Instantané : dans les coulisses de la photo choc de PV Sindhu

David Ramos a pris l’une des photos les plus créatives et les plus célèbres de Rio 2016 : celle de la star indienne de badminton PV Sindhu, vue d’en haut, le volant parfaitement positionné au-dessus d’un œil. Le photographe espagnol explique comment le travail d’équipe a permis d'obtenir le cadre parfait, et évoque la vie tumultueuse d’un photographe olympique.

Instantané : dans les coulisses de la photo choc de PV Sindhu
(2016 Getty Images)

« La magie de la photographie, c’est qu’on est parfois servi par la chance et qu’on peut se dire qu’on a la photo parfaite, dit David Ramos. On ne peut pas l’anticiper. On doit juste essayer de s’y préparer. »

Le photographe barcelonais de 41 ans, qui travaille pour Getty Images, a su qu’il tenait une image absolument mythique dès qu’il a vu sa photo de PV Sindhu, la joueuse de badminton indienne, en action aux Jeux Olympiques de Rio 2016. Mais il s’empresse d’en attribuer le mérite à d’autres : comme beaucoup des meilleurs moments olympiques, c’est le fruit d’un travail de longue haleine en coulisses.

« Lorsqu’on couvre un match de badminton, il est difficile d’obtenir une photo originale, dit-il. C’est un exemple typique de travail collectif. La photo a été prise à l’aide d’un appareil photo télécommandé qui a été installé par un autre photographe de Getty, responsable de la robotique, des semaines avant les Jeux. Lorsque les Jeux Olympiques s’ouvrent, ils ont commencé pour nous depuis bien longtemps. Il y a beaucoup de préparation en amont. »

« Il a installé des appareils sur le toit du pavillon, dans de nombreuses positions. Sur le site, j’avais la possibilité de déclencher cet appareil par l’intermédiaire du mien. Mais malgré la technologie, on a besoin également de la main de l’homme pour le paramétrer correctement et saisir le bon moment. La photographie est une question de moments. Quand ils sont passés, c’est trop tard. »

Des recherches ont également porté leurs fruits. « Le badminton est assez spécifique et pas facile à photographier, dit le professionnel espagnol. J’avais besoin de connaître et de comprendre le sport avant de le photographier, et de réfléchir à de nouveaux angles. J’ai pensé qu’il serait important de prendre une photo vue d’en haut. C’est de là qu’on obtient les meilleures photos de badminton. Il y a des actions vraiment sympas sous cet angle. »

David Ramos reconnaît qu’il « espérait ce genre de photo, parce que c’est de là qu’elles servaient et que la caméra avait la partie droite du court dans son champ. J’étais prêt à avoir ce cadre. Et ça a marché : le volant était exactement au-dessus de l’œil. C’est juste ce qui fait le cadre. »

David Ramos n’a pas su tout de suite qu’il avait déniché une pépite. La vie d’un photographe olympique est extrêmement trépidante, et on passe en un clin d’œil d’une mission à une autre. Des milliers de photos sont transmises toutes les heures à un desk central, où les éditeurs photo choisissent les meilleures images. C’est également à la suite d’une édition parfaite que ce cliché a été repéré.

« C’est un autre exemple de travail d’équipe. Quand on photographie, il est très important que l’éditeur repère le cadre. Il a fallu un excellent travail pour qu’ils repèrent celui-là. Je ne l’ai pas vu tout de suite. Je suis parti couvrir un autre sport. La journée a été très, très longue. C’est plus tard, quand j’ai regardé les "meilleures photos de la journée ", que j’ai vu celle-là et que je me suis dit que le cadre était vraiment sympa. »

« C’était incroyable. L’angle, le moment, tout a fonctionné. Il y a les anneaux olympiques, la ligne, le jaune qui se détache sur le vert. C’est tout simplement parfait. »

David Ramos, qui est photographe de presse depuis 2001, couvrait ses premiers Jeux Olympiques. Depuis, il a également travaillé aux Jeux Olympiques d’hiver de PyeongChang 2018.

« J’adore travailler aux Jeux Olympiques. C’est une expérience très différente, dit-il. C’est un lieu de rêve pour un photographe et pour les sportifs. C’est un endroit où on veut aller au moins une fois dans sa vie. C’est une question d’émotions. Le niveau est si élevé. Tout le monde veut donner le meilleur de soi-même : photographes, journalistes et sportifs. J’ai l’impression que c’est vraiment différent des Championnats du monde, quel que soit le sport. Les Jeux dégagent une atmosphère romanesque, due à leur longue histoire. On veut voir des records du monde et des images mythiques. »

David Ramos a également capturé ce jour-là d’autres images superbes de PV Sindhu, qui allait finalement remporter une médaille d’argent. « Elle est très photogénique et dégage beaucoup d’émotion, dit-il. C’est une olympienne de pointe et j’ai de belles photos d’elle. C’est un jour dont je me souviendrai, dans mon expérience olympique. »

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