Programme WISH : renforcer la position des femmes entraîneures en vue de Paris 2024

Outre le fait d'atteindre la parité hommes-femmes chez les athlètes en compétition aux Jeux Olympiques de Paris 2024, le Comité International Olympique (CIO) entend également augmenter le nombre de femmes entraîneures grâce à son programme WISH (Women in Sport High-Performance pathway). Six diplômées rejoindront ainsi les rangs des entraîneurs à Paris. Elizabeth Pike, directrice du programme WISH, explique comment cette initiative contribue à renverser les barrières pour améliorer le système. Pour rappel, aux Jeux Olympiques de Tokyo 2020, seuls 13 % des entraîneurs étaient des femmes.

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© Suvi Mikkonen

Six participantes au programme WISH parmi les entraîneurs à Paris

Lors des quatre dernières éditions des Jeux Olympiques, Marwa Amri a représenté la Tunisie en lutte libre féminine, décrochant une médaille de bronze dans l'épreuve des 58 kg à Rio en 2016. Aux Jeux de Paris 2024, c'est en tant qu'entraîneure qu'elle mettra ses compétences au service de l'équipe tunisienne de lutte. Si Marwa Amri et les autres entraîneures sont toujours en infériorité numérique par rapport à leurs homologues masculins à ces Jeux, sa seule présence témoigne du nombre croissant de femmes entraîneures.

© UWW - UWW - Marwa Amri et Zaineb Sghaier

D'autres femmes s'efforcent toujours de réaliser leur rêve olympique. C'est le cas de Federica Tonon, qui travaille actuellement avec l'équipe de volleyball de plage du Vanuatu. Elle espère que ses athlètes pourront décrocher une place pour Paris 2024 en remportant la Coupe d'Asie en juin.

Marwa Amri et Federica Tonon ont un point commun : elles participent toutes les deux au programme WISH, un programme financé par la Solidarité Olympique, géré et proposé par l'Université du Hertfordshire sous la conduite d'Elizabeth Pike.

Ce programme a débuté en mai 2022 après une phase pilote menée avec succès de 2019 à 2021. Les quatre promotions ont d'ores et déjà entamé la formation de 21 mois associant apprentissage en ligne, travail de groupe, double mentorat et atelier en résidence. Les premiers diplômes ont été remis en janvier de cette année. Le programme WISH fournira au total à 123 entraîneures représentant 22 sports et 60 pays les outils nécessaires pour occuper des fonctions au plus haut niveau dans leur sport.

Si les Jeux Olympiques de Paris 2024 seront les premiers à afficher la parité sur l'aire de compétition, la situation est bien différente dans le secteur de l'entraînement. Comme l'a expliqué Elizabeth Pike, six diplômées WISH seront présentes en tant qu'entraîneures à Paris, et elle espère qu'il y en aura "beaucoup plus" au fur et à mesure que la formation se poursuivra.

© WISH - Elizabeth Pike

"Nous sommes très heureux pour elles – cela prouve bien que le programme aide à promouvoir l'égalité des genres, a-t-elle confié. L'équipe WISH mettra en place un réseau, soutiendra ces femmes et les mettra à l'honneur lors des Jeux et après."

Et de poursuivre : "Je pense que la parité entre hommes et femmes en termes de participation permet d'ores et déjà de sensibiliser aux questions de genre dans le sport. Nous le constatons sans cesse."

"Tout ce travail de plaidoyer et de mise en avant des athlètes féminines qui réussissent, ainsi que des entraîneures, va permettre de bousculer les stéréotypes, de souligner l'importance de la diversité des genres dans le leadership et d'encourager davantage de femmes à devenir entraîneures… Grâce au soutien d'initiatives comme WISH, espérons-le."

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Des diplômées WISH en route pour les Jeux Olympiques de Paris 2024

Marwa Amri – Lutte – Tunisie

Eva Niedielzska – Skateboard – Italie

Maria Panetti – Pentathlon moderne – Italie

Suvi Mikkonen – Taekwondo – Finlande

Lea Schairer – Skateboard – Allemagne

Tine Deckers – Triathlon – Belgique

Les obstacles auxquels se heurtent les femmes entraîneurs

Elizabeth Pike, qui se décrit comme une enfant sportive, a été frappée par les inégalités structurelles entre hommes et femmes dans le domaine de la recherche sportive pendant ses études. Elle s'est alors lancée dans une carrière universitaire axée sur le pouvoir du sport au service de l'intégration sociale.

