“L’organisation de grandes compétitions est essentielle pour façonner l’avenir de notre sport”, estime Jang Mi-ran, vice-ministre coréenne de la Culture, du Sport et du Tourisme et ancienne “femme la plus forte du monde”
À 23 ans, Jang Mi-ran était déjà la “femme la plus forte du monde” alors qu'elle n'avait commencé sa carrière d'haltérophile qu'à l'âge de 17 ans. Depuis plus de dix ans, la championne olympique, qui a battu cinq records du monde à Beijing 2008, dirige sa propre fondation qui vise à soutenir les jeunes athlètes. Vice-ministre de la Culture, du Sport et du Tourisme de la République de Corée depuis 2023, Jang Mi-ran a joué un rôle clé dans l'alignement des Jeux Olympiques de la Jeunesse (JOJ) d'hiver Gangwon 2024 sur les politiques sportives nationales.
Le sport a un impact énorme sur nous et sur nos vies. Mon rôle consiste à faire connaître les besoins en matière de sport et de développement du sport.
Pérenniser l'héritage de PyeongChang 2018
Depuis qu'elle a soulevé un total combiné de 326 kg à l'arraché et à l'épaulé-jeté des +75 kg à Beijing 2008, soit 2,79 fois son propre poids, Jang Mi-ran est une légende du sport dans son pays et à l'étranger. Forte d'une remarquable carrière d'haltérophile, qui l'a également vue remporter l'argent à Athènes 2004 et le bronze à Londres en 2012 (réattribué rétrospectivement en 2016), ainsi que quatre titres mondiaux, Jang Mi-ran dirige aujourd'hui une fondation éponyme qui offre des bourses et un soutien aux athlètes pratiquant des sports tels que le judo, le tennis de table et le plongeon.
Nommée l'année dernière aux affaires sportives au sein du ministère de la Culture, du Sport et du Tourisme, Jang Mi-ran est devenue une figure de proue de la politique sportive sud-coréenne. Elle est étroitement associée à la Fondation en charge de l'héritage de PyeongChang 2018, l'organisation mise en place pour superviser et faire perdurer l’héritage des Jeux de 2018, qui a fait en sorte que Gangwon 2024 prenne le relais pour maximiser les effets positifs de ces Jeux Olympiques et Paralympiques d'hiver couronnés de succès sur la jeunesse et au-delà.
“Après PyeongChang 2018, nous avons créé la Fondation en charge de l'héritage de PyeongChang 2018 et élaboré le concept de “New Horizons”, explique-t-elle. “Après Gangwon 2024, nous allons maintenant nous développer et croître dans le secteur du sport”.
Comment les JOJ élargissent les horizons des jeunes athlètes ?
Le programme New Horizons favorise les possibilités au niveau des sports d'hiver pour les athlètes venant de pays où leur développement et la participation à ces sports sont difficiles. Il contribue également à renforcer les liens entre la République de Corée et ces pays. La Fondation en charge de l’héritage et l'État de Gangwon ont soutenu l'entraînement d'avant-saison, en amont des JOJ par le biais de camps d'entraînement New Horizons et du programme Dream, qui a débuté en 2004 dans le cadre de la candidature à l'organisation des Jeux Olympiques d'hiver en Corée. Chaque année, le programme Dream invite des jeunes venus de pays où les possibilités et les infrastructures en matière de sports d'hiver sont déficientes à se rendre en République de Corée pour y découvrir les sports d'hiver et la culture coréenne.
Parmi les participants aux deux projets, 39 se sont qualifiés pour les Jeux de Gangwon, dont deux ont remporté des médailles historiques : Agnese Campeol (Thaïlande) a remporté une médaille d'argent en monobob féminin ; Jonathan Lourimi (Tunisie) est monté sur la deuxième marche du podium en monobob masculin. Il s'agissait des premières médailles remportées par ces pays dans une épreuve olympique d'hiver, et c'était la première fois que la Tunisie, pays d’Afrique du Nord, envoyait des athlètes aux JOJ d'hiver.
C'est historique, mon ami. Je n'aurais jamais cru un tel exploit possible, lorsque j'ai commencé ce sport il y a un an.
Après son incroyable performance, Jonathan Lourimi a attribué son succès au soutien qu'il avait reçu de New Horizons.
