Alexis Pinturault : « Je veux gagner en descente »
Double médaillé aux Championnats du monde de ski alpin 2023, Alexis Pinturault est revenu sur sa saison lors d'une interview exclusive, avec une pointe de fierté face aux challenges qu’il a su relever, ainsi que sur les prochains défis qui l'attendent : la descente et les JO de Milano Cortina 2026.
Seul Français à avoir été médaillé lors des Championnats du monde 2023, (6-19 février), Alexis Pinturault s'est confié à Olympics.com afin de faire un bilan de la saison.
Sincère, il a évoqué les difficultés auxquelles il a été confronté, notamment la saison dernière, ainsi que l’apothéose sportive et émotionnelle vécue chez lui, dans son village de Courchevel lors des Mondiaux.
Le skieur de 32 ans a également évoqué son avenir et les changements qu'il veut opérer alors qu'il est spécialiste des épreuves techniques (slalom, slalom géant).
Mais aussi ce qui pourrait le faire passer dans une autre dimension : l'or olympique à Milano Cortina 2026.
Alexis Pinturault en 2023 : l'histoire d'une renaissance
En mars 2021, Alexis Pinturault remporte le « gros » globe de cristal, récompensant le meilleur skieur de la saison. Le but d’une vie. Il entre dans le panthéon du sport français, au même titre que Jean-Claude Killy ou encore Luc Alphand. Il savoure. Mais vient la problématique que tout champion rencontre au cours de sa carrière : comment garder sa motivation lorsqu’on a tout gagné ?
« C'est difficile de se remotiver pour gagner à nouveau le gros globe. Très vite, je me rends compte qu'il y a quand même des choses qui ne fonctionnent pas bien. Je sens que personnellement, mon implication mentale n'est pas tout à fait la même. Mon assiduité nerveuse non plus. J'ai un temps de réaction moins bon. »
Son échec lors des Jeux Olympiques de Beijing 2022, où il ne remporte aucune médaille, lui permet de faire table rase sur ses méthodes et son ski.
« Les JO m'ont permis de passer à autre chose, de démolir pour reconstruire. »
Alexis Pinturault revoit son matériel et ses méthodes d'entraînement pour le grand rendez-vous : des Championnats du monde à la maison. Pas seulement en France, mais à Courchevel, où il a grandi et vit encore.
« C'était extrêmement important de pouvoir réaliser une belle performance et donc de se motiver pour cette échéance. Cet hiver, la priorité numéro un a vraiment été mise sur les Championnats du monde. »
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Le rêve éveillé de Pinturault aux Mondiaux
À Courchevel, Alexis Pinturault réussit un retour éclatant, remportant la médaille d’or en combiné alpin et le bronze en Super-G. Il porte ainsi son palmarès à sept médailles mondiales individuelles, juste derrière Émile Allais (huit), légende des années 1930.
« Être champion du monde en France et encore plus dans mon village, chez moi, c'est quelque chose d'unique, que je ne vivrai qu'une seule fois. Beaucoup d'athlètes ne le vivront jamais et pouvoir le faire, c'est extraordinaire. »
La pression d’être l’enfant du pays ? Pintu le joue à l’expérience.
« Si j'avais eu ces mêmes Championnats du monde dix ans plus tôt, je ne suis pas sûr que j'aurais pu réaliser la même chose. Par contre, dix ans plus tard, avec toute l'expérience accumulée, j’ai pu vraiment profiter de cette quinzaine, de ces Mondiaux et de la chance que c'était de vivre ça en tant athlète pour finalement être galvanisé. Cela m’a certainement apporté un petit truc supplémentaire. »
Après une saison 2021/22 frustrante, sans victoire et ponctuée par une immense déception aux JO de Beijing 2022 (11e en Super-G, 5e en géant et 11e en slalom), la suivante est placée sous le signe de la résurrection pour Pinturault.
« C'était la saison de la reconstruction et les Mondiaux représentaient l'objectif numéro un. Pour moi, ma saison a été formidable dans l'accomplissement de cet objectif. Le reste a plutôt été une reconstruction. Je sais où j'avais fini l'année dernière [10e place au classement général] et je savais que ça allait prendre du temps pour revenir à mon meilleur niveau. »
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La descente et l'or aux JO 2026 : les derniers objectifs d'Alexis Pinturault
Alexis Pinturault est un homme de challenge. Il a pratiqué de nombreux sports dans une enfance très sportive, où il a longtemps hésité entre le football ou le ski.
Le Savoyard n’est pas à l’aise avec la routine. Très loquace durant cet entretien, il prend pour la première fois son temps au moment d'évoquer ses prochains challenges. Il fixe sa tasse de café et confie.
« Je dirais qu'il me reste deux choses à aller chercher : une victoire en descente, car j'ai gagné dans toutes les autres disciplines, et peut-être aussi une médaille d'or aux Jeux Olympiques. Je ne sais pas... Peut-être, oui. Non, c’est sûr. Une médaille d'or aux Jeux Olympiques. »
« La descente, ça fait bien deux ans que j’aimerais m’y mettre »
Skieur polyvalent par excellence, Alexis Pinturault s’est aligné en super G, slalom géant, slalom, parallèle et combiné durant toute sa carrière. Mais pas en descente, une discipline de vitesse pure qu'il a délaissé pour se consacrer à ses spécialités techniques, le géant et le slalom.
Aujourd’hui entré dans le dernier chapitre de sa carrière, le Français veut désormais se faire plaisir et retourner à ses amours de vitesse, avec la descente.
« Je suis dans un tournant de ma carrière où je peux me dire "ok, j'ai réussi". Je peux partir sur de nouvelles choses. […] Ma motivation, ce serait de prendre ce nouveau bol d'air et de partir un peu plus sur la descente car ça a toujours été une discipline qui m'a intéressé, mais que j'ai sacrifié au profit de mes disciplines les plus fortes. Ça peut être aussi bénéfique parce que le slalom est une discipline assez explosive et quand on vieillit, on devient moins explosif. Ça peut donc être aussi un bon moyen de glisser vers la descente. »
Les JO 2026 : dernier challenge d’une carrière exceptionnelle ?
Les prochains Jeux Olympiques d’hiver se dérouleront à Milan et Cortina d’Ampezzo, en Italie, du 6 au 22 février 2026.
Ces JO pourraient être l'occasion de réaliser son rêve olympique, qui s'est toujours refusé à lui en trois éditions. C'est notamment ce qui le pousse à ne pas envisager la retraite de si tôt, alors que Tessa Worley, légende du ski féminin, vient de prendre sa retraite à l'âge de 33 ans.
Mais Milano Cortina sera-t-il le théâtre du dernier tour de piste d’Alexis Pinturault ? Le Savoyard garde toutes ses options sur la table.
« J'ai envie d'aller jusqu'aux JO 2026 et on verra comment je me sens. »
« Trois ans, c'est long, surtout dans la carrière d'un athlète. Il y a deux saisons avant ça. Donc on va déjà les faire. Puis à l'orée de la saison olympique, je pense que j'en saurai déjà plus sur ce que j'ai vraiment envie de faire. Et peut-être que dans deux ans, on se reverra et puis je dirai non, là c'est sûr je finis aux Jeux. Ou alors peut-être que je sentirai que j'aurais envie d'aller un peu plus loin. »