Son expérience dans le sport lui a donné un excellent aperçu des obstacles auxquels se heurtent les femmes dans le domaine de l'entraînement. Elizabeth Pike considère du reste le recrutement, le perfectionnement et la fidélisation comme les trois grands axes nécessitant une attention particulière.

"Le recrutement se fait souvent par le biais de canaux relativement informels et des réseaux sociaux, où les hommes ont tendance à être avantagés, explique-t-elle. L'autre grande question est celle des responsabilités familiales et de la flexibilité qu'exige le fait d'être une mère de famille travaillant dans le secteur de l'entraînement de haut niveau, lequel implique de nombreux déplacements et des horaires décalés."

Quant au perfectionnement, précise-t-elle, force est de constater que les femmes ont d'ordinaire moins d'occasions de suivre des programmes d'entraînement et de leadership. Et de poursuivre : "Bien sûr, comme il n'y a pas autant de possibilités d'être une athlète de haut niveau, cela signifie aussi qu'il y a moins de possibilités de passer d'athlète à entraîneure, ce qui est somme toute un parcours assez classique. Les femmes nous ont également confié qu'elles n'avaient pas toujours bénéficié des mêmes avantages en termes de mentorat
Elizabeth PikeWISH Project Director

"Enfin, concernant la fidélisation, bon nombre de femmes choisissent cette carrière à un moment où elles envisagent de fonder une famille. Par conséquent, si elles ne reçoivent pas le soutien nécessaire pour assumer en parallèle leurs responsabilités parentales et familiales, elles renonceront."

Et de conclure : "Il est également nécessaire de multiplier les occasions de réseautage. On n'a pas toujours défendu la cause des femmes entraîneures. Il est absolument indispensable d'avoir des alliés masculins. Nous savons que l'égalité des genres n'est pas une question qui concerne les femmes uniquement ; c'est une problématique qui s'adresse à tous les genres, aussi le fait de pouvoir compter sur des alliés masculins pour défendre véritablement la cause des femmes est-il important."

Créer un système d'entraînement plus inclusif

Le programme WISH a été conçu en collaboration avec des universitaires, comme Elizabeth Pike, des spécialistes et des entraîneurs. Il a pour ambition de donner aux femmes les compétences et la confiance nécessaires pour surmonter les obstacles qui se dressent sur leur chemin et réussir dans l'entraînement de haut niveau.

"Notre objectif est de travailler avec les femmes afin d'identifier les outils, les ressources et le soutien dont elles ont besoin pour réussir dans le domaine de la haute performance – non seulement en tant qu'entraîneures, mais aussi en tant que dirigeantes", précise Elizabeth Pike.

"Le programme WISH ne cherche pas tant à changer les femmes qu'à changer le système. Nous leur expliquons donc comment faire tomber ces obstacles pour créer un système plus inclusif et plus équitable."

De nombreuses participantes ont dit de l'expérience qu'elles ont vécue dans le cadre du programme WISH qu'elle avait "changé leur vie". Selon Elizabeth Pike, cela s'explique par le fait qu'elles ont eu accès à un vaste réseau, ce qui n'était pas le cas jusque-là.

"Je suis très honorée, a-t-elle confié. Je joue un rôle minime en aidant à libérer le potentiel de personnes extrêmement talentueuses et en offrant à ces femmes la possibilité d'atteindre leurs objectifs en termes d'encadrement et de leadership, mais aussi en leur permettant de nouer des contacts et de collaborer."

"Ce sont elles qui renversent les barrières structurelles pour les autres. C'est ce que font ces femmes."

En savoir plus sur l'engagement pris par le CIO de relever ce défi et d'aider les parties prenantes du Mouvement olympique à trouver le moyen de permettre à davantage de femmes d'atteindre le plus haut niveau dans le secteur de l'encadrement sportif.