Gymnastique artistique : Benjamin Osberger, un incroyable rebond après une terrible chute qui a menacé sa carrière
Le gymnaste Benjamin Osberger fait partie de la sélection française pour la Coupe du monde qualificative aux JO de Paris 2024. Découvrez comment une blessure au dos pendant l'adolescence a contribué à renforcer son mental de champion.
Quatrième au cheval d’arçons aux Championnats d’Europe 2022, quatrième au sol aux Championnats du monde 2022, champion de France du concours général en 2023, médaillé d’argent au sol aux Nouveaux Internationaux de France 2023 : Benjamin Osberger est un des grands espoirs de la gymnastique artistique française.
Mais il aurait pu ne jamais vivre ces exploits.
Plus que sa technique impeccable, c’est son incroyable résilience qui lui a permis de connaître autant de grands moments dans sa jeune carrière. Après une blessure au dos qui a menacé son ascension vers le haut-niveau, le natif de Colmar a su transformer les conséquences d’une terrible chute en une force exceptionnelle pour rebondir.
Il fait aujourd’hui partie des six Français qui sont toujours en lice pour participer aux JO de Paris 2024. Avec Samir Aït Saïd, Cameron-Lie Bernard, Léo Saladino, Cyril Tommasone et Mathias Philippe, le gymnaste de 22 ans peut espérer décrocher un quota individuel lors de la Coupe du monde qualificative, un circuit de quatre étapes, qui s’ouvre ce jeudi 15 février au Caire.
Avant ce nouveau rendez-vous capital dans sa carrière, découvrez l'incroyable parcours de Benjamin Osberger.
*Les Comités Olympiques Nationaux (CNO) étant les seules autorités habilitées à déterminer qui représentera leur pays aux Jeux Olympiques, la participation de chaque athlète aux Jeux de Paris 2024 sera de fait du ressort desdits CNO, qui sélectionneront leur délégation nationale respective à Paris.
LIRE AUSSI :
Un médecin avait dit à Benjamin Osberger d'arrêter la gymnastique de haut niveau
La gymnastique a toujours fait partie de la vie de Benjamin Osberger. Avec un grand-père président de club et un père entraîneur, sa découverte de la discipline a eu lieu en même temps que ses premiers pas à l'école. Tout aurait pourtant pu s'arrêter précipitement quand le jeune gymnaste français a eu des problèmes de dos, vers 13 ou 14 ans.
« À la suite d'une chute aux barres parallèles en double carpé, je suis arrivé en une position qu'on appelle 'en scorpion' », explique-t-il dans une interview exclusive avec Olympics.com.
Après avoir fait des examens, il a été immobilisé au moins trois mois sans pratiquer son sport, en portant une ceinture abdominale. Lorsqu’un médecin lui a dit qu’il devait arrêter la gymnastique de haut niveau, Benjamin Osberger a demandé plusieurs avis médicaux complémentaires qui ont contredit le premier.
C'est que le jeune homme est « têtu ».
Rien ne pouvait l'empêcher de trouver un moyen de poursuivre sa carrière, même pas le suivi médical nécessaire avec une IRM et une radio EOS à faire tous les six mois jusqu'à ce jour.
« Depuis, ça n'a pas trop bougé », explique-t-il d’une voix rassurée. « Après, je suis toujours sérieux sur les soins, j'ai renforcé mon dos. »
Pour continuer de poursuivre ses rêves, le gymnaste de 22 ans a dû faire des choix mais aussi preuve d'un sérieux supplémentaire.
« Je pense que j'arrive à bien me gérer maintenant, à mieux me connaître vu que ça fait longtemps. J'arrive de plus en plus à savoir ce qui me fait mal et quand arrêter. Donc j'arrive à gérer ma douleur. Et maintenant je ne suis plus trop embêté, donc je suis vraiment content ! »
Benjamin Osberger : « Moralement, c'était dur à gérer »
Quand le premier verdict médical est tombé, Benjamin Osberger l’a vécu comme un gros coup de massue.
« C'était très dur », explique-t-il avec le recul. Et la douleur n'était pas que physique avec notamment la peur que ressentait sa mère. Il comprenait cette crainte, « parce que si après tu as des séquelles toute ta vie, ce n'est pas forcément bon. »
Lui aussi se posait des questions, un tel diagnostic ayant évidemment un impact fort sur le mental.
« Tu te demandes si tu vas vraiment réussir à aller au bout de ce que tu as envie de faire, surtout quand tu es jeune. Tu commences à peine à faire des compétitions internationales et là, on te dit que c'est peut-être fini… »
Malgré les difficultés qu’il a pu traverser à l’époque, Benjamin Osberger reconnaît avoir la chance d'être « assez fort mentalement ».
Ainsi, il n’a jamais baissé les bras. Et c’est probablement cette force de caractère, mêlée à son esprit de champion, qui l’a mené à son niveau actuel.
« Ça fait partie de ma vie, on va dire. Et je m'en suis servi pour rebondir. Maintenant, c’est une de mes forces ! »
LIRE AUSSI :
Délaisser les barres pour privilégier le sol : un mal pour un bien, selon Benjamin Osberger
À l’écoute de ses douleurs, Benjamin Osberger a su privilégier certains agrès par rapport à d’autres.
« Je suis assez content de mon choix, car […] j'ai toujours eu des qualités pour le sol. Le mal de dos me freinait au sol, parce que je ne pouvais pas trop en faire. Et depuis que j'ai réduit les barres parallèles et la barre fixe, j'ai pu faire beaucoup plus de sol et sans avoir de douleurs. Donc c'est aussi pour cette raison que j'ai arrêté [ces agrès] : pour me consacrer sur mes points forts. »
Des périodes vraiment compliquées ont précédé ce choix, avec des moments où même au cheval d'arçons, les douleurs se faisaient ressentir.
Le jeune gymnaste tricolore a donc su prendre son cheval par les poignées pour y remédier.
Et au vu de ses résultats actuels dans cette épreuve et aux exercices au sol, il semblerait que cette spécialisation ait été un mal pour un bien.
« Je pense que j'ai [trouvé] la bonne solution. Et ça a payé, on va dire, même si je n'ai pas fait non plus de médaille olympique et tout ça. Mais j'ai quand même fait un bon début de parcours. »
En effet, après ses premières compétitions internationales, alors qu’on lui avait dit quelques années auparavant que le haut niveau était peut-être fini pour lui, Benjamin Osberger peut sourire.
« J'ai prouvé aux autres qu'ils n'avaient pas forcément raison. Après, chacun ses choix. Peut-être qu'ils avaient peur aussi de mettre en danger la vie d'un adolescent. Ce que je comprends », explique celui qui a gagné plusieurs médailles en World Challenge Cup.
Cette détermination pourrait l’amener encore plus loin, voire plus haut.
Prochaine étape au Caire, du 15 au 18 février, où il tentera de tutoyer le sommet des pyramides en visant la plus haute marche du podium.
LIRE AUSSI :