Après sa nouvelle chute lors de la Vuelta, les interrogations quant à sa présence aux Championnats du monde pesaient. Mais Julian Alaphilippe est bien là, prêt à se « faire mal pour l’équipe de France », à quatre jours de prendre le départ des Mondiaux de course en ligne, dimanche 25 septembre à Wollongong en Australie.
Double champion du monde en titre, il n’aura pas le même statut que les années précédentes, mais la même envie. Lors de la conférence de presse de l’équipe de France, composée notamment de Romain Bardet, Benoit Cosnefroy et Christophe Laporte, Alaphilippe a fait part d’une grande lucidité.
Conscient de ne pas être le seul leader des Bleus, notamment après sa chute lors de Liège-Bastogne-Liège en avril, qui lui avait causé deux côtes cassées et un pneumothorax, et d’une autre chute sur le Tour d’Espagne en août qui l’avait contraint à l’abandon, il est revenu sur son ambition de tout donner pour que le maillot arc-en-ciel de champion du monde revienne à la France, sur sa saison et sur son état d’esprit, alors qu’il pourrait devenir le deuxième coureur à remporter trois titres consécutifs, après Peter Sagan (2015, 2016, 2017).
Julian Alaphilippe, comment vous sentez-vous ?
Je suis très content d'être ici, avec beaucoup de motivation. Je suis plutôt relax. Je n'arrive pas dans les meilleures conditions. La dernière fois que j'étais sur le vélo en course, je me suis blessé une fois de plus. Presqu'une fois de trop. Je suis content d'avoir retrouvé les mecs et d'être prêt à me battre dimanche pour essayer de garder le maillot dans l’équipe.
Je suis déjà super content d'être là. Rejoindre l'équipe de France est toujours une expérience particulière : se battre tous avec le même maillot pour un objectif commun. Ces moments font plaisir. Quand je vois ma saison compliquée, je suis déjà super content d'être là. Bien sûr, on vient faire un résultat, et le maillot sera la cerise sur le gâteau. Je serais vraiment content de revivre ce qu'on a vécu ces deux dernières années. Et encore plus content je crois si un de mes collègues prend le maillot.
L’équipe de France est très dense, vous n’êtes pas le seul leader. Comment le vivez-vous ?
Ça me va bien. Premièrement, parce que je n'ai pas le choix ! Je pense que dans l’équipe, personne ne doute de mon état d'esprit. Thomas [Voeckler] le sait, je ne suis certainement pas à 100 %. Mais j'ai vraiment envie de me faire mal, de donner le meilleur de moi-même sur cette course. Pour l'équipe de France, mais aussi pour essayer de gagner avec les gars. On a vraiment des profils différents qui vont correspondre à cette course, qui va être usante. On n'est certainement pas les grands favoris, mais on peut rendre la course encore plus dure et essayer de peser dans le final et jouer pour le maillot. Je me considère capable de peser sur la course et d'avoir un rôle important à jouer avec l'équipe de France.
Après ces deux chutes cette saison, avez-vous de l’appréhension ?
Je pense qu'il ne faut pas avoir peur, sinon on freine un peu plus et on recule dans le peloton. Je n'ai pas d'appréhension, mais je ne cache pas que lorsque ça roule vite, quand on passe pas loin d'une chute, j'ai peut-être un peu plus peur qu'avant.
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Quelle pression ressentez-vous alors que vous pouvez remporter un troisième titre consécutif ?
Je ne la ressens pas du tout. La pression, je l'ai eu à Imola [en 2020]. L'année dernière, j'étais vraiment motivé pour gagner et j'ai couru pour gagner. Mais j'étais surtout prêt à perdre aussi. J'avais zéro pression et j'en ai encore moins ici car je sais comment se sont passées ces dernières semaines, et je sais que c'est la tête qui va faire la différence, plus que les jambes. Pour moi en tous cas. Je n'ai pas de pression, juste envie de donner le maximum et de finir dimanche en ayant tout donné sans regret.
Le parcours est très accidenté. Vous convient-il ?
C'est un circuit qui va être usant, avec une bosse plus dure que ce qu'elle en a l'air. On verra si certaines équipes auront envie de faire un tempo pour que ça se déclenche le plus tard possible. Et si c'est une course qui se durcit très tôt, comme ce qu'on a pu faire l'année dernière, ça peut être une course vraiment très dure.
Après cette saison particulière, voyez-vous le cyclisme de la même manière ?
Ma famille et mon petit garçon m'ont fait beaucoup de bien dans ces moments durs. Il n'y a pas eu que la chute à Liège. Plusieurs fois, j'ai eu envie de poser le vélo dans le garage et d'être déjà en 2023. Donc c'est l'année de la résilience. Je suis revenu à chaque fois, j'ai beaucoup travaillé malgré les contretemps. Et je suis là avec les copains. Je profite de chaque seconde, chaque kilomètre, de chaque moment.
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