JO de Paris 2024 - Marchand, Grousset, Manaudou, Ndoye-Brouard, un relais médaillé historique : « Je m'en souviendrai toute ma vie »

Par Florian Bouhier
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Photo de 2024 Getty Images

À voir leurs visages rayonnants à l'issue de la course, les quatre bleus du relais 4x100m quatre nages avaient réussi beaucoup plus qu'une troisième place olympique.

Après une course endiablée, où ils ont établi un nouveau record national sur l'épreuve, Yohann Ndoye-Brouard (dos), Léon Marchand (brasse), Maxime Grousset (papillon) et Florent Manaudou (crawl) ont décroché une belle médaille de bronze.

C'est une grande première pour la natation française qui tournait autour depuis des années, consciente du très fort potentiel qu'elle disposait avant ce grand rendez-vous du 4 août, dernier jour des épreuves de natation aux Jeux Olympiques de Paris 2024.

Une date qu'avait cochée dans un coin de sa tête Léon Marchand, désormais quintuple médaillé olympique.

« C’était énorme. Je voulais le faire pour ces gars-là, ça fait trois ans qu’on y pense pour le public français. C'était la dernière course des Jeux à la maison, c’était trop bien. Être en équipe, c’est une saveur différente, on partage tout. »

Une médaille qui doit autant aux derniers 50 mètres de Ndoye-Brouard, à l'aisance de Marchand sur brasse, à la puissance de Grousset ou encore au finish de Manaudou.

Un relais français qui a vécu mille vies avant de venir prendre la lumière, au meilleur moment, sur la plus belle scène du monde, celle des Jeux Olympiques.

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Florent Manaudou : « J’ai connu une génération dorée en 2012, j’en connais une seconde en 2024 »

« Moi, c'était mon premier relais. Les mecs m'avaient dit : 'Tu verras, après ça, tu auras envie de nager pour dix ans. »

C'était en 2013, lors des Mondiaux de Barcelone. Un certain Florent Manaudou faisait sa première apparition dans le relais français. Cette année-là, guidé par Fabien Gilot et Jérémy Stravius, le relais 4 x 100 m nage libre français s'était imposé à la surprise générale devant les Américains.

Plus de dix ans plus tard, on retrouve Florent Manaudou, qui a mené le relais 4 x 100 m quatre nages à la première médaille olympique de son histoire.

« C’était sans doute ma dernière course olympique, la partager avec les garçons ... J’ai connu une génération dorée en 2012, j’en connais une seconde en 2024. On avait fait sept médailles à Londres, on en fait sept ici. C’est juste incroyable de vivre ça avec les gars. Pour ma part, une dernière course olympique avec une dernière médaille à la maison, je ne peux pas rêver mieux. »

Poussé par tout un stade, qui a encore fait monter les décibels très très haut, Florent Manaudou a pris le relais d'un Maxime Grousset impérial lors de son passage. Au caractère, le désormais sextuple médaillé olympique est arrivé, à 33 ans, à tenir, malgré le fait que le 100 mètres n'est pas sa distance favorite.

« Moi, je suis un nageur de 50 m, j’ai 33 ans, déjà quand j’en avais 22 ça piquait les fins de 100 mètres. Je ne regrette pas d’avoir fait des entrainements spécifiques 100 mètres cette année. Je les ai faits justement pour faire cette finale olympique. J’aurais pu nager plus vite, mais c’est une finale olympique, ce n’est pas simple », explique-t-il après la course, tout sourire en zone mixte.

Mais si le porte-drapeau de la délégation française était si heureux, c'est parce qu'il peut partager son bonheur avec trois autres nageurs, dont deux qui ont obtenu leur première médaille olympique, Maxime Grousset et Yohann Ndoye-Brouard.

« Je voulais décrocher une médaille pour les deux qui n’en avaient jamais eu. »

« Ça a vraiment une autre saveur de réussir en équipe »

Après un départ poussif, Yohann Ndoye-Brouard a fait exploser les supporters français, faisant passer le relais de la sixième position à la troisième lors de son dernier cinquante mètres sur dos.

Fluide et relâché, le nageur a appris de sa 7e place en finale du 100 m dos, un peu plus tôt dans les Jeux Olympiques de Paris 2024, et était fier de faire partie d’un tel relais.

« J’ai voulu tout donner au 4 x100 m 4 nages pour repartir avec une médaille. C’est une médaille que je partage avec Florent Manaudou, qui était mon idole quand j’étais petit, Maxime Grousset avec qui je m’entraîne depuis maintenant plus de six ans, et Léon Marchand qui est le roi de ces Jeux Olympiques. C’est super de partager une chose pareille avec ces trois gars. »

Lors des Jeux Olympiques de Tokyo 2020, Yohann Ndoye-Brouard était déjà présent dans le relais. Dixième il y a trois ans, le relais français a « grappillé » et progressé pour désormais nager sans complexe avec les meilleures nations du monde.

« À Tokyo, on était dixième. À Budapest, on était cinquième. À Fukuoka, on était quatrième. À partir de l’année dernière, on s’est dit qu’il y avait vraiment quelque chose à faire », a déclaré le champion d'Europe 2022 du 200 m dos, répondant à une question d'Olympics.com en conférence de presse.

Un peu plus tôt, Maxime Grousset confiait à Olympics.com que la clé de ce premier relais médaillé de l'histoire était son mental, cette envie de vouloir tout donner, pour soi, mais également pour les autres.

« J'avais juste envie de me donner pour l'équipe. Je suis parti à fond au premier 50 m parce que je sentais la vitesse. Au moment où je me suis élancé, j'avais le cœur qui battait très fort. Je savais que j'allais faire une bonne course. Faire ça avec de grands champions comme Florent (Manaudou), Léon (Marchand) et maintenant Yohann, ça fait plaisir. »

« Ces dernières 24 heures, on les a passées ensemble. On a mangé hier soir ensemble, ce midi ensemble, on est partis ensemble », raconte Yohann Ndoye-Brouard, contemplant sa première médaille olympique autour du cou.

« On a vraiment voulu créer cet esprit de groupe. J’ai l’impression que ça a bien marché. Dans la chambre d’appel, Florent nous a dit quelques mots qui nous ont bien motivés. Il nous a dit de vraiment bien kiffer ce moment. C’est super de pouvoir partager de telles émotions avec d’autres gens. Même Léon le disait, ça a vraiment une autre saveur de réussir en équipe. »

Léon Marchand et Florent Manaudou, heureux, après leur médaille de bronze en relais.

Photo de 2024 Getty Images