Championnats du monde de patinage artistique 2023 : Loena Hendrickx « veux réaliser ce qui semble impossible » et monte sur un deuxième podium consécutif

Pour Loena Hendrickx, le patinage artistique est une affaire de famille.

Lorsque la Belge a remporté le bronze aux Championnats du monde de patinage artistique 2023, ce vendredi 24 mars au Japon, elle était peut-être seule sur la glace mais son frère n'était pas loin. Jorik, également olympien, est son entraîneur et la personne qui la connaît mieux que quiconque.

« Je sais qu'il a vécu tout ce que je vis, c'est un grand atout pour moi », expliquait-elle lors d'une interview avec Olympics.com avant le rendez-vous planétaire.

« C'est lui qui me connaît le mieux et sait comment je ressens chaque situation et compétition. Il m'a amenée à ce niveau et je suis tellement reconnaissante pour tout ce qu'il a fait pour moi. »

Le passage de sa coach historique Carine Herrygers à son frère Jorik a eu lieu à un moment inattendu : en août 2021, juste avant le début de la saison olympique. Mais les résultats parlent d'eux-mêmes. Loena Hendrickx est devenue la première Belge à monter sur le podium d'un Grand Prix seulement trois mois plus tard. Elle a ensuite pris la huitième place des Jeux Olympiques d'hiver de Beijing 2022, quatre ans après sa première participation olympique à PyeongChang 2018.

Quelques mois plus tard, elle remportait la médaille d'argent aux Championnats du monde 2022 à Montpellier.

Elle est arrivée au sommet de son art peu après son vingtième anniversaire.

Désormais âgée de 23 ans et double médaillée mondiale, elle a déjà Milano Cortina 2026 dans le viseur, mais sait que la route est encore longue. En s'entraînant de manière plus intelligente à son âge et en s'inspirant d'autres athlètes belges, cette route pourrait la mener vers les sommets.

Loena et Jorik Hendrickx : une association qui fonctionne

Jorik a été lui-même un patineur accompli avec quatre titres nationaux, deux participations aux Jeux Olympiques et une victoire au Nebelhorn Trophy en 2017. 

Après sa 14e place aux Jeux Olympiques d'hiver de PyeongChang 2018, il a commencé la transition pour devenir entraîneur. Mais Loena n'a pas tout de suite travaillé avec lui. Ce n'est qu'après avoir observé d'autres patineurs s'entraîner avec son frère qu'elle a réalisé que c'était ce qu'elle voulait faire aussi. Auparavant, les deux avaient déjà travaillé ensemble sous les ordres de Carine Herrygers.

« J'étais jalouse des autres patineurs qui avaient des leçons avec lui », s'amuse Hendrickx. « Je lui ai dit "moi aussi, je veux m'entraîner avec toi." Je me suis tout de suite sentie à l'aise avec lui. C'est un entraîneur tellement bon, et tellement inspirant. »

En plus de connaître Loena parfaitement, son frère/entraîneur pouvait lui offrir quelque chose dont elle avait particulièrement besoin à ce moment : une approche qui prenait en compte ses blessures. Alors que le patinage artistique femmes est souvent dominé par des adolescentes, Loena Hendrickx parvenait à exploiter son potentiel au début de sa vingtaine, ce qui l'obligeait à prendre soin de son corps d'une manière particulière.

« En tant qu'entraîneur, il a quelque chose en lui qui lui permet de reconnaître quand quelqu'un souffre et il réagit immédiatement pour ajuster le programme d'entraînement », explique-t-elle. « C'est quelque chose qui me manquait vraiment avant parce que j'ai eu beaucoup de blessures, mais je m'entraînais toujours tellement dur... Toujours et encore jusqu'à ce que ça casse. »

« Il trouve vraiment des solutions pour toujours s'entraîner, mais moins. Et je pense que c'est quelque chose dont j'avais besoin : avoir un entraîneur qui connaît mes aptitudes physiques et sait comment les utiliser en tant qu'athlète », continue la Belge.

Loena Hendrickx, à son rythme

Loena Hendrickx a été une patineuse prometteuse en junior mais son parcours a été freiné par des blessures et un manque de soutien financier. Au cours des années, elle a souffert de fractures à une vertèbre et à une cheville, mais aussi des problèmes à un pied, à un genou, au dos et à l'aine.

