En remportant 600 points lors du Haleiwa Challenger d’Hawaï, Ramzi Boukhiam a écrit l’histoire.
Ce mercredi 30 novembre, il s’est qualifié pour le Championship Tour, le circuit élite de la World Surfing League (WSL), et devient le premier Marocain à y parvenir.
« Je suis super fier de moi, de ma famille, du Maroc, a-t-il déclaré au micro de la WSL, drapeau de son pays sur le dos. « Le soutient que j’obtiens de mon pays est dingue. Je veux vraiment les remercier pour ça. »
La compétition hawaïenne, qui se déroule du 26 novembre au 7 décembre, représente la septième et dernière étape du circuit Challenger Series, l’antichambre du CT. Il fallait atteindre les 32e de finales à Oahu et c’est désormais chose faite. Il ne pourra plus être rattrapé dans la course à la qualification, malgré son élimination.
La récompense d’une saison aboutie, ponctuée par une deuxième place lors du Corona Saquarema Pro au Brésil au début du moins, lors duquel il ne s’est incliné qu’en finale contre le champion du monde 2021 Gabriel Medina. Le Marocain de 29 ans avait également atteint les quarts de finale de la première étape de l’année à Gold Coast en Australie.
« J’ai été plutôt solide cette année mais on ne peut jamais savoir avant la fin », rappelle-t-il. « On me disait que je pouvais me qualifier aujourd’hui mais ce n’était plus entre mes mains. En tous cas, je suis vraiment très heureux. »
Un long chemin pour accéder au Championship Tour
Cette qualification historique consacre un athlète talentueux et travailleur, qui n’a jamais cessé de croire en ses rêves. Après avoir commencé le surf à 9 ans sur les plages de Taghazout au Maroc, Boukhiam a gravi les échelons un à un jusqu’à disputer le Qualifying Series Tour, troisième catégorie de la WSL, en 2012. Cinq ans après avoir déménagé à Anglet, dans le sud ouest de la France.
« Ça a mis 10 ans à se faire », explique-t-il. « J’ai commencé avec les Qualifying Series et je suis là aujourd’hui. Cela prouve que lorsqu’on fait le travail, même si on fait plein d’erreurs lorsqu’on est gamin et qu’on se blesse, on revient et on peut le faire. »
Sa volonté sans faille lui a permis de traverser les périodes difficiles, où les doutes étaient omniprésents.
« J’avais de bons moments lorsque j’étais jeune, après une bonne carrière junior. Mais ensuite, on fait des choix stupides, comme n’importe quel autre jeune. Et d’un coup, les blessures arrivent. Plus rien ne se passe. C’était vraiment une longue route, mais c’est comme ça. Je pense que j’aurais pu le faire plus tôt mais voilà, c’est mon chemin. »
« Qui aurait cru, lorsque je débutais le surf, que j’atteindrais le Championship Tour ? »
Des chances de qualification pour les JO de Paris 2024
C’est pourtant le cas. Lors de la saison 2023, Ramzi Boukhiam évoluera aux côtés des meilleurs surfeurs mondiaux comme les Brésiliens Filipe Toledo, Italo Ferreira et Gabriel Medina ou encore les Australiens Jack Robinson et Ethan Ewing.
« Je pense que c’est là où je dois être et désormais, c’est à moi de faire le travail pour m’améliorer et m’entraîner encore plus dur pour rester dans le CT. »
Grâce à cette qualification, il aura également une chance supplémentaire de se qualifier pour les Jeux Olympiques de Paris 2024, où le surf sera disputé sur la vague de Teahupo’o à Tahiti, en figurant parmi les 10 premiers à la fin de la saison. S’il n’y parvient pas, il aura de nouvelles chances de qualifications lors des ISA World Surfing Games en 2023 et 2024.
Ce serait sa deuxième expérience olympique après Tokyo 2020, en 2021, où le surf faisait ses débuts aux JO. Au Japon, il s’était qualifié pour le troisième tour avant de perdre contre le Français Michel Bourez. Italo Ferreira avait été sacré champion olympique.
Représenter le Maroc aux JO était une fierté pour Boukhiam. Désormais, il pourra le faire au plus haut niveau sur toute une saison.
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Boukhiam : « Montrer que c’est possible »
Selon Boukhiam, cette réussite n’est pas que personnelle. C’est aussi celle de son pays, où un grand vivier d’athlètes est prêt à suivre les prouesses du plus grand surfeur marocain.
« Au Maroc, on a des vagues de fou et on devient de plus en plus gros dans le monde du surf. Mais c’est dur pour nous de réussir. J’ai eu de la chance d’avoir des sponsors et d’aller en France. »
« Je suis fier car je montre aux nouvelles générations marocaines que c’est possible. Le message que je veux faire passer est de garder espoir et de croire en soi. C’est dur pour nous au Maroc mais je l’ai fait pour moi et pour vous. Je suis très fier de mon pays. »
Enfin, c’est avec beaucoup d’émotion qu’il a tenu à évoquer son père, décédé deux ans avant son départ pour la France.
« Mon père doit également être très fier de moi, de la haut. Je suis vraiment très heureux. »