Kyle Chalmers, champion olympique et modèle de positivité
Même le coup d'arrêt imposé par la COVID-19 ne donnera pas de sueurs froides à Kyle Chalmers. Rien de surprenant de la part du nageur australien, qui est parvenu à décrocher la médaille d'or au 100 m nage libre lors des JO de Rio en 2016 malgré une maladie cardiaque chronique.
Triple médaillé olympique et triple médaillé des Jeux Olympiques de la Jeunesse, l'athlète est impatient de reprendre la compétition sur la plus grande scène sportive au monde.
"L'année prochaine, lorsque les Jeux Olympiques pourront enfin avoir lieu et que nous aurons, je l'espère, vaincu ce virus, les festivités seront exceptionnelles et nous pourrons fêter cette victoire tous ensemble", a déclaré le champion de nage libre à Olympic.org. "C'est une opportunité que j'attends avec beaucoup d'impatience."
Aujourd'hui âgé de 21 ans, le jeune homme s'est imposé sur la scène internationale en faisant une entrée fracassante sur la première marche du podium lors du 100 m nage libre aux Jeux Olympiques de Rio en 2016. Cette victoire a été suivie d'une médaille de bronze au 4 x 100 m nage libre et au relais 4 nages, puis de l'or au relais 4 x 200 m nage libre lors des Championnats du monde de la FINA en Corée du Sud en 2019.
Pourtant, à quelques semaines à peine de ce titre mondial, Chalmers a subi sa troisième opération en cinq ans, dans l'espoir que les chirurgiens trouvent enfin une solution à la maladie dont il souffre, la tachycardie supraventriculaire (SVT).
"J'avais 12 ans lorsqu'on m'a diagnostiqué une SVT. Pour faire court, il s'agit d'un syndrome qui provoque une accélération du rythme cardiaque, qui peut monter jusqu'à 200 (battements par minute)", explique Kyle Chalmers.
"J'ai subi ma première opération à 16 ans en 2015, juste avant les Championnats du monde de Kazan, mais elle n'a pas eu les résultats escomptés. En 2017, j'ai fait une nouvelle tentative qui a fonctionné pendant environ six mois, mais le problème est revenu. J'ai donc subi une troisième intervention en août 2019.
Les crises se produisent de manière très irrégulière, il est impossible de les anticiper. Et lorsqu'elles se déclenchent, elles sont incontrôlables. Elles me donnent le vertige, et si elles surviennent pendant que je m'entraîne, je pourrais m'évanouir dans la piscine."
Kyle Chalmers a connu trois incidents de ce genre depuis les Championnats du monde de 2019, dont un dans la chambre d'appel avant la demi-finale du 200 m nage libre.
"J'avais l'impression d'avoir couru un marathon avant même d'avoir commencé la course", se souvient-il. "Dès mon retour des championnats, je suis repassé sur le billard.
Je n'ai pas eu de crise depuis, donc j'espère que le problème est réglé pour de bon.
Je ne peux pas m'empêcher d'y penser lorsque j'attends mon tour, mais je suis également heureux de prouver (aux autres personnes souffrant de cette pathologie) que cette maladie ne représente pas une limite."
Désormais entièrement remis de l'opération, Kyle Chalmers concentrait toute son énergie à se préparer pour les Jeux de Tokyo 2020, où il comptait défendre son titre olympique. Malheureusement, comme pour le reste du monde, la pandémie de coronavirus l'a forcé à modifier ses projets.
"Lorsqu'ils ont annoncé que les Jeux Olympiques seraient reportés d'un an au lieu d'être annulés, j'ai été plus soulagé qu'autre chose", confie l'Australien.
"Ces quatre dernières années, je n'avais qu'un objectif en tête : être le plus rapide dans le bassin en juillet. Je savais que j'étais plus en forme que jamais. J'ai obtenu d'excellents résultats pendant l'entraînement et j'étais prêt à me lancer dans la compétition pour Tokyo 2020.
[Mais] il aurait été insensé de la part des athlètes comme des Jeux Olympiques de privilégier la compétition au détriment de la santé.
Nous vivons un événement sans précédent. Nous devons nous serrer les coudes et combattre ce virus ensemble.
J'ai essayé de voir le côté positif des choses. J'ai presque 22 ans, et j'en aurai 23 l'année prochaine, soit une année de plus au zénith de ma carrière de nageur. Lorsque je pourrai de nouveau nager, j'aurai plus la niaque que jamais.
Après Tokyo, il ne restera plus que trois ans à patienter avant les Jeux Olympiques (d'été) suivants, ce qui est plutôt encourageant."
Travailler chez soi est devenu la nouvelle norme pour beaucoup de personnes ces dernières semaines, et même les athlètes d'élite n'échappent pas à la règle.
"Je suis très bien installé", se réjouit Kyle. J'ai un vélo d'appartement et des équipements sportifs, et je discute beaucoup avec mes entraîneurs sur Zoom.
Pour un athlète, l'équipe et les entraîneurs font partie de la famille. Je passe plus de temps avec eux qu'avec mes proches, donc je suis ravi de passer une heure ou deux en ligne avec eux tous les jours, pour rester en contact et voir comment tout le monde gère la situation.
Ça se passe plutôt bien. J'ai remplacé la natation par d'autres activités physiques, comme le vélo ou la course à pied, et on continue à faire de la musculation, du yoga et des exercices physiothérapeutiques.
J'ai toujours eu une bonne capacité d'adaptation, ce qui m'a aidé à m'habituer à ce nouveau mode de vie. Pour l'instant, on est tous dans le même bateau."
Contrairement à une grande partie de la population, dont les vies sont au point mort en raison de la propagation mondiale du coronavirus, Kyle Chalmers assure que son isolement forcé a ravivé sa passion pour son sport.
"Je nage dans une piscine de 12 mètres au fond de mon jardin, ce qui n'est pas facile. Elle ne fait qu'un quart environ des bassins auxquels je suis habitué, donc je fais à peine trois battements de bras avant d'être obligé de faire demi-tour et repartir dans l'autre sens.
Malgré tout, c'est un grand soulagement d'être dans l'eau. J'ai toujours pensé que le jour où j'arrêterai la natation (professionnelle), je ne remettrais plus les pieds dans l'eau. Pourtant, lorsque les circonstances m'ont obligé à m'éloigner de la piscine, je n'ai envie que de faire ce que j'aime le plus : nager."