Olivier Krumbholz, deux décennies de travail récompensées par l'or olympique

Sélectionneur pendant plus de vingt ans, il a fait du handball féminin français une puissance majeure, jusqu'à la consécration du titre olympique.

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(Photo de Maja Hitij/Getty Images)

Un compétiteur hors pair, une silhouette parfois bondissante, un volcan tantôt assoupi, tantôt en fusion... Olivier Krumbholz, c’est tout cela à la fois.

L’entraîneur de l’équipe de France de handball féminin, 63 ans, est également « un grand érudit plein d'anecdotes et de proverbes » (selon Philippe Bana, président de la Fédération française de handball), « un homme à l'aura toute particulière » (Estelle Nzé-Minko), et un grand connaisseur du vin.

Mais le Messin est surtout un entraîneur en or, un coach charismatique qui a porté le handball féminin jusqu'aux sommets. D’une sélection discrète à la fin des années 90, il a fait une machine de guerre qui a remporté la récompense suprême : une médaille d'or aux Jeux Olympiques de Tokyo 2020.

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Passionné par le coaching

Ancien joueur de 1ère division sous les couleurs de l’équipe du SMEC (Stade messin étudiants club), il s'intéresse rapidement à l’entraînement. Très tôt, en parallèle de sa passion balle en main, il coache les cadets, puis les juniors du club.

À 28 ans, il fait un choix radical : mettre un terme à sa carrière de joueur pour entraîner l’équipe féminine de l’ASPTT Metz. Une reconversion inattendue, mais menée de main de maître, avec six titres de championnes de France.

En 1998, il prend les rênes de l’équipe de France féminine... pour 15 années, sans interruption. Sous son impulsion, les Bleues vont se qualifier pour quatre finales de de Championnats du Monde (1999, 2003, 2009, 2011), avec un titre à la clef en 2003, sans oublier deux médailles de bronze aux Championnats d’Europe (2002, 2006). De 2000 à 2012, il qualifie également la France pour chaque Jeux Olympiques, même si aucune médaille ne vient récompenser le travail fourni. Pour le moment.

Des titres à foison

Sa mission est alors arrêtée en 2013… mais reprend dès 2016. Aux Jeux Olympiques de Rio, il guide les handballeuses françaises vers une improbable finale. Certes, elle sera perdue (face à la Russie), mais les Bleues décrochent leur première médaille olympique, et reprennent du poil de la bête.

Car la même année, la France décroche une nouvelle médaille de bronze à l’Euro 2016 avant de conquérir le titre mondial en 2017 (soit quatorze ans après le premier titre en 2003 !), puis au succès continental à l’Euro 2018.

Cette fois, les Bleues ont clairement l’or olympique en ligne de mire. Mais à Tokyo 2020, tout aurait pourtant pu s’arrêter très vite. La France tourne au ralenti lors de la phase de poules. Battues par l'Espagne (défaite 28-25), frustrées par la Suède (match nul 28-28), et crucifiées par le ROC (28-27), les Françaises sont au bord du précipice.

Mais elles finissent par arracher leur place en quart de finale du tournoi olympique, au terme d'un match aux airs de huitième de finale contre le Brésil (29-22).

Un collectif en or

Une prestation bien plus convaincante qui fait office de déclic. « Au travers de leur performance, les filles ont certainement retrouvé de la sérénité et de l'ambition », commente alors Olivier Krumbholz. « Il y avait une dichotomie entre leur niveau et leur ambition. Et aujourd'hui, on a porté la réalisation beaucoup plus haut ce qui nous permet d'aborder plus sereinement le quart de finale. »

La suite le confirmera : les Néerlandaises sont surclassées en quart de finale, puis les Suédoises maîtrisées en demies. La France est qualifiée pour sa deuxième finale consécutive aux Jeux Olympiques, retrouvant sur son chemin l'équipe du ROC, qui l’avait privée du titre à Rio 2016. Mais cette fois, les tricolores ne butent pas sur la dernière marche et triomphent en ce dimanche 8 août au stade national de Yoyogi.

Les résultats détaillés de la finale de handball féminin à Tokyo 2020

Ce sacre, c’est donc aussi celui de la méthode Krumbholz, une obsession de la performance et une gestion millimétrée de ses joueuses. Dans le classement des meilleures buteuses du tournoi, la meilleure Française est 6e, Pauletta Foppa. Preuve s’il en est que les Bleues s’appuient sur un collectif bien huilé, solidement soutenues par des gardiennes au talent hors normes.

Le tout formant donc une équipe en or (olympique). De quoi élever le Messin au rang de légende du sport français, et aussi de quoi faire faire un pas de géant à la cause des femmes, qui lui a toujours tenu énormément à cœur.

« Cette équipe de France représente les femmes, les femmes qui réussissent, les femmes qui se battent, les femmes qui arrivent à concilier vie personnelle et vie professionnelle. Nos matchs sont des matchs pour les femmes françaises », disait-il avant le triomphe contre les Russes en finale de l'Euro.

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