Un doublé de légende des frères Brownlee et une favorite américaine qui tient son rang

Les épreuves de triathlon ont eu le Fort de Copacabana comme cadre spectaculaire. Chez les hommes, le Britannique Alistair Brownlee a conservé son titre, et cerise sur le gâteau, a fait le doublé avec son frère Jonathan. Chez les dames, la favorite américaine Gwen Jorgensen a triomphé devant la tenante du titre, la Suisse Nicola Spirig.

Un doublé de légende des frères Brownlee et une favorite américaine qui tient son rang
(2016 Getty Images)

Alistair Brownlee est le premier triathlète de l’histoire à conserver sa couronne olympique, dans une course qui aurait pu connaître le même podium qu’en 2012, sans l’absence sur blessure du quintuple champion du monde espagnol Javier Gomez, médaillé d’argent à Londres. Le Sud-Africain Richard Murray, distancé de 1 min 23 s après les 40 km de vélo, a failli réussir un des come-back les plus ahurissants de l’histoire du triathlon olympique en échouant finalement à six secondes du podium, derrière son compatriote Henri Schoeman.

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Alistair Brownlee est toujours resté dans les premières positions, 4e après les 1500 m de natation parcourus en 17 h 24, 2e après les 38.49 km à vélo, avalés en 1 h 13 min 52 s, et parti pour un doublé familial avec son frère Jonathan sur le circuit de quatre tours pour 10 km de course à pied. Le Français Vincent Luis a tout d’abord tenté d’accompagner les deux Britanniques sur les premiers kilomètres, mais il a craqué, se faisant tout d’abord avaler par Henri Schoeman, avant de finir à la 7e place.

A l’avant, Alistair s’est irrésistiblement détaché de Jonathan, et a parcouru le dernier tour seul à l’avant, applaudi par les très nombreux spectateurs massés au bord du parcours du Fort de Copacabana, terminant son effort en 1 h 45 min 1 s, six secondes avant son petit frère. Henri Schoeman, lui, a contenu jusqu’au bout la furia de son compatriote Murray pour couper la ligne à 42 secondes du vainqueur. Les Brownlee, qui réalisent un doublé historique après avoir pris l’or et le bronze à Londres, se sont écroulés côte à côte derrière la ligne d’arrivée, et se sont chaudement congratulés. Comme des frères !

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En fait, les résultats officiels donnent à Alistair un avantage de six secondes sur Jonathan, mais il aurait pu être beaucoup plus conséquent si, certain de devenir double champion olympique, l’ainé n’avait pas pris le temps de goûter pleinement son triomphe, ralentissant à l’approche de la ligne d’arrivée avec un énorme sourire barrant son visage, et se retournant pour voir où en était son frère cadet. « J’étais confiant », a-t-il expliqué, « Nous nous sommes entraînés jusqu’à nos propres limites. Je savais que j’avais creusé le trou à la fin, alors j’ai coupé mon effort pour en profiter au maximum ! »

Quatre ans après, la fratrie Brownlee obtient donc ce qu’elle était venue chercher à Rio : le doublé.  « C’est fabuleux. Nous voulions déjà l’or et l’argent à Londres en 2012, et cette fois, nous y sommes arrivés, » s’est réjoui le double champion olympique. « Quand Jonny a franchi la ligne d’arrivée, je lui ai dit « On l’a fait ! ». Nous avons tous deux traversé des années difficiles. Nous nous sommes poussés au maximum. Voir votre petit frère arriver une dizaine de secondes après vous, c’est phénoménal, et tellement satisfaisant… »

En comparant cette victoire avec celle de Londres, le triathlète entré dans la légende à Rio le 18 août 2016 explique : « À Londres, j’étais vu comme le super favori. Ils m’avaient quasiment donné la médaille avant la course. Mon principal sentiment après coup, c’était le soulagement. Je peux apprécier celle-là beaucoup, beaucoup plus ! »

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Henri Schoeman n’a pour sa part pas de mots pour décrire son bonheur. « Vous ne pouvez pas éprouver un sentiment plus fort qu’avoir une médaille autour du cou. Je suis extrêmement fier. J’ai rendu l’Afrique fière. Croyez-le ou pas, il y a une semaine, j’avais de la fièvre. Mais le docteur m’a donné l’autorisation de courir. Peut-être que ce temps de repos supplémentaire m’a donné cette petite réserve en plus ! »

