Chamonix 1924 : un héritage inscrit dans la neige
La semaine prochaine, nous allons fêter le 100e anniversaire de la cérémonie de clôture des premiers Jeux Olympiques d’hiver de Chamonix 1924. Pour célébrer cette date, revenons sur le retentissement qu'a eu cet événement sur la ville et la région qui l'ont accueilli.
Jusqu'en 1924, Chamonix, ville pittoresque située au cœur des Alpes françaises, est surtout connue des grimpeurs et des alpinistes qui tentent l'ascension du mont Blanc et partent à la découverte des montagnes environnantes l'été.
Les tout premiers Jeux Olympiques d'hiver, qui se déroulent au pied du plus haut sommet d'Europe, insufflent un regain de vitalité à la station. Ils en font une destination de renommée mondiale, prisée des touristes toute l'année. Aujourd'hui, ce sont plus de huit millions de visiteurs qui y séjournent chaque année, répartis équitablement entre la saison d'hiver et celle d'été.
Les Jeux de 1924 font bien plus qu'ouvrir Chamonix au tourisme international ; ils lui permettent de s'imposer en tant qu'hôte de grands événements sportifs et font naître une véritable passion pour les sports d'hiver partout dans le monde.
"Chamonix profite alors des opportunités que lui offrent les tout premiers Jeux Olympiques d'hiver, en dévoilant une nature et des paysages de montagne à couper le souffle", déclare Étienne Grillot, chargé de missions montagne et événements à la municipalité de Chamonix-Mont-Blanc. "La ville fait définitivement son entrée sur la scène sportive internationale, insufflant au monde entier la passion des sports d'hiver."
Quelque 258 athlètes représentant 16 pays se rassemblent donc à cette occasion pour participer à 16 épreuves dans neuf disciplines : bobsleigh, ski de fond, curling, patinage artistique, hockey sur glace, patrouille militaire, combiné nordique, saut à ski et patinage de vitesse.
L'année 1924 marque un tournant pour les sports d'hiver. C'est la naissance des Jeux d'hiver tels que nous les connaissons aujourd'hui.
Une patinoire transformée en lac
Avant que le coup d'envoi des Jeux ne puisse être donné, plusieurs obstacles doivent être franchis. C'est en effet la première fois qu'une compétition internationale de sports d'hiver de cette ampleur est organisée. L'aménagement, dans les délais, des trois principaux sites – la patinoire, le tremplin de saut à ski et la piste de bobsleigh – est une tâche colossale.
Quelques semaines avant la cérémonie d'ouverture, les températures sont anormalement élevées pour la saison, transformant la patinoire – la plus grande du monde à l'époque – en lac. Heureusement, le froid revient et plus de 130 centimètres de neige tombent en une nuit, neige qu'il faut alors enlever à la pelle de tout urgence si l'on veut que les Jeux puissent commencer. Grâce à la mobilisation et au dévouement des Chamoniards, le coup d'envoi des Jeux est enfin donné dans des conditions optimales.
Les pays scandinaves et les Norvégiens s'adjugent la plupart des médailles. Victorieux dans trois épreuves de ski nordique, Thorleif Haug entre dans l'histoire en devenant le tout premier triple champion olympique.
L'Autrichienne Herma Planck-Szabo enchante le public en remportant la toute première médaille d'or en patinage artistique féminin, confirmant ainsi sa domination dans ce sport.
Les dix mille spectateurs et les deux cents journalistes réunis à l'occasion des premiers Jeux Olympiques d'hiver de Chamonix 1924 assistent, stupéfaits, à un tournoi de hockey sur glace sans merci, comme en témoigne la finale particulièrement féroce qui oppose les États-Unis au Canada. À l'époque, les joueurs ne portent aucun équipement de protection – ni casque ni jambières.
Un impact durable
Au-delà des précieux souvenirs qu'ils ont laissés, les Jeux Olympiques d'hiver de 1924 ont également eu un impact durable.
L'accueil des Jeux a généré des retombées économiques substantielles, qui ont considérablement dynamisé l'industrie du tourisme et contribué au rayonnement de Chamonix en tant que destination de choix pour les sports d'hiver. À noter que 89 % des sites permanents des éditions des Jeux Olympiques d'hiver de Chamonix 1924 à PyeongChang 2018 sont encore utilisés aujourd'hui. Parmi eux, le tremplin de saut à ski du Mont, au glacier des Bossons, et le stade olympique de Chamonix, où s'étaient déroulées de nombreuses épreuves sportives ainsi que les cérémonies d'ouverture et de clôture.
Au fil du temps, le sport est devenu un mode de vie. Le Club des sports de Chamonix compte plus de 4 000 adhérents – soit près de la moitié de la population de la station – et propose 25 sports. Depuis 1924, au moins un Chamoniard a participé à chaque édition des Jeux Olympiques d'hiver. Une exposition photo les mettant à l'honneur a été inaugurée il y a quelques semaines au cœur de la ville ; elle sera ensuite transférée au stade olympique, qui fera l'objet d'importants travaux de modernisation dans les années qui viennent. Grâce à ces investissements, Chamonix espère continuer à accueillir l'élite du sport français et international pour des entraînements été comme hiver.
Façonner l’avenir des sports d'hiver
L'héritage de Chamonix 1924 va bien au-delà des sites et des médailles. Les Jeux ont mis en lumière l'hospitalité de Chamonix qui a su "accueillir le monde" avec talent, ainsi que son savoir-faire en matière d'organisation d'événements internationaux, tels que la Coupe du monde de ski alpin, la Coupe du monde d'escalade et les célèbres épreuves de trail. La ville compte une communauté de bénévoles exceptionnels – des centaines de Chamoniards qui, tout au long de l'année, consacrent leur temps libre à l'organisation d'événements, à l'encadrement de jeunes et à la gestion des différentes sections du Club des sports.
S'adapter au changement climatique
En dépit des célébrations de son patrimoine olympique, la station de Chamonix-Mont-Blanc est bien consciente des enjeux que représente le réchauffement climatique. La hausse des températures a eu des répercussions visibles sur la vie de ses habitants et sur son environnement. La ville participe activement, aux côtés de partenaires locaux et internationaux, à la lutte contre le changement climatique. Les efforts portent notamment sur la production d'énergie renouvelable, la rénovation de bâtiments afin d'en optimiser l'efficacité énergétique, l'amélioration de l'éco-mobilité grâce à une offre étoffée en matière de transports publics et de pistes cyclables, et une sensibilisation accrue de la population à la nécessité de protéger l'environnement. Chamonix est également un pôle scientifique de premier plan pour l'étude du changement climatique dans les régions de haute montagne et sur les glaciers.
"Les initiatives lancées par Chamonix ne sont pas seulement un héritage du passé, elles témoignent aussi d'un engagement ferme pris pour garantir un avenir durable aux sports d'hiver, pour les générations à venir", a rappelé Tania Braga.