Le rugby revient aux Jeux après 92 ans d’absence, et parmi les douze équipes engagées dans le tournoi masculin à sept, celle des Fidji se présente en N°1 mondiale et en grande favorite. Tout un archipel attend avec impatience sa première médaille olympique !
C’est un archipel du Pacifique sud composé de 332 iles (mais la population est concentrée sur les deux plus grandes, Vanua Levu et Viti Levu où est située la capitale Suva), voisin du Vanuatu à l’ouest, du Tonga à l’Est, et plus loin au sud, de la Nouvelle-Zélande. Peuplé d’environ 900.000 habitants tous fondus de rugby ! La FRU, fédération nationale de rugby à XV et à sept, compte plus de 80.000 licenciés. Et si l’équipe nationale à XV, qui a participé à toutes les éditions de la Coupe du monde, a atteint aux mieux les quarts de finale (en 1987 et en 2007) celle à sept domine depuis plusieurs années la scène planétaire, et se présentera en favorite pour le retour du ballon ovale aux Jeux. Prête à signer un exploit historique : remporter à Rio la première médaille olympique des Fidji, et pas n’importe laquelle : l’or. Un titre que les fidjiens attendent depuis leur première participation à la grande fête olympique, en 1956 à Melbourne.
On dit souvent de l’équipe à XV des Fidji qu’elle pèche par l’organisation et la discipline de son pack d’avants. Les demi et les trois quarts en revanche, dans le jeu de passes, dans les courses, dans les tours de passe-passe qui leurs sont propres, ont régalé les publics du monde entier et beaucoup d’entre-eux évoluent dans les meilleurs clubs de la planète que ce soit dans les hémisphères nord ou sud. Ce grain de folie se retrouve pleinement dans le rugby à sept, devenu le sport national. Là, les puissants joueurs fidjiens, grands dévoreurs d’espaces, véritables magiciens balle en main, pratiquant un jeu collectif d’une précision millimétrée, forment aujourd’hui l’équipe la plus redoutée au monde.
« Le rugby à sept au sommet de la liste »
Pour mesurer l’engouement suscité par le « Fiji Sevens », il faut écouter Joseph Rodan, le président du CNO fidjien (FASANOC) : « Si nous gagnons quelque chose aux Jeux, vous ne pouvez pas imaginer ce qui pourrait se passer : nos Iles ne cesseraient plus de faire la fête ! Tout le monde aux Fidji soutient les Jeux Olympiques, et à chaque fois que l’équipe nationale à sept est en action, tous les foyers s’organisent autour d’elle. Si nous gagnons aux Jeux, l’aéroport de Nadi à Suva sera tout simplement trop petit pour accueillir la foule ! C’est la façon dont nous apprécions le sport aux Fidji. C’est un pays de fondus de sport, avec le rugby à sept au sommet de la liste. Nous sommes confiants et avons foi en nos deux équipes, hommes et femmes, pour qu’elles gagnent des médailles ».
Telles des rock stars en tournée mondiale, suivis partout par leur supporters, les Fidji ont ajouté en 2014-2015 et en 2015-2016 deux nouvelles lignes à leur imposant palmarès en remportant coup sur coup les « World Rugby Sevens Series ». Cette saison, de Dubaï à Londres, de Sydney à Paris, du Cap à Vancouver, en passant par Hong Kong (leur tournoi fétiche qu’ils ont remporté seize fois), ils ont été l’équipe qui a marqué le plus de points (1704), le plus d’essais (265) et le plus de transformations (188). Leur entraineur britannique Ben Ryan explique : « Ce n’est pas n’importe quelle équipe. C’est la meilleure au monde ces deux dernières années. Une équipe qui joue sur un tempo très élevé, un jeu à hauts-risques qui nécessite énormément d’habilité et de forme physique ».
Les magiciens de l’équipe fidjienne
Parmi les joueurs qui ont brillé de mille feux cette année, les magiciens que les spectateurs du stade Deodoro vont pouvoir découvrir en août prochain, il y a Jasa Veremalua, désigné « Impact player » de la saison. Courses chaloupées, raffuts dévastateurs, passes après contact d’école, il présente des statistiques impressionnantes en 2016 : 115 plaquages, 40 percées, 63 passes après contact, 123 ballons portés, 29 essais, 145 points marqués. Mais le meilleur marqueur de l’équipe est Vatemo Ravouvou, 287 points dont 97 transformations. Le capitaine Osea Kolinisau présente lui aussi des statistiques galactiques, avec notamment 128 plaquages : n°1 mondial de la saison dans ce secteur. Sans oublier Savena Rawaca, puissant guerrier qui renverse tout sur son passage, meilleur marqueur d’essais de sa formation en allant aplatir 35 fois pour 175 points en tout. Jerry Tuwai et Amenoni Nasilasila, pour ne citer qu’eux, sont aussi des joueurs clés de la formation dirigée par Ben Ryan.
Le « Fiji Sevens » sera clairement l’équipe à battre de la première compétition olympique de rugby depuis 1924. Probablement renforcée par des vedettes mondiales du XV comme Josua Tuisova ou du championnat de football américain (la NFL) comme Jarryd Hayne, qui a délaissé les San Francisco 49ers en mai pour rejoindre la formation olympique et qui dit « J’admire les Jeux depuis ma plus tendre enfance. Je ne pouvais pas laisser passer cette chance ». Sans garantie, tant les places pour figurer dans la sélection olympique finale à douze joueurs sont chères.
La star néo-zélandaise Sonny Bill Williams résume bien l’impression laissée sur le terrain par les fidjiens : « Ils jouent autrement que toutes les autres équipes du circuit ». Un jeu spectaculaire, et formidablement efficace. Un jeu qui pourrait offrir à l’archipel mélanésien du pacifique sud le plus grand bonheur de toute son histoire sportive.