Veni, vidi, vici pour Gwen Jorgensen dans le triathlon féminin

Invaincue pendant deux ans, double championne du monde en titre, l’Américaine Gwen Jorgensen était hyper favorite pour la médaille d’or. Jamais battue entre le 26 avril 2014 et le 9 avril 2016, avec 17 victoires d’affilée, « Gwensanity » n’avait été devancée que deux fois ces quelques semaines avant les Jeux.

Pour avoir le moindre espoir de battre Jorgensen, ses adversaires doivent espérer la lâcher à la sortie de l’eau et la distancer sur les 40 km en vélo. Car à pied, Jorgensen est absolument imbattable, comme elle l’avait encore démontré en juin à Leeds (Angleterre), en terminant avec près d’une minute d’avance malgré 1 minute et 45 secondes de retard après le vélo !

Samedi 20 août, l’Américaine a en fait écœuré la concurrence dès le départ, en intégrant le peloton de tête à vélo. « Je savais que mes rivales essayeraient de me distancer à vélo. Mais je ne voulais pas me retrouver dans une situation où j’aurais à grappiller du temps ! », a-t-elle expliqué.  

Dès lors, la course était jouée : Gwen Jorgensen s’est finalement imposée avec 40 secondes d’avance sur Spirig, la seule à s’être accrochée jusqu’à deux kilomètres de l’arrivée, et 45 secondes sur Holland. Pourtant, dans les premiers kilomètres de la course à pied, la tenante du titre est restée côte à côte avec sa rivale américaine, elles se sont même parlé avant le dernier tour. Mais au 8e kilomètre, Jorgensen a produit une accélération dévastatrice qui lui a permis de se détacher et de rejoindre la ligne d’arrivée avec un sourire rayonnant.

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Gagner ce titre à Rio a profondément ému la championne américaine. « Je continue de pleurer, et il y a des raisons. Je suis si heureuse après tout ce que nous avons fait ces quatre dernières années ». Courir avec la pancarte de favorite accrochée dans le dos ? « C’est mieux d’avoir ça que de se retrouver dans une bousculade à la dernière minute. Je savais que si je continuais à faire ce que j’ai déjà fait, cela fonctionnerait ».

Gwen Jorgensen a peut-être réalisé la course parfaite au Fort de Copacabana. « Je ne pense jamais qu’il y a une course parfaite. Nicola Spirig a joué son jeu, et c’était sympa qu’elle le fasse, cela a rendu la course plus excitante pour le public ». Durant la course à pied, alors qu’elles évoluaient ensemble, la tenante du titre a dit à sa rivale « J’ai une médaille et pas toi ! » « Elle l’a dit et elle avait totalement raison. Maintenant, elle a deux médailles et j’en ai une ! ».

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Nicola Spirig raconte elle aussi ces instants passés ensemble à l’avant de la course à pied. « Elle menait, puis elle me laissait prendre les commandes et je menais avec le vent de face. Il y avait un peu d’intox. Dans le troisième tour, personne ne voulait passer devant. J’ai dit « Allez, vas-y Gwen !» elle m’a répondu « J’étais devant juste avant » et j’ai lâché « J’ai déjà une médaille, donc, fondamentalement, c’est à toi de faire le travail. » C’était juste un défi mental. Mais à la fin, c’était elle la plus forte et la plus rapide. »

Les Britanniques Vicky Holland et Non Stanford ont mené la chasse à bonne distance des deux premières, et se sont affrontées dans un sprint final pour la médaille de bronze, dont Holland est sortie gagnante : « Je n’arrêtais pas de me dire “ça va être une de nous deux, ça va être une de nous deux ! ” Il fallait que je m’enlève de la tête le fait que nous sommes camarades de chambre au Village, parce que ce n’est pas une façon de courir. Nous sommes bonnes amies, mais ce n’est pas une excuse pour ne pas sprinter. La première chose que je lui ai dite, c’est “Je suis désolée !” »

(© Getty Images)
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