Jeux Olympiques de Paris 2024 : Le handball, une histoire de familles pour Tamara Horacek, la force tranquille des Bleues
Tamara Horacek est née en Croatie, mais c’est avec les Bleues qu’elle a été sacrée championne du monde de handball en 2023.
Arrivée en France à l’âge de 8 ans, c'était logique pour elle de demander la nationalité française par la suite. Même si elle aime revendiquer la beauté de son pays d’origine et son « côté yougoslave » qui réussit également aux frères Luka et Nikola Karabatic, elle s'illustre dans l'Hexagone depuis tant d'années. Elle compte 65 sélections avec les Tricolores et a surtout trouvé une seconde famille dans le handball français.
La médaillée d'argent des JO de Rio 2016 termine actuellement sa dernière saison avec les Neptunes de Nantes, avant d’espérer faire partie de la sélection* tricolore pour les Jeux Olympiques de Paris 2024.
À moins de 100 jours de cette échéance, la numéro 22 des Bleues s’est confiée en exclusivité à Olympics.com.
Découvrez l’histoire de Tamara Horacek, fille d’une ancienne handballeuse internationale croate et d’un père qui « prend vraiment son rôle à cœur » tellement il en est fier.
Mais sa famille s’étend bien au-delà de ses racines croates...
*Les Comités Olympiques Nationaux (CNO) étant les seules autorités habilitées à déterminer qui représentera leur pays aux Jeux Olympiques, la participation de chaque athlète dépend du processus du sélection de son CNO qui sélectionnera sa délégation nationale à Paris 2024. Dans les sports collectifs et les épreuves par équipes, les athlètes devront être sélectionnés de la même manière pour participer aux Jeux Olympiques de Paris 2024.
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Tamara Horacek : « Grâce à ma mère qui était handballeuse professionnelle, j'ai beaucoup voyagé »
Tamara Horacek est partie de Croatie dès ses trois ans. Avant de s’installer en France, elle a vécu en Slovénie et en Autriche, où sa mère Vesna a évolué en tant que handballeuse.
Aujourd’hui âgée de 28 ans, elle avoue ne pas avoir vraiment de souvenirs par rapport à sa terre d’origine, mis à part sa famille et son père qui vivent encore là-bas.
« J'associe la Croatie avec les vacances », confie la native de Požega, une petite ville située au nord-est du pays. Pour garder le lien, elle essaie d'y retourner au moins une fois par an. Sinon, c'est sa famille qui vient en France.
Pratiquer le handball à haut niveau n'est pas le seul point commun entre la mère et la fille. Si elles ont toutes les deux joué à Metz, le club slovène de Krim, à Ljubljana, aura aussi l’honneur de compter sur la deuxième génération Horacek dans ses rangs la saison prochaine.
« Pour la petite histoire, j'ai toujours dit ‘je n'irai jamais jouer là-bas', parce que j'ai souvent fait comme maman », avoue Tamara avec un grand sourire. « Mais au final, il ne faut jamais dire 'jamais', car c'était peut-être un signe… »
Elle ajoute que le passage de sa mère dans ce club a pesé dans sa prise de décision, outre son envie de rejouer l’EHF Champions League et d’acquérir une nouvelle expérience internationale dans sa carrière.
« Je me suis dit 'quelques années plus tard – plus de 20 ans maintenant –, ça peut être beau que la fille revienne jouer là-bas, alors que la plupart des dirigeants m'ont connue quand j'avais 4-5 ans’. Donc c'est un petit retour en arrière entre guillemets, mais avec une Tamara plus grande ! »
Et quand il s’agit de relations mère-fille, Tamara Horacek n’est pas la dernière puisqu’elle entretient à son tour ce lien de parenté avec ses deux chiennes : Prada, la maman, et Simba, la petite. Encore une histoire de famille !
Le père de Tamara Horacek « démontre son amour » en décortiquant tous ses matchs
Malgré la séparation de ses parents, Tamara Horacek est toujours restée en contact avec son père qui est reparti en Croatie quand elle avait 11 ans.