Parallèlement aux camps d'entraînement de New Horizons, 10 000 étudiants coréens ont fait l'expérience directe des sports d'hiver grâce aux camps sportifs annuels de Soohorang et Bandabi, organisés sur les sites de PyeongChang 2018. Depuis le lancement de Dream il y a une vingtaine d’années, plus de 2 500 jeunes de 97 pays ont participé au programme. En outre, plus de 50 000 élèves d’écoles participant aux programmes de la Fondation en charge de l'héritage de PyeongChang 2018 ont été invités à assister aux compétitions de Gangwon 2024, où ils ont parfois été initiés aux sports d'hiver, pour la première fois.
Jang Mi-ran compare l'expérience des jeunes athlètes d'aujourd'hui, grâce aux JOJ, à son expérience de jeune athlète dans les années 1990. “J'ai commencé l'haltérophilie très tard”, explique-t-elle. “J'ai participé à un concours et j'ai remporté le premier prix. De façon très surprenante, il n’y avait aucun spectateur qui assistait à la compétition car il n'y avait pas beaucoup de femmes haltérophiles en Corée à l'époque. Lorsque j'étais une athlète à l'époque, je n'avais pas la possibilité d'avoir d’échanges culturels positifs avec d'autres athlètes.
“Grâce aux Jeux Olympiques de la Jeunesse, les jeunes athlètes sont désormais très passionnés et enthousiastes à propos de leurs échanges avec les autres athlètes de différents pays du monde. En même temps, ils travaillent très dur pour réussir et faire bonne figure dans la compétition. J’aspire à mener la vie qu’ils mènent et j’envie les perspectives qu'ils ont en tant que jeunes athlètes. Les Jeux Olympiques de la Jeunesse sont une excellente occasion pour eux de se familiariser avec les Jeux Olympiques. On apprend de si belles valeurs grâce au sport et aux Jeux Olympiques de la Jeunesse.”
L'héritage olympique perdure
Jang Mi-ran est également impliquée dans la Fondation coréenne pour la promotion du sport (KSPO) , qui a été créée en héritage des Jeux Olympiques de Séoul en 1988 et qui reste au cœur du sport coréen 36 ans plus tard. Jang Mi-ran est en effet convaincue que le fait d'accueillir les Jeux Olympiques d'été et d'hiver a encouragé son pays à réfléchir de manière plus innovante à ses politiques et à l’affectation de ses financements.
“Après les Jeux Olympiques de 1988, nous avons instauré la Fondation coréenne pour la promotion du sport . Nous avons créé et mis en place des fonds qui absorbent et gèrent 80 % du budget de l'industrie du sport en République de Corée. Je pense que la KSPO joue un rôle central dans le développement de ce secteur”, explique Jang Mi-ran. “Nous devons trouver un équilibre entre les Jeux Olympiques d'été et d'hiver et la manière de développer le sport en Corée”.
De nombreux athlètes ont commencé le sport après PyeongChang 2018 et ils ont participé aux Jeux de Gangwon 2024. “L’organisation de grandes compétitions joue un rôle déterminant dans l’élaboration de nos politiques sportives”
L'un des domaines qui s'est naturellement développé est la priorité donnée à la jeunesse et au développement des compétences par l'éducation et le volontariat. Jang Mi-ran a été très impressionnée par la main-d'œuvre de Gangwon, y compris les volontaires qui ont contribué à rendre les Jeux si spéciaux pour les jeunes athlètes.
“J'ai pu constater que les athlètes étaient très bien accompagnés”, dit-elle. “Lorsque Lee Yoon-seung, notre athlète coréen, a remporté une médaille d'or [en ski de bosses], j'ai remarqué à quel point les volontaires et le personnel de la cérémonie étaient en place et travaillaient dur pour s'assurer que Yoon profite de ce moment, malgré les conditions glaciales. Ils étaient mobilisés pour aider les athlètes à briller”.
Près de 2 000 volontaires ont joué un rôle déterminant à Gangwon 2024, pour accueillir les 1 801 athlètes, ainsi que les 20 000 personnes accréditées venues du monde entier, dont 627 représentants des médias et 289 membres du personnel de diffusion. Ces volontaires continuent aujourd'hui d'être unis au sein de la communauté virtuelle des volontaires des Jeux Olympiques de Gangwon 2024, afin de prolonger l'expérience positive qu'ils ont vécue lors des JOJ.