Les poloïstes français ne veulent pas oublier d’où ils viennent

Les poloïstes français vont participer aux Championnats d’Europe à Split à partir de ce samedi 27 août. Cette échéance continentale sera une occasion pour eux de rappeler aux favoris qu'ils visent le podium aux Jeux Olympiques de Paris 2024. Mais si le collectif tricolore est mieux armé que par le passé, il ne veut pas pour autant perdre son ADN forgé dans la difficulté.

5 minPar Nicolas Kohlhuber
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(2016 Getty Images)

« On vient pour faire quelque chose et pas juste participer puis rentrer chez nous. À chaque match, les autres équipes doivent [avoir peur de jouer] contre l’équipe de France, ce qui n’était pas le cas avant. On veut montrer à tout le monde qu’on est là. »

Mehdi Marzouki l’a affirmé à Olympics.com, l’équipe de France de water-polo hommes va participer aux Championnats d’Europe 2022 avec la volonté de marquer les esprits. Les Bleus ambitionnent même une médaille continentale à deux ans des Jeux Olympiques de Paris 2024 où ils visent le podium.

Pour eux, une telle performance serait un message envoyé à la concurrence pour rappeler que oui, l’équipe de France compte sur la carte du water-polo mondial.

« On essaye de faire rentrer dans la tête des gens que l'équipe de France fait partie du top 8 mondial et qu'elle peut prendre des médailles à chaque compétition. On n'est pas encore dans le même groupe que les grandes nations, mais c'est ce qu'on doit réussir à faire », explique Mehdi Marzouki.

Le groupe tricolore n’a peut-être pas participé aux Championnats du monde cette année, mais il accumule les performances face aux équipes habituées aux podiums internationaux. Les joueurs de Florian Bruzzo restent notamment sur une quatrième place historique en Ligue mondiale.

Pour atteindre le dernier carré d’une compétition internationale pour la première fois depuis les Jeux Olympiques de Berlin 1936, ils ont notamment battu l’Espagne en ouverture puis les États-Unis et le Monténégro lors de la super finale organisée en juillet à Strasbourg.

Ces résultats veulent dire beaucoup pour les poloïstes français.

Les poloïstes français sont passés des Championnats d'Europe B aux Jeux Olympiques

« Avant, les grosses équipes, on ne les jouait même pas. Et quand on les jouait, ils faisaient tourner, ils s'en foutaient un peu. Maintenant, tu sens qu'ils sont vraiment stressés, qu'ils nous prennent vraiment au sérieux. Moi, j'ai vu cette différence. Même quand tu les joues, quand ils marquent un but, on voit qu'ils serrent le poing. Avant ça n'existait pas, ils jouaient, ils rigolaient, ne s'échauffaient quasiment pas. Ça nous fait sourire parce qu'on sait qu'avant ils ne nous calculaient même pas », se rappelle Mehdi Marzouki qui évolue en équipe de France depuis 12 ans.

Les Bleus ne participaient même pas aux Championnats d’Europe A quand le natif de Noisy-le-Sec a fait ses débuts en équipe nationale. Ils étaient habitués à un quotidien très éloigné du top 12 continental et des sommets aujourd’hui visés. C’est dans cette adversité que l’ossature de l’équipe actuelle s’est construite.

Son ADN est resté le même dans la progression qui a mené la France jusqu’aux Jeux Olympiques de Rio 2016. Mais les résultats et les objectifs actuels ne doivent pas faire oublier ce qui était le quotidien des poloïstes français il y a encore quelques années. Mehdi Marzouki reste aujourd'hui un des garants de cette identité.

« On voit vraiment une évolution fulgurante entre les Championnats d'Europe B et les Jeux Olympiques de Rio 2016. J'en parlais avec Ugo (Crousillat), on n'est que quelques joueurs à avoir connu ça. On se rend compte de la chance qu'on a. Les JO, les Championnats d'Europe, les stages avec les meilleures équipes du monde, avant on ne connaissait pas. Les jeunes ne réalisent pas vraiment. Ils n'ont pas vécu ce qu'on a vécu, ces Championnats d'Europe B, ces stages en Turquie ou en Slovaquie où c'était la bagarre. On essaie de leur rappeler que rien ne nous a été donné, rien n'est acquis. Il faut se battre parce qu'on sait d'où on vient. »

Mehdi Marzouki sait à quel point c’est important de ne pas perdre ce caractère qui a ramené les Bleus dans l’élite mondiale. Pour le numéro 9 tricolore, l’accession aux Championnats d’Europe A en 2014 est d’ailleurs son deuxième meilleur souvenir en Bleus avec la qualification pour les Jeux Olympiques de Rio 2016.

Pour Mehdi Marzouki, « retrouver la combativité de 2016 sera un grand pas en avant »

À l'époque, c'était une première depuis les Jeux de Barcelone 1992. Malgré une élimination au premier tour, les Bleus avaient déjà réussi un exploit historique. Si l’équipe actuelle parait plus forte sur le papier, Mehdi Marzouki n’est pas certain qu’elle puisse battre la cuvée 2016, justement à cause de cet état d’esprit qui a fait la réussite des Bleus depuis plus d’une décennie.

« C'est ce qu'on leur a dit la dernière fois : si on fait un match cette équipe-là contre celle de 2016, l'équipe de maintenant est beaucoup plus forte, mieux encadrée et a plus de moyens, mais peut-être qu'on perdrait contre celle de 2016 parce qu’on avait beaucoup plus faim. On était des plus grands guerriers que ce qu'on est maintenant et j'espère qu'on va le redevenir pour les Jeux Olympiques de Paris 2024. Si on arrive à avoir la combativité de l'équipe de 2016, on fera un grand pas en avant », a-t-il expliqué au sujet d’une jeune génération qui est parvenue à le surprendre avec son envie et sa volonté à prendre des décisions.

L’équipe de France avait perdu un peu de ce trait de caractère une fois la qualification obtenue pour Rio 2016. Aujourd’hui encore, Mehdi Marzouki regrette que les Bleus ne soient pas allés au bout de leur rêve olympique. Ils avaient été éliminés dès le premier tour avec un seul succès en cinq matchs.

S’il est devenu un olympien, un rêve qui semblait irréalisable à ses débuts, le Français espère désormais pouvoir franchir un nouveau cap en jouant la médaille olympique.

Aux Championnats d’Europe cet été ou aux Jeux Olympiques de Paris 2024, les poloïstes tricolores auront le même objectif : monter sur le podium, mais surtout se battre pour continuer de faire avancer le water-polo français.

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