Veni, vidi, vici pour Gwen Jorgensen dans le triathlon féminin

Comme prévu, l'Américaine Gwen Jorgensen a été sacrée championne olympique de triathlon samedi aux Jeux de Rio, sur la plage de Copacabana, devant la Suissesse Nicola Spirig, la tenante du titre, et l'Anglaise Vicky Holland.

Veni, vidi, vici pour Gwen Jorgensen dans le triathlon féminin
(Getty Images)

Invaincue pendant deux ans, double championne du monde en titre, l'Américaine Gwen Jorgensen était hyper favorite pour la médaille d'or. Jamais battue entre le 26 avril 2014 et le 9 avril 2016, avec 17 victoires d'affilée, « Gwensanity » n'avait été devancée que deux fois ces quelques semaines avant les Jeux.

Pour avoir le moindre espoir de battre Jorgensen, ses adversaires doivent espérer la lâcher à la sortie de l'eau et la distancer sur les 40 km en vélo. Car à pied Jorgensen est absolument imbattable, comme elle l'avait encore démontré en juin à Leeds (Angleterre), en terminant avec près d'une minute d'avance malgré 1 minute et 45 secondes de retard après le vélo !

Samedi, l'Américaine a en fait écoeuré la concurrence dès le départ, en intégrant le peloton de tête à vélo. « Je savais que mes rivales essayeraient de me distancer à vélo. Mais je ne voulais pas me retrouver dans une situation où j’aurais à grappiller du temps! », a-t-telle expliqué.

Dès lors, la course était jouée : Gwen Jorgensen s'est finalement imposée avec 40 secondes d'avance sur Spirig, la seule à s'être accrochée jusqu'à deux km de l'arrivée, et 45 secondes sur Holland. Pourtant, dans les premiers kilomètres de la course à pieds, la tenante du titre est restée côte à côte avec sa rivale américaine, elles se sont même parlé avant le dernier tour. Mais au 8e kilomètre, Jorgensen a produit une accélération dévastatrice qui lui a permis de se détacher et de rejoindre la ligne d’arrivée avec un sourire rayonnant.

Gagner ce titre à Rio a profondément ému la championne américaine. « Je continue de pleurer, et il y a des raisons. Je suis si heureuse après tout ce que nous avons fait ces quatre dernières années ». Courir avec la pancarte de favorite accrochée dans le dos ? « C’est mieux d’avoir ça que de se retrouver dans une bousculade à la dernière minute. Je savais que si je continuais à faire ce que j’ai déjà fait, cela fonctionnerait ».

La course parfaite ?

Gwen Jorgensen a peut-être réalisé la course parfaite au Fort Copacabana ce 20 août 2016. « Je ne pense jamais qu’il y a une course parfaite. Nicola Spirig a joué son jeu, et c’était sympa qu’elle le fasse, cela a rendu la course plus excitante pour le public ». Durant la course à pied, alors qu’elles évoluaient ensemble, la tenante du titre a dit à sa rivale « J’ai une médaille et pas toi! » « Elle l’a dit et elle avait totalement raison. Maintenant, elle a deux médailles et j’en ai une! ».

Nicola Spirig raconte elle aussi ces instants passés ensemble à l’avant de la course à pieds. « Elle menait, puis elle me laissait prendre les commandes et je menais avec le vent de face. Il y avait un peu d’intox. Dans le troisième tour, personne ne voulait passer devant. J’ai dit « Allez, vas-y Gwen!» elle m’a répondu « J’étais devant juste avant » et j’ai lâché « J’ai déjà une médaille, donc, fondamentalement, c’est à toi de faire le travail. » C’était juste un défi mental. Mais à la fin, c’était elle la plus forte et la plus rapide. »

La championne suisse n’en reste pas moins très fière d’être la première triathlète à gagner deux médailles aux Jeux Olympique. « Ca n’a pas été facile. Je me suis cassé la main en mars. J’ai trois plaques et 23 visses dans cette main. Ce n’était pas facile de revenir, j’avais des obligations : je suis un modèle, une championne olympique, la préparation a donc été très dure et je me suis parfaitement entraînée. Je suis extrêmement satisfaite d’avoir la médaille d’argent. C’est plus d’émotion aujourd’hui qu’il y’a quatre ans. Je savais que Gwen était extrêmement forte à la course il me fallait tout essayer et je pense que j’ai fait tout ce que j’ai pu. Je suis très contente. Elle mérite sa médaille d’or ».

Les Britanniques Vicky Holland et Non Stanford ont mené la chasse à bonne distance des deux premières, et se sont affrontées dans un sprint final pour la médaille de bronze, dont Holland est sortie gagnante : « Je n’arrêtais pas de me dire « ça va être une de nous deux, ça va être une de nous deux! » Il fallait que je m’enlève de la tête le fait que nous sommes camarades de chambrée au Village, parce que ce n’est pas une façon de courir. Nous sommes bonnes amies, mais ce n’est pas une excuse pour ne pas sprinter. La première chose que je lui ai dite, c’est « Je suis désolée. »

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