Ski Alpin - Beaver Creek : Alexis Pinturault explique son changement de discipline et son amour pour la descente
Skieur polyvalent par excellence, Alexis Pinturault entame cette saison 2023/24 avec de nouvelles ambitions. Pour Olympics.com, il raconte son amour pour la descente et comment il a procédé à ce choix de carrière.
À 32 ans, Alexis Pinturault s'apprête à se réinventer. Le vainqueur du gros globe 2021 entame l'un des derniers chapitres de sa carrière, et il compte bien être toujours celui qui écrit sa propre histoire.
Après un choix mûrement réfléchi, le Savoyard a décidé de mettre de côté le slalom, qu'il dispute depuis sa deuxième année en Coupe du monde (2010), pour privilégier la discipline reine du ski alpin, la descente.
« Ça me semblait quand même difficile, voire même impossible, de devenir performant en descente si je continuais à faire du slalom. Donc j'ai fait un choix fort mais pour moi, j'en suis convaincu, c'est la meilleure solution pour pouvoir devenir performant en descente », a-t-il confié avant le début de la saison
Comment a-t-il opéré ce changement ? Pour quelles raisons se tourne-t-il vers la descente ? Alexis Pinturault se confie en exclusivité pour Olympics.com sur tous les changements opérés à l'intersaison et l'objectif des prochains Jeux Olympiques d’hiver de Milano Cortina 2026.
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Alexis Pinturault : « Une sensation d'adrénaline et de liberté »
En ski alpin, la descente est la discipline reine. Celle où la vitesse est la plus élevée, où les corps des skieurs sont soumis au plus de risques, où l'on ressent le plus de sensations également.
Du plus loin qu'il puisse s'en souvenir, Alexis Pinturault a toujours aimé pratiquer cette discipline. À la question sur les pensées et les sensations qu'il ressent lors d'une descente, Pintu regarde à travers la fenêtre de la salle parisienne où a lieu cet entretien et se remémore.
« C'est une sensation d'adrénaline et en même temps une sensation de liberté », explique le skieur de Courchevel, qui a terminé 9e de l'entraînement de descente de Beaver Creek, mardi 28 novembre. « On n'a rien, on n'a pas de protection, on est notre corps face au vent, notre corps face à la neige. Le risque augmente l'adrénaline, augmente les sensations, augmente un peu ce côté animal qu'on peut avoir en nous. On ressent chaque petite chose. »
Un état presque second de grande concentration émerge alors quand le skieur dévale une piste à près de 130 km/h. Cette discipline, la plus ancienne du ski alpin, exige un contrôle de soi de tous les instants pour gérer les sauts, les virages pris à grande vitesse et les phases de glisse.
« Il y a les sauts, on a la sensation de voler quand on arrive sur une rupture et une cassure puisque qu'on décolle sur 50, 60 mètres. Avec l'air qui est sous le ski, qui est sous notre corps, qui nous porte d'une certaine manière, ça donne vraiment une sensation assez extraordinaire. »
« On fait tout à l'instinct. Il faut que l'ensemble du corps soit bien gainé parce que lorsqu'on dépasse les 130 km/h, il peut y avoir des prises d'air qui peuvent nous visser si on n'est pas stable sur nos appuis. On n'est pas là à penser. C'est l'instinct qui parle, c'est l'instant présent qui parle et l'esprit n'a pas le temps de divaguer. »
Sans repère de compétition en descente, Alexis Pinturault sait que les résultats vont mettre un certain temps à venir. En plus d'une préparation plus physique que jamais et un calendrier inédit, le Français va s'appuyer sur un nouveau staff composé spécialement pour l'occasion.
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Alexis Pinturault : une nouvelle équipe pour une nouvelle vie
Au sortir de son succès aux Mondiaux 2023 de ski alpin (or en combiné, bronze en super-G) où il fut double médaillé, Alexis Pinturault savoure, mais il sait les challenges futurs qui l'attendent, car sa décision est prise, il va basculer vers la descente.
Ce choix de la descente a été le fruit d'une décision réfléchie depuis plus de deux ans. Pinturault s'est interrogé, a questionné ses proches et son staff ainsi que d'autres skieurs tels que Didier Cuche, skieur suisse médaillé d'argent lors des Jeux Olympiques d'hiver de Nagano 1998 et quatre fois vainqueur du petit globe de cristal en... descente.
« J'ai discuté avec Didier Cuche l'année dernière, preuve que je me posais déjà cette question. J'avais beaucoup de questionnements par rapport à mon poids, ma taille. Didier Cuche a été l'un des plus grands descendeurs de l'histoire de notre sport et il m'a apporté beaucoup de réponses. Il n’a pas essayé de me convaincre, mais il a été dans le débat, dans la discussion. En fin de compte, il est assez naturel de passer des disciplines techniques aux disciplines de vitesse. Beaucoup d'athlètes sont passés du slalom, du géant au super-G et descente. »
L'étape suivante ? La constitution d’un staff pour l’accompagner au mieux vers sa nouvelle aventure.
« Comment amener la meilleure équipe autour de ce projet ? Comment trouver les bonnes personnes pour m'accompagner là-dedans ? Ça a été une grande discussion avec le chef d’équipe, David Chastan (directeur du ski alpin au sein de la Fédération française de ski (FFS)), le but était de trouver les bonnes personnes pour m’entourer. »
Martin Sprenger et Maxime Tissot ont été nommés auprès du Savoyard qui les a rassemblés avec ses anciens entraîneurs en fin de saison sur les pistes de ski autrichienne. Le but, un passage de témoin permettant à Pintu de débuter idéalement sa préparation.
« On est parti à l'entraînement tous ensemble, en fin de saison, les anciens et nouveaux entraîneurs. C’était pour faire une certaine forme de passation de flambeau et ça a été plutôt une bonne idée parce que chacun a pu trouver sa place, comprendre comment les choses fonctionnaient. Ça a donné beaucoup de sens et une certaine fluidité dans la transition. »
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Alexis Pinturault : « Les Jeux Olympiques, c'est l'objectif »
Les Jeux Olympiques d'hiver de 2026 auront lieu en Italie, à Milan et Cortina d'Ampezzo, du 6 au 22 février 2026. Une fête que ne veut pas manquer Alexis Pinturault après la déception lors des Jeux de Beijing 2022, où le Français avait avoué avoir manqué d'énergie et de fraîcheur mentale.
Pour y remédier, il a trouvé de nouvelles ambitions sur la descente, une discipline qu'il espère maîtriser dès cette saison, mais également en vue de la prochaine échéance olympique, dans moins de trois ans.
« Le choix que je fais de partir sur la descente, je le fais au bon moment. J'ai trois ans pour arriver aux JO, donc j'ai encore une certaine route à parcourir et une certaine formation à acquérir. J'espère arriver à construire mes saisons dans cette perspective-là, parce que pour moi, c'est l'objectif.»
L'envie de réussir sur les terres italiennes est forte chez Alexis Pinturault. Le skieur français est ravi que les prochains Jeux Olympiques d'hiver se déroulent en Europe et ça se sent. Le sourire ne lâche pas son visage. L'amour des challenges toujours.
« On est sur des JO qui parleront à tous les skieurs alpins. C'est des JO en Europe, on rentre vraiment dans le cœur du ski alpin. J'ai envie d'aller jusque-là et c'est pour moi un super objectif. En plus de ça, c'est une piste très exigeante. Bormio, c'est une piste fabuleuse. Ce sera un vrai beau défi. »