JO de Paris 2024 | Natation - « Un ascenseur émotionnel » pour la famille Grousset, après un voyage de 16 000 km
Difficile de se concentrer pour Maxime Grousset.
Alors que l'ambiance de la Paris La Défense Arena reste à son apex, vibrant au refrain de la chanson Heroes d'Alesso, les proches du nageur l'acclament lors de son passage devant la presse. Les « Maxime, Maxime » arrivent jusqu'au héros du jour, qui adresse des larges sourires en retour vers la tribune, pendant que Florent Manaudou raconte les coulisses de cette historique médaille de bronze du relais 4 x 100 m quatre nages.
C'est un doux mélange de soulagement et de bonheur qui se lit sur le visage de Maxime Grousset, qui vient de remporter sa première médaille olympique, ce dimanche 4 août. Une récompense qui survient après un passage de relais parfait, où le nageur a fait passer la France en tête lors de son 100 mètres papillon, terminé en 49,57 s, deuxième temps derrière Caeleb Dressel (49,41 s).
« J'avais juste envie de me donner pour l'équipe. Je suis parti à fond au premier 50 m parce que je sentais la vitesse. Au moment où je me suis élancé, j'avais le cœur qui battait très fort. Je savais que j'allais faire une bonne course. Faire ça avec de grands champions comme Florent (Manaudou), Léon (Marchand) et maintenant Yohann, ça fait plaisir », affirme Maxime Grousset en exclusivité à Olympics.com.
Un peu plus haut dans la Paris La Défense Arena, l'entourage du natif de Nouméa, en Nouvelle-Calédonie, a vécu cette finale comme dans un rêve.
« C'était dingue ! », s'exclame Stéphane Grousset, le père du nageur. « On essaie de le porter, on se casse la voix. J'imagine qu'il doit vivre un truc extraordinaire. Il s'est fait porter par tout un stade et il était en position de chasseur en train de remonter les mecs. Il passe devant au virage et il termine premier devant. Quel kiff quoi ! Quel que soit le sport, c'est le scénario rêvé. »
« À Paris, au moment des Jeux et être porté par la foule, quel pied ! »
Après une semaine de compétition où il n'aura pas réussi à décrocher une médaille sur une course individuelle, Maxime Grousset aura attendu sa dernière apparition de ces Jeux Olympiques de Paris 2024 pour se voir récompenser aux côtés de Yohann Ndoye-Brouard (dos), Léon Marchand (brasse) et Florent Manaudou (crawl).
« Un sacré ascenseur émotionnel toute la semaine » pour son entourage, qui par l'intermédiaire de Stéphane Grousset, ne cachait pas leurs émotions après ces neuf jours de natation.
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Un voyage de 16 000 kilomètres et un final en apothéose
Plus de 16 000 kilomètres séparent la Nouvelle-Calédonie, la terre d'origine de Maxime Grousset, de Paris, la ville hôte des Jeux Olympiques.
Une distance que n'a pas hésité à parcourir les parents de Maxime Grousset, Sandrine et Stéphane ainsi que sa sœur Emma, miss Nouvelle-Calédonie 2023.
« On vit toujours en Nouvelle-Calédonie, donc on est venus spécialement pour les Jeux », confirme Stéphane Grousset, le père du nouveau médaillé de bronze, installé là-bas depuis 1995.
Cinquième lors de la finale du 100 mètres nage libre puis de la finale du 100 mètres papillon où il est champion du monde en titre, Maxime Grousset nous confiait : « C’est le sport, parfois c’est difficile. Parfois on y est, parfois on n’y est pas. Je pensais y être, mais visiblement non. »
Deux déceptions partagées par les proches du nageur.
« Il y avait de la tristesse, ressentie à distance sur sa finale où il termine encore cinquième hier. Forcément, on a les boules parce qu'on est triste pour lui. On sait qu'il est capable de faire mieux et qu'il a envie de faire mieux », confirme Stéphane Grousset.
Mais c'est dans la difficulté que l'on reconnaît les grands champions. Plus belle fut donc cette première médaille olympique pour le clan Grousset, qui pouvait enfin laisser exploser sa joie.
« On est très content pour lui parce qu'il termine sur une note positive. Le faire en relais, ça a toujours été dans ses gênes. Parce qu'il y a le jeu, il y a l'équipe, c'est le moment, où on s'éclate et où on envoie tout. C'était une super finale. »
Malgré l'enjeu, le Français est apparu détendu et serein avant son ultime finale. Une attitude qui lui vient de ses origines, selon son père.
« Cette détente évidente qu'il a tout le temps, c'est lié à là où il est né et il a grandi. Il vient de Nouvelle-Calédonie, le rythme de vie est un peu différent, le contact avec les gens est un peu différent aussi. Même si quand il attaque une course, il ne la prend pas à la légère. Là, en relais, il est allé avec cet esprit du jeu et du combat. Cette détente, s'il l'avait eu hier, peut-être qu'ils les auraient éclaté, ça aurait été mieux. (rires) »
« Ce soir, c'étaient des larmes pour les bonnes raisons »
Mais comment vit-on des Jeux Olympiques en tant que parent-supporter ? A-t-on la possibilité de voir son fils, engagé dans des courses olympiques presque quotidiennement ?
« On le voit très peu », détaille Stéphane Grousset.
« On a fait des efforts pour essayer d'aller le voir au bord du bassin, on ne l'a pas vu. Il faut envoyer les bons messages dans les bons comme dans les mauvais moments. Ce n'est pas simple parce qu'on aimerait pouvoir le serrer dans nos bras et puis le réconforter quand on sait qu'il est en train de vivre un truc pas drôle. »
Pas question de lui donner des conseils techniques ou des analyses sur ses courses. « Il y a tellement de monde compétent autour de lui que ça ne sert à rien. Sinon, le faire sourire peut-être. »
« En tant que parent spectateur, on le vit avec passion. Ce sont des rires, des larmes, un peu tout ça toute la semaine. Ce soir, c'étaient des larmes pour les bonnes raisons. »
Des larmes qui se sont prolongées après l'interview, interrompue par un appel vidéo de… Maxime Grousset, prêt à être célébré par les siens.