Théo Gmür : gérer la pression pour gagner de nouveaux titres paralympiques

Théo Gmür est l’un des plus grands espoirs de médaille pour la Suisse aux Jeux Paralympiques d’hiver de Beijing 2022. Le skieur alpin, triple champion paralympique à PyeongChang 2018, sera de nouveau en haut des pistes paralympiques pour tenter de réitérer son exploit.

theo Gmur B2022
(2018 Getty Images)

Le para skieur alpin Théo Gmür était revenu en héros des Jeux Paralympiques de PyeongChang 2018.

Le Suisse de 25 ans avait réussi l’exploit de remporter trois épreuves (descente, slalom géant et super-G) lors de l’édition des Jeux en République de Corée. Un triplé en or qui constituait d’ailleurs les trois seules médailles de la délégation helvète cette année-là.

À Pékin, Gmür tentera de briller à nouveau en ski alpin dans la catégorie LW 9-1 debout.

Cette année, le skieur a changé de statut : il est désormais l'homme à battre. Gérer la pression des attentes est d'ailleurs le principal défi de cette nouvelle édition paralympique pour le suisse.

Mais pour lui : « Il a toujours fallu être au fond pour remonter à la surface », expliquait-il à Blick. Une philosophie qu'il a appliquée toute sa vie et qui pourrait lui servir pour conserver ses titres à Beijing 2022.

Le sport malgré le handicap

Le sport a toujours été un élément essentiel à la vie de Théo Gmür.

Mais à l’âge de deux ans, une nuit, le petit Théo s’est réveillé avec le côté droit du corps paralysé. Une hémiplégie vraisemblablement causée par un œdème cérébral ou un accident vasculaire cérébral, qui a laissé des séquelles irréversibles, mais qui n’a jamais empêché Gmür de faire du sport. Football, athlétisme, cirque, escrime, Théo Gmür est la preuve vivante que le handicap n’est un frein que si on le décide.

Mais bien évidement, grandissant à Haute-Nendaz, le ski s’est très vite imposé à ce mordu de sport. C’est d’ailleurs dès l’âge de deux ans et demi, soit six mois après la nuit de son accident, que le Valaisan a chaussé ses premiers skis, poussé par l’envie de suivre son frère.

« Mon grand frère est aujourd’hui un excellent coureur de demi-fond. Nous allions skier ensemble et je voulais absolument le suivre sur les pistes », explique Gmür sur son site internet.

« Mes parents me poussaient dans la même direction, ils ont toujours essayé de me mettre avec des valides. La différence entre eux et moi a toujours été un vecteur de motivation, car je la vois comme ma marge de progression. »

Mais alors que le jeune skieur commençait à monter en puissance, un nouvel accident aurait pu mettre un terme à sa carrière sportive naissante.

2011 : accident et décès de son père

L’année 2011 aurait pu avoir raison de la motivation de Théo Gmür.

Le 16 septembre, alors qu’il s’apprêtait à prendre le bus pour retourner chez lui, un autre bus caché derrière l’a surpris et lui a roulé sur les deux jambes. Emmené à l’hôpital en urgence, ses premières pensées furent : « Est-ce que je vais remarcher un jour ? », expliquait-il dans une interview avec Blick.

« J’ai passé 21 jours à l’hôpital de Sion, mais comme je n’arrivais pas à marcher avec des béquilles, on m’a transféré à la Suva. »

Mais le sort continue de s’acharner. En plein combat pour remarcher, Théo apprend coup sur coup, le décès de son oncle, puis celui de son père.

Tous ces événements auraient mis le moral de quiconque à rude épreuve, et Théo Gmür n’a pas fait exception. Mais au lieu de se renfermer, le skieur a décidé de sa battre encore plus fort.

« Cette fin d’année 2011 a été comme une seconde vie qu’on m’a donnée, durant laquelle il faut que je me batte pour rendre fier mon papa de là-haut. »

Une bataille de six mois de rééducation pour enfin rechausser les skis en décembre 2012. « La première chose que je me suis dit, c’est que je ne savais plus skier. Mais au final c’est revenu et surtout l’envie de remettre un dossard et de faire des courses. » Théo Gmür participe alors aux Championnats Suisses et remporte l’argent. Un performance qui a tapé dans l’œil de la fédération et qui l’a mené en 2013, à intégrer Swiss Paralympic, l’équipe handisport nationale.

Une saison 2017/18 de folie

La véritable révélation de Théo Gmür s’est déroulée pendant la saison 2017/18.

Durant cet hiver, il a remporté les Championnats nationaux en slalom et slalom géant, il a été sacré vice-champion du monde de slalom géant, il est monté à sept reprises sur les podiums de Coupe du monde, dont trois victoires, pour s’adjuger le gros globe de cristal et le petit globe de cristal de géant avant de se rendre à ses tous premiers Jeux Paralympiques d’hiver et d’y remporté trois médailles d’or, en descente, slalom géant et super-G.

« Une fois la médaille d’or autour de mon cou, j’ai ressenti des sentiments inexplicables. Trois courses, trois médailles d’or, c’est totalement fou. »

Des exploits qu’il va confirmer l’année suivante en devenant champion du monde de super-G et de descente et en ajoutant deux petits globes de cristal à sa collection, celui de descente et celui de géant de la saison 2019/20.

Maintenant, alors qu’il s’apprête à participer à Beijing 2022, le Valaisan doit faire face à une nouvelle situation qu’il n’avait pas à PyeongChang : gérer la pression des attentes.

Gérer la pression à Beijing 2022

« Mes médailles en République de Corée étaient inattendues. Lorsque je suis rentré en Suisse, ma vie a totalement changé. La pression est là et je la ressens », expliquait-il à Ski-actu.

S’il a vécu ses premiers Jeux avec une forme d’insouciance qui l’a aidé à réaliser ces incroyables performances, les Jeux de Beijing 2022 sont bien différents.

Désormais Théo Gmür est l’homme à battre et sais qu’il sera attendu au tournant.

« Quand on donne du caviar aux gens, ils s’attendent à en avoir de nouveau. »

Le skieur expliquait être en forme physiquement, mais que ces Jeux allaient être une véritable bataille mentale. D’autant qu’en début d’année 2022, juste avant les Mondiaux, Gmür s’est blessé au genou. « J’ai eu une blessure au genou gauche, une mini fissure au ménisque interne à deux semaines des Mondiaux, et ce n’était pas optimal. Sans compter la pression lors de chaque course. »

Il est tout de même reparti avec deux médailles de bronze, en super-G et en géant.

Désormais, l'objectif est clair : les Jeux Paralympiques d’hiver de Beijing 2022.

« Cela fait peur d’un côté. On a eu une flopée de champions olympiques [à Beijing 2022 chez les valides]. Je vais en Chine pour donner le meilleur et représenter de la meilleure des manières le drapeau rouge et blanc. Le reste est entre les mains du destin », concluait-il.

Suivre Théo Gmür à Beijing 2022

  • 5 mars - Descente hommes (debout)
  • 6 mars - Super-G hommes (debout)
  • 8 mars - Super combiné hommes (debout)
  • 10 mars - Slalom géant hommes (debout)
  • 12 mars - Slalom hommes (debout)
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