bénéficier de leur expérience va m’aider dans le futur et particulièrement tout au long des Jeux Olympiques, car je sais que je peux compter sur leur soutien total. »
Avec Talita, sa sœur – qui a déjà une expérience olympique puisqu’elle avait été invitée à Londres 2012, ils détiennent à eux deux pas moins de 10 records nationaux et appartiennent à une génération dorée de nageurs jordaniens comme le pays n’en avait encore jamais vu.
« Les chronos parlent d’eux-mêmes, nos nageurs vont assurément de plus en plus vite », dit Ibrahim Naddeh, secrétaire général de la Fédération jordanienne de natation (JSF). « Lors de chaque championnat ou presque auquel nous participons, les records nationaux valsent… Nous avons un certain nombre de nageurs de qualité qui percent », ajoute-t-il.
Baqlah souligne qu’il a profité pleinement de son expérience des Jeux Olympiques de la Jeunesse de 2014 à Nanjing, et pas seulement d’un point de vue sportif. « J’ai apprécié de découvrir la culture chinoise. Cela m’a plu d’apprendre des choses sur les différents pays et sur leurs traditions, et le fait de pouvoir comparer mon pays à d’autres m’a ouvert l’esprit. »
Il avoue que la natation lui procure beaucoup de plaisir. « Lorsque vous êtes sur le plot de départ en attendant de plonger dans le bassin, dit-il, c’est une sensation inoubliable. Tout le monde vous regarde, votre cœur bat la chamade… C’est très excitant. »
« Mais surtout, quand vous entrez dans l’eau, les muscles se contractent davantage et délivrent leur dose d’excitation et d’adrénaline. C’est un sentiment que je n’ai encore jamais éprouvé en pratiquant une autre activité. »
Son programme d’entraînement se compose de basketball et de crossfit, afin d’améliorer ses performances physiques, et de course qui permet, dit-il, de réduire le stress.
Toutefois, à l’approche de Rio, il est en train de monter en puissance. « La fréquence et l’intensité de mes séances d’entraînement augmentent. Cela veut dire que la pression est plus forte, mais c’est bien car on se retrouve dans l’état d’esprit qui convient. Ça me permet de rester concentrer sur le fait que les Jeux seront bientôt là. »
Ali Al Nawaiseh, l’entraîneur en chef de l’équipe jordanienne de natation, confirme que le régime de Khader et de ses autres poulains est en effet intense.
« Ils effectuent 10 séances de deux heures dans l’eau par semaine et trois séances au sec en salle de 90 minutes chacune. Ils ont droit également à deux séances de préparation mentale, si bien que chaque nageur accumule jusqu’à 30 heures d’entraînement par semaine. »
Quels sont les objectifs de Baqlah pour Rio ? « Un meilleur classement et un nouveau record personnel, quelque chose dont nous puissions être fiers, mon pays et moi », dit-il.
« Les Jeux Olympiques ne représentent pas un défi uniquement pour moi, ajoute-t-il, mais aussi pour mon pays. Quand je monterai sur la scène olympique, je représenterai mon pays, ma culture et les gens qui m’ont aidé tout au long de mon parcours. Je les représenterai tous. »