Alejandra Quereda Flores, entraîneure espagnole : Comment s’entraîner pour devenir l’une des meilleures athlètes en gymnastique rythmique

Par Marta Martín
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Sandra Aguilar, Artemi Gavezou, Elena Lopez, Lourdes Mohedano and Alejandra Quereda of Spain compete during the Group All-Around Final on Day 16 of the Rio 2016 Olympic Games
Photo de 2016 Getty Images

À l’occasion des Mondiaux de gymnastique rythmique 2023 à Valence, en Espagne, l’entraîneure espagnole s’est confiée à Olympics.com lors d’une interview exclusive à propos de ses méthodes d’entraînement et de l’importance qu’elle accorde aux Jeux Olympiques. 

Alejandra Quereda Flores a marqué l’histoire du sport espagnol en tant que membre de l’équipe de gymnastique rythmique qui a remporté la médaille d’argent aux Jeux Olympiques de Rio 2016.

Si l’équipe d’Espagne ne s’est pas qualifiée pour les Jeux de Tokyo 2020, la gymnastique rythmique espagnole n'a pas dit son dernier mot. Et Alejandra Quereda Flores est de nouveau un élément central de ce projet, mais avec la casquette d’entraîneure cette fois-ci.

Ce nouvel élan s’est constaté lors des Mondiaux 2022 à Sofia, en Bulgarie, où le groupe espagnol a remporté la médaille de bronze, obtenant ainsi un quota pour les Jeux Olympiques de Paris 2024.

À l’occasion des Championnats du monde de gymnastique rythmique 2023 organisés à Valence, en Espagne, l'été dernier, l’équipe d'Alejandra Quereda Flores était attendue par son public. Avant que les meilleures gymnastes mondiales entraient en piste, l’entraîneure de l’équipe espagnole a expliqué à Olympics.com comment son groupe s’entraîne en précisant l’importance des Jeux Olympiques pour elle.

Elle a également dévoilé ce qu'elle veut transmettre à ses gymnastes avant cette compétition : « Notre message principal vise à leur donner confiance en elles, pour qu’elles soient convaincues de leur préparation et du travail que nous menons ensemble au quotidien. Si nous parvenons à reproduire encore une fois à Valence ce que nous faisons tous les jours, elles peuvent réellement se classer parmi les meilleurs pays par équipe et faire partie des premières gymnastes à obtenir un quota de qualification en individuel. »

Cette méthode semble avoir fonctionné puisque l'Espagne est montée sur un nouveau podium mondial avec une troisième place dans le concours général par groupes et la qualification de deux athlètes en finale individuelle.

Une semaine-type d’entraînement en gymnastique rythmique, selon Alejandra Quereda Flores

« Technique, préparation physique, chorégraphie et échauffements spécifiques pour la préparation physique : voilà la base de notre programme d’entraînement », a déclaré Alejandra Quereda Flores à Olympics.com, avant de détailler chaque élément.

Préparation physique : puissance et endurance

« Ces séances sont animées par le préparateur physique pour travailler sur l’endurance et la puissance. Nous avons environ deux ou trois séances par semaine. À l’approche d’une compétition, on réduit à deux, voire à une seule séance. La plupart de ces entraînements sont du conditionnement comme on peut en faire en salle, même s’ils sont combinés à d’autres types d’exercices. »

« La puissance a pris une importance particulière, surtout ces dernières années, car la gymnastique a évolué à différents niveaux. Avant, la carrière des gymnastes était extrêmement courte. Maintenant, ce n'est plus autant le cas. Je pense que c’est quelque chose de positif : plus l’athlète est expérimentée, plus elle apprécie, plus elle a conscience de ce qu’elle fait, ce qui la rend d’autant plus professionnelle. »

« En même temps, la puissance est également importante à cause des exigences du système de notation. On a vu une transformation au niveau du profil type des gymnastes et, maintenant, elles s’apparentent davantage à des athlètes. C’est pourquoi la puissance doit faire partie des programmes d’entraînement. »

La danse en gymnastique rythmique

« Nous faisons trois à quatre séances de danse par semaine. »

Comment travailler la technique

« Nous faisons des séances techniques tous les jours, le matin et l’après-midi, sauf les jours où nous n’avons qu’un seul entraînement [à savoir deux jours par semaine]. Dans notre cas, lorsque la saison de compétitions approche, nous mettons encore plus l’accent sur la technique. Ces séances consistent à travailler sur des répétitions des éléments séparément, à faire les exercices partiellement, puis à réaliser intégralement les chorégraphies en musique. Lorsque la saison des compétitions est à son comble, nous devons être en mesure de faire les chorégraphies complètes à chaque séance et sans erreur, comme si nous étions en compétition. »

« Ces séances visent davantage à préserver l’essence et l’esthétique de la gymnastique rythmique. »

« Je crois que l’aspect le plus difficile dans ce contexte consiste à répéter l’exercice encore et encore, jour après jour, en écoutant la même musique pendant des heures entières. Et à la fin, l’expérience permet d’apprendre à s’entraîner. Je dis toujours qu’il faut apprendre à s’entraîner, et pas uniquement apprendre à faire des compétitions. »

L’importance du repos

« Pour nous, il est très important de planifier les jours de repos à l’avance. Les athlètes doivent savoir quand elles s’entraînent et quand elles se reposent pour accorder de l’importance à ces deux périodes. Le repos peut être associé à des moments de loisirs, bien sûr, mais à l’approche d’une compétition qui a lieu à un moment clé de la saison, il faut privilégier une vraie phase de repos. Souvent, ces moments de pause sont aussi consacrés à la récupération physique, en travaillant avec les kinés. Ce sont parfois des moments de déconnection totale, nécessaires pour le mental. »

« Pendant les Jeux, [...] nous essaierons de viser le plus haut possible, au lieu de se contenter de participer. »

Qu'est-ce qui différencie les meilleurs gymnastes des autres ?

« Je pense que plus un gymnaste a de l'expérience, meilleur il est. Pour moi, c'est essentiel de pouvoir venir sur le tapis avec cette maturité, cette expériencce, ce calme. »

« Au bout du compte, certains gymnastes ont une telle maturité et une telle expérience, que dans les épreuves en groupes, ils parviennent à établir cette connexion entre eux, un lien construit au fil des années en travaillant ensemble, et c'est ça qui fait qu'une équipe est meilleure qu'une autre. »

Après une médaille d'argent à Rio 2016, Paris 2024 dans le viseur

Alejandra Quereda Flores reconnaît que sa médaille d'argent gagnée à Rio 2016 est « le plus grand accomplissement » de sa carrière sportive.

Même en tant que coach, les JO sont toujours un objectif à part pour elle.

« Nous sommes concentrés sur l'obtention des quotas olympiques individuels pour pouvoir planifier au mieux notre préparation des Jeux Olympiques, pour arriver à Paris 2024 avec un pic de forme, et nous essaierons de viser le plus haut possible, au lieu de se contenter de participer. »

Un tel accomplissement serait loin d'être anodin. Une nouvelle médaille olympique pour l'Espagne viendrait alors récompenser ses gymnastes, mais aussi sa reconversion réussie en tant que coach.

« Tous les jours, je me lève avec la volonté de rendre à ces athlètes et au sport espagnol tout ce que la gymnastique rythmique m'a appris et donné. »