La blessure à l'aine est survenue quelques semaines avant les Championnats du monde 2022. Avec l'aide de son staff, la Belge est parvenue à être prête pour le rendez-vous planétaire et y écrire l'histoire en offrant à la Belgique sa première médaille aux Championnats du monde de patinage artistique depuis 1948. Elle a remis ça ce vendredi 24 mars à Saitama avec une troisième place synonyme de deuxième podium planétaire consécutif.

Loena Hendrickx apprécie le succès, particulièrement car il arrive à un rythme qui lui est propre et plus tard que certaines des jeunes stars de la discipline. L'International Skating Union (ISU) tente justement de faire évoluer cette norme avec ses nouvelles règles d'éligibilité relatives à l'âge.

« J'admire vraiment les patineurs qui brillent à 20 ans ou plus », avoue-t-elle. « Je sais [par mon expérience] que c'est vraiment difficile quand vous êtes plus âgés. C'est mentalement plus dur, mais aussi physiquement. Il faut plus de temps pour tout en revenant d'une blessure. Mentalement, c'est tellement plus dur parce que vous pensez à trop de choses. Toutes les mauvaises choses qui peuvent arriver vous traversent l'esprit. »

« Si je me repose sur ma mentalité de patineuse de 15 ans, alors je fais tout et je ne pense à rien d'autre, je fonce. C'était tellement plus facile que maintenant. Et c'est pour cette raison que j'admire vraiment les patineurs de 20 ans ou plus, parce que je sais à quel point c'est dur », poursuit-elle.

Et les patineuses de cette catégorie d'âge ont le vent en poupe. Aux Championnats du monde 2022, Loena Hendrickx n'avait été devancée que par la Japonaise Sakamoto Kaori. C'était la première fois que les deux premières de l'épreuve femmes des Mondiaux avaient plus de 20 ans depuis Yuna Kim et Carolina Kostner en 2013.

Elles sont remontées ensemble sur le podium de l'édition 2023 mais une patineuse de seulement 17 ans était cette fois intercalée entre elles : Lee Haein.

Passion, JO de Milano-Cortina 2026 et inspiration

Après avoir traversé de nombreuses épreuves avec son corps, Loena Hendrickx a particulièrement apprécié persévérer tout au long la saison olympique jusqu'aux Mondiaux où elle est montée sur le podium.

Cela a ravivé sa passion.

« Je pense juste qu'après avoir été blessée pendant longtemps, j'ai vraiment réalisé à quel point j'aime patiner et que c'est toujours le cas », partage-t-elle. « C'était le moment où je voulais vraiment y aller et travailler pour. Je veux réaliser tout ce qui semble impossible et le rendre possible. Et c'est juste ce que j'ai fait. »

Cet hiver, les défis ont aussi été nombreux, même si ses performances sont excellentes sur le papier. Après sa première victoire en Grand Prix au mois de novembre, elle a obtenu un résultat historique en décembre lors de la Finale du Grand Prix et aux Championnats d'Europe en janvier, mais a terminé ces deux événements en étant déçue de sa performance.

Elle a transformé ces rendez-vous en nouvelles opportunités d'apprentissage et en a récolté les fruits aux Championnats du monde 2023 avec 210,42 points et une médaille de bronze. Ce résultat lui permet de terminer sa saison en beauté, mais surtout de prendre rendez-vous pour les prochains Jeux Olympiques d'hiver.

« Les Jeux Olympiques d'hiver de Milano Cortina 2026 vont être vraiment spéciaux pour moi, parce qu'ils ont lieu en Europe et ma famille va pouvoir venir me voir. Je veux vraiment continuer de me surpasser et patiner aussi bien que possible pour mes troisièmes JO. »

Si Jorik a eu une influence particulière sur sa progression, Loena Hendrickx apprécie aussi les succès des athlètes belges en dehors de sa famille et de son sport. Elle se tourne vers les autres pour continuer de rendre l'impossible possible.

« J'admire vraiment le patineur de vitesse Bart Swings », avoue la Belge au sujet de son compatriote, médaillé d'or à Beijing 2022. « Il a gagné tellement de médailles, c'est juste incroyable. C'est aussi quelque chose que je veux réaliser. »