Takeru Kitazono écrit l'histoire, la gymnastique innove à Buenos Aires 2018

Le Japonais Takeru Kitazono a illuminé les compétitions de gymnastique artistique en remportant cinq médailles d'or dans la capitale argentine, un exploit inédit aux JOJ et rarissime sur la scène olympique en général. Par ailleurs, la gymnastique a ouvert de nouveaux horizons avec l'organisation couronnée de succès d'une innovante et passionnante compétition multidisciplinaire.

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Takeru Kitazono écrit l'histoire, la gymnastique innove à Buenos Aires 2018
(IOC)

Pour un sport ancré dans la tradition et le décorum, s'écarter de la norme olympique aurait pu être considéré comme impensable. Mais pas pour les organisateurs des compétitions de gymnastique aux Jeux Olympiques de la Jeunesse, lesquels ont mis en place un format novateur qui, pour eux, a débouché sur une superbe réussite.

Lorsque Terhi Toivanen, responsable des compétitions sportives à la Fédération Internationale de Gymnastique, évoque les JOJ, elle sourit. Le programme sur lequel elle et ses collègues ont travaillé pendant si longtemps s'est avéré gagnant. "Nous n’avons pas choisi de répéter le concept olympique habituel, nous avons décidé d’être différents", a-t-elle expliqué. "Ce n’est possible qu’aux Jeux Olympiques de la Jeunesse. Nous avons donc introduit la compétition multidisciplinaire par équipes, mais également un calendrier de compétition différent. Je pense que tout cela en valait la peine. Bien sûr, c'était un peu angoissant avant de commencer, mais tout a très bien fonctionné. ”

À Buenos Aires 2018, des gymnastes de différentes disciplines (gymnastique artistique, rythmique et acrobatique) et nations ont été répartis en douze  équipes, comprenant chacune treize gymnastes hommes et femmes, pour disputer cette épreuve totalement inédite. Les équipes ont été nommées d'après des légendes du sport, telles Nadia Comaneci (ROU), Max Whitlock (GBR), Simone Biles (USA), ou Rosie McLennan (CAN).

"Les adolescents ont tous semblé s'éclater et sont devenus amis avec d’autres gymnastes avec qui ils n’avaient jamais évolué auparavant. Ils ont continué à se balader en ville avec les t-shirts de leurs équipes respectives, ce qui est plutôt cool", a souligné Toivanen. “Je pense que ce format est l'avenir des JOJ. Bien sûr, il y a des choses à améliorer. Peut-être que le calendrier des compétitions, avec quatre journées consacrées aux qualifications, n’était pas le meilleur pour toutes les disciplines. ”

Tandis que les gymnastes acrobatiques ont bouclé leurs qualifications en une seule journée, ceux du secteur artistique ont dû revenir chaque jour sur les agrès pour effectuer un ou deux passages. "Ça été compliqué pour les gymnastes, mais aussi pour ceux qui s'occupaient du matériel et qui ont dû changer la configuration du terrain de jeu à peu près tous les jours".

La compétition multidisciplinaire a été remportée par la formation Simone Biles (Mariela Kostadinova et Panayot Dimitrov (BUL) en gym acrobatique, Ruan Lange (RSA), Krisztian Balazs (HUN) et Nazar Chepurnyi (UKR) en gym artistique hommes, Tamara Anika Ong (SGP), Nhu Phuong Pham (VIE) et Alba Petisco (ESP) en gym artistique femmes, Talisa Torretti (ITA), Daria Trubnikova (RUS) et Yelyzaveta Luzan (AZE) en gym rythmique, et enfin, Liam Christie (AUS) en trampoline hommes et Fan Xinyi (CHN) en trampoline femmes). Dans la formation Max Whitlock, médaillée d'argent, figurait Takeru Kitazono, déjà très impressionnant sur les agrès.

Cette passionnante compétition a également servi de qualification pour toutes les disciplines et ils ont ainsi été plusieurs à se retrouver à nouveau médaillés. Mais là, il n'y a pas eu d'hymne, pas de drapeau national, mais des talents réunis qui se sont soudés et entraidés pour obtenir le meilleur résultat possible.

Takeru Kitazono signe un exploit inédit

Vainqueur du concours général individuel, premier au sol, aux anneaux, aux barres parallèles et à la barre horizontale, Takeru Kitazono a signé un quintuplé inédit aux JOJ, et sur une édition olympique en général, seulement dépassé par le gymnaste artistique biélorusse de l'équipe unifiée Vitaly Scherbo, six fois titré à Barcelone en 1992. À quelques jours de son 16e anniversaire (il est né le 21 octobre 2002), surnommé le "Kohei numéro deux", en référence à son légendaire compatriote Kohei Uchimura, triple champion olympique et sextuple champion du monde du concours général, Takeru Kitazono a dépassé les attentes au parc Polideportivo Roca, démontrant encore et encore son talent exceptionnel en faisant fi de la pression pesant sur ses épaules pour devenir le premier sportif japonais quintuple médaillé d'or dans une édition olympique. Ni lui ni son entraîneur ne comptent cependant se reposer sur leurs lauriers car leur regard est déjà tourné vers les prochains Jeux Olympiques d’été, qui auront lieu dans son pays natal : « Je compte bien aller à Tokyo 2020 et y réaliser la même performance. Je vais durcir davantage mon entraînement pour y arriver. »

Du côté des femmes, l'Italienne Giorgia Villa a été la première gymnaste de son pays à gagner le concours général individuel. Elle s'est également imposée au saut de cheval et au sol, ajoutant à ses trois titres une médaille d'argent aux barres asymétriques pour devenir la gymnaste artistique la plus décorée des JOJ de Buenos Aires.

En trampoline, le Chinois Fu Fantao et sa compatriote Fan Xinyi se sont montrés dominateurs dans leurs épreuves respectives. Fan, qui a gagné un deuxième titre après avoir participé au triomphe de la formation Simone Biles dans la compétition multidisciplinaire, a aussi permis à la Chine de rester invaincue en trampoline femmes aux JOJ après Yu Dong à Singapour 2010 et Zhu Xueying il y a quatre ans à Nanjing.

La gymnastique acrobatique était une nouvelle épreuve aux JOJ 2018. Elle s'est déroulée par équipes mixtes et a débouché sur les spectaculaires victoires des Bulgares Mariela Kostadinova et Panayot Dimitrov, précédemment membres du team doré Simone Biles. Ils ont devancé la paire israélienne Noa Kazado Yakar et Yonatan Fridman et le duo ukrainien Daryna Plokhotniuk et Oleksandr Madei.

Enfin, en gymnastique rythmique, la Russe Daria Trubnikova, qui avait déjà fait beaucoup pour la victoire de sa formation dans l'épreuve multidisciplinaire, a de nouveau évolué dans une classe à part. Après un départ hésitant au cerceau, elle a réussi à maîtriser ses nerfs pour offrir un spectacle magnifique aux juges et aux spectateurs admiratifs rassemblés dans les gradins, accumulant les notes les plus élevées au ballon, aux massues et au ruban pour terminer avec une avance considérable de 4,300 points sur l'Ukrainienne Khrystyna Pohranychna. L'Italienne Talisa Torretti, qui s’était qualifiée pour la finale à la deuxième place, a remporté la première médaille de l’Italie en gymnastique rythmique en s'adjugeant le bronze.

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