Tasi Limtiaco : mettre la natation micronésienne sous les feux des projecteurs aux Jeux de Paris 2024
Le nageur Tasi Limtiaco, originaire des États fédérés de Micronésie, explique comment un athlète né sur une petite île est parvenu à se hisser sur la scène mondiale grâce à une bourse de la Solidarité Olympique. Dans le cadre de notre série consacrée aux boursiers des Jeux de Paris, Tasi Limtiaco parle des progrès qu'il a accomplis depuis l'édition de Tokyo 2020 et des espoirs qu'il place dans l'avenir de la natation dans son pays natal.
Ayant grandi à Guam, une île située en plein cœur de l'océan Pacifique, Tasi Limtiaco a toujours été entouré d'eau.
"J'ai toujours aimé l'eau", explique-t-il. "J'allais nager tous les jours. Finalement, mon père m'a emmené dans un club près de chez nous pour que j'apprenne à nager correctement, et j'ai adoré. C'est comme cela que tout a commencé."
L'aisance de Tasi Limtiaco dans l'eau saute bientôt aux yeux de tous et le jeune garçon commence rapidement à éclipser ses pairs. Il ne lui faut guère de temps pour parvenir au sommet et, bien que satisfaisante, cette expérience le laisse quelque peu sur sa faim.
"Nous n'avions pas les meilleurs équipements", se souvient-il. "Je m'entraînais dans la piscine d'un hôtel ; elle faisait 15 mètres de long. Lorsque j'ai commencé à gravir les échelons et à progresser, je me suis retrouvé sans défi à relever."
Tasi Limtiaco comprend alors qu'il doit quitter son pays pour donner toute la mesure de son talent. Il s'installe d'abord au Japon, où il s'entraîne aux côtés de futurs olympiens, avant de s'établir en Thaïlande grâce à une bourse de World Aquatics.
S'expatrier se révèle difficile, mais c'est cette expérience qui en fait non seulement un meilleur nageur, mais aussi une meilleure personne.
"Sortir de ma zone de confort m'a poussé à m'améliorer, non seulement en natation, mais aussi dans la vie en général", confie-t-il. "La natation est un sport très technique. Vous devez constamment apprendre, être prêt à évoluer, et vous ne pouvez le faire qu'à travers les expériences que vous vivez."
De Tokyo au podium des Jeux du Pacifique
L'obtention d'une bourse de la Solidarité Olympique avant Tokyo 2020 permet à Tasi Limtiaco de faire ses débuts aux Jeux dans le 200 m quatre nages individuel. Représenter son pays sur la plus grande scène sportive du monde est une expérience surréaliste pour le Micronésien.
"J'étais très nerveux", reconnaît-il. "Mais pouvoir me tenir là, aux côtés d'autres olympiens, est un sentiment indicible."
Après ses débuts aux Jeux, Tasi Limtiaco emménage à San Diego grâce au renouvellement de la bourse que lui a octroyée la Solidarité Olympique, un financement essentiel à sa qualification pour Paris 2024.
Je ne serais pas ici, à San Diego, sans le financement de la Solidarité Olympique.
"Se rendre aux compétitions, payer les droits d'inscription, acheter du nouveau matériel – ce n'est pas donné. Les tenues de compétition sont probablement la plus grosse dépense pour les nageurs, et les fonds que j'ai reçus m'ont aidé. J'ai aussi pu me rendre à des rencontres auxquelles je n'aurais pas pu assister. Je connais des athlètes qui ont dû prendre plusieurs emplois pour subvenir à leurs besoins. Grâce au financement de la Solidarité Olympique, j'ai pu me concentrer sur mon entraînement."
L'installation de Tasi Limtiaco à l'étranger porte déjà ses fruits puisque le jeune homme a réalisé une performance historique à l'édition 2023 des Jeux du Pacifique, remportant trois médailles d'or – une première pour les États fédérés de Micronésie – et une médaille d'argent.
"L'un de mes principaux objectifs est de faire connaître la Micronésie, et le fait de remporter ces médailles d'or est un premier pas important dans cette direction", indique-t-il. "Je me suis aussi rendu compte que je n'avais pas encore atteint mon plus haut niveau, que je pouvais continuer à m'améliorer et que pour cela, je devais tout simplement persévérer."
Inspirer la nouvelle génération aux Jeux de Paris 2024
Après son succès aux Jeux du Pacifique, Tasi Limtiaco se prépare maintenant pour la plus grande course de sa carrière aux Jeux de Paris 2024, où il espère continuer à défendre les couleurs de la Micronésie.
"À Paris, j'espère établir un record national et faire passer la natation micronésienne à la vitesse supérieure", explique-t-il. "Je pense que cela aidera les gens à voir que même si l'on vient d'une petite île, on peut faire de grandes choses."
Être une source d'inspiration pour les jeunes nageurs de son pays est une chose qui tient particulièrement à cœur à Tasi Limtiaco et qui le motive alors qu'il se prépare à participer à ses deuxièmes Jeux.
"Il y a un tel potentiel inexploité dans notre pays", explique-t-il. "Les enfants manquent simplement des ressources, de l'encadrement ou des conseils dont disposent les autres pays. J'ai eu énormément de chance jusqu'à présent, on m'a ouvert de nombreuses portes ; je veux pouvoir rendre la pareille et aider les autres à donner toute la mesure de leur talent."
Pour l'après-Paris, Tasi Limtiaco veut porter la natation micronésienne à un niveau supérieur, aussi place-t-il de grands espoirs dans l'avenir.
"Je veux voir plus de médaillés, non seulement aux Jeux du Pacifique, mais aussi aux championnats d'Océanie", confie-t-il. "Et, qui sait, peut-être verrons-nous un jour un ou une Micronésienne sur un podium olympique."
Plus de 1 300 athlètes soutenus par la Solidarité Olympique
Ce sont 1 319 athlètes au total, originaires de 159 Comités Nationaux Olympiques (CNO) et pratiquant 26 sports, qui ont reçu une bourse de la Solidarité Olympique pour Paris 2024. La Solidarité Olympique a pour ambition d'offrir aux athlètes talentueux de tous horizons les mêmes chances de se qualifier pour les Jeux et de briller sur la scène olympique en leur accordant les fonds indispensables au financement de leur rêve olympique. L'accent est mis sur les athlètes et les CNO qui en ont le plus besoin. Les détenteurs de bourses individuelles reçoivent ainsi un soutien financier sous forme d'une subvention mensuelle destinée à couvrir leur préparation – que ce soit dans leur pays d'origine ou dans un centre d'entraînement de haut niveau basé à l'étranger – et à les aider à se qualifier pour les Jeux.