Torvill et Dean font chavirer les cœurs pour la Saint Valentin
Il a suffi de quatre minutes homogènes de glisse sur la glace de Sarajevo en 1984 pour propulser Jayne Torvill et Christopher Dean au firmament de la gloire internationale. La chorégraphie du duo britannique, effectuée sur le thème du Boléro de Ravel, a donné lieu à un exploit qui n’a toujours pas été égalé dans leur discipline.
Il a suffi de quatre minutes homogènes de glisse sur la glace de Sarajevo en 1984 pour propulser Jayne Torvill et Christopher Dean au firmament de la gloire internationale. La chorégraphie du duo britannique, effectuée sur le thème du Boléro de Ravel, a donné lieu à un exploit qui n’a toujours pas été égalé dans leur discipline.
Leur parcours vers l’or olympique débute six ans plus tôt. Dean, agent de police anglais à Nottingham dans l’est des Midlands, vient de se séparer de sa partenaire de danse sur glace Sandra Elson, avec laquelle il a remporté les Championnats britanniques juniors de danse sur glace.
C’est alors que Jayne Torvill fait son apparition. Elle travaille dans une compagnie d’assurances de la ville et, comme lui, pratique le patinage artistique durant ses moments de loisirs. Leur rencontre fait immédiatement tilt, et après deux ans ensemble, le duo participe aux Jeux Olympiques d’hiver de Lake Placid où il termine cinquième.
Sacrés champions de Grande-Bretagne lors de la saison 1979-1980, ils ont abandonné leur emploi pour se consacrer à plein temps au patinage.
Alors qu’il patine sur des chorégraphies élaborées par Dean qui s’est formé sur le tas, le duo accumule un chapelet ininterrompu de titres mondiaux, européens et britanniques. Et lorsqu’arrive Sarajevo, un énorme intérêt se manifeste, afin de savoir quels atouts le couple a dans sa manche. La planète tout entière ne va pas être déçue.
Le jour de la Saint Valentin 1984, Torvill et Dean débutent leur programme aux accents crescendo du boléro de Ravel de manière plutôt orthodoxe : si leurs corps bougent au rythme de la musique, ils ne patinent pas pendant près de 20 secondes ! Il s’agit en fait d’un stratagème astucieux qui leur permet de caler leur programme de 4’30’’ dans le temps de patinage alloué de 4’10’’.
Quand ils commencent à se mouvoir, le public – dont quelque 24 millions de téléspectateurs britanniques sidérés - est ensorcelé. Les années de discipline et d’entraînement inlassable de Torvill et Dean s’avèrent payantes. Ils évoluent sur la glace dans un ballet lyrique passionné qui reflète l’intensité de l’œuvre de Ravel dédiée aux amours impossibles.
Le couple – dont on dit qu’ils vivent une idylle amoureuse – achève sa performance fascinante de manière extrêmement dramatique, puisque tous deux s’effondrent sur la glace et tombent immobiles dans les bras l’un de l’autre devant un parterre en délire.
Visiblement, les 12 juges partagent l’enthousiasme du public puisqu’ils accordent à Torvill et Dean la note parfaite de 6.0 pour l’impression artistique comme pour le mérite technique, un exploit que personne, à ce jour, n’a égalé. Pour la première fois depuis sa création, la compétition échappe aux couples russes, et le duo britannique recevra dès le lendemain matin un télégramme de la Reine.
Après avoir redéfini le patinage, Torvill et Dean passeront professionnels l’année suivante et n’auront donc plus le droit de participer aux Jeux jusqu’à ce que l’Union internationale de patinage assouplisse ses règles. Ils reviendront à la compétition olympique en 1994 à Lillehammer et termineront avec une médaille de bronze. Par la suite, ils se lanceront dans une série de spectacles en direct hauts en couleurs et se forgeront une carrière de premier plan à la télévision avec Dancing on Ice.
Malgré leurs décennies de succès, Sarajevo 1984 constitue peut-être leur apogée, une performance éternelle et emblématique qui restera gravée de manière indélébile dans le souvenir des inconditionnels du patinage artistique et dans les annales olympiques.