« C'est le papa un peu ‘fanatique’, un peu trop fier de sa fille », explique-t-elle avec tendresse. « Ce n'est rien de méchant quand je dis ‘fanatique’, mais il prend vraiment son rôle à cœur. »
Selon elle, c'est quelqu'un qui regarde trois fois chacun de ses matchs et qui pleure souvent plus qu’elle en cas de défaite. De temps en temps, elle lui dit « Papa, ce n'est pas grave : on a perdu, mais on est en bonne santé, c'est ce qui compte ! »
Et à son père de répondre : « Je ne comprends pas comment tu arrives à être aussi calme... » Peut-être ne lui a-t-elle pas encore révélé sa routine d’avant-match qui consiste à se mettre dans sa bulle avec son casque en écoutant de la musique des Antilles (dancehall, kompa, zouk), selon son mood...
Sa fierté paternelle l'incite à « décortiquer tous les matchs », en allant dans les moindres détails. Car s’il a joué au basketball, il connaît bien le handball après avoir suivi la mère de Tamara. « C'est chiant, mais au final c'est mignon. C'est comme ça qu'il démontre son amour ! », confie la principale concernée, non sans émotions.
Comme si cela ne suffisait pas, l’histoire fait que Tamara Horacek s'est presque trouvée un deuxième papa grâce au handball et qu'elle joue actuellement sous ses ordres en équipe de France.
Quand elle était au Pôle Espoirs de Metz, l'arrière gauche a été coachée par Corinne Krumbholz, la femme d'Olivier Krumbholz. Le sélectionneur des Bleues a même connu Tamara encore plus tôt, dès son arrivée en France, par l’intermédiaire de sa mère Vesna qui jouait dans le club messin à l’époque.
« C'est entre guillemets une relation de proximité […], mais il y a toujours beaucoup de respect entre nous et je le vouvoie toujours, même si j'ai grandi », explique-t-elle d’une voix teintée d’une affectueuse gratitude.
Olivier Krumbholz a donc eu l’occasion de suivre la joueuse franco-croate à ses débuts, avant même de l’intégrer à l’équipe de France féminine. Mais ça, c’est encore une autre histoire...
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L’équipe de France, comme une deuxième famille pour Tamara Horacek
Au-delà de ses repères familiaux, Tamara Horacek a bien pris ses marques au sein de la sélection tricolore. Sept ans après ses premières sélections, elle a réalisé un Mondial 2023 éblouissant avec des performances clés dans la quête du titre planétaire : neuf buts en demi-finale contre la Suède (37-28), cinq en finale contre la Norvège (31-28).
Chez les Bleues, la joueuse de 28 ans évolue notamment avec ses coéquipières de Nantes, Lena Grandveau et Oriane Ondono. Et il y a un petit air de famille avec ces deux joueuses qu'elle qualifie d'exceptionnelles de par leur côté travailleur et leur tempérament.
Ces traits de personnalité rappellent ceux de la Franco-Croate par sa tendance à ne rien lâcher.
« Quand on joue à n'importe quel jeu, que ce soit le handball ou un jeu de société, on veut toujours gagner », confie-t-elle en riant à propos de son « côté yougoslave ».
Son côté combatif, Tamara Horacek l’a également prouvé quand elle a été blessée. Ces épreuves n'ont pas remis en question la philosophie de celle qui se décrit comme quelqu'un de naturellement très souriante.
Elle essaie vraiment de garder le positif et de s'amuser au quotidien, un caractère qui facilite la vie de groupe. Cela tombe bien, sa famille du handball ne s'arrête pas à ses coéquipières nantaises. On y trouve aussi la championne olympique Grace Zaadi Deuna, sa colocataire de chambre en stage, avec qui elle a passé du temps au centre de formation à Metz.
Elles auront d’ailleurs le plaisir de se retrouver dans leur nouveau club slovène à la rentrée.
« Continuer à partager et voir comment on a évolué est un côté qui m'a plu », explique Tamara. L'occasion est belle de « boucler la boucle » dix ans plus tard, mais sans jamais arrêter de grandir ensemble.
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