Mathilde Gremaud, un parcours semé d’embûches jusqu’au titre olympique

Blessée avant PyeongChang 2018, en grandes difficultés à Beijing 2022, la Suissesse Mathilde Gremaud est désormais championne olympique et même triple médaillée aux JO. Mais elle ne gagne jamais rien dans la facilité. Retour sur le destin d’une skieuse acrobatique qui revient de loin.

5 minPar Emma Hingant
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(2022 Getty Images)

Mathilde Gremaud est-elle plus forte dans l’adversité ?

La question se pose après que la Suissesse a décroché la médaille d’or du ski slopestyle aux Jeux Olympiques de Beijing 2022.

La skieuse acrobatique de 22 ans ne s’était pas mise dans les meilleures conditions pour lancer la conquête du titre, ce mardi 15 février. En effet, la veille, elle s’était qualifiée de justesse pour cette finale, se plaçant douzième de l’épreuve qualificative qui avait vu sa compatriote et amie Sarah Hoefflin, la championne en titre, être éliminée.

Pis, Gremaud – qui s’est pourtant « réveillée avec une bonne énergie [et] de la positivité » – s’est même mis la pression après une premier run catastrophique où elle a perdu un ski. Mais elle a fini le travail par la suite et a même devancé la star chinoise des JO 2022, Ailing (Eileen) Gu, pour décrocher la première médaille d’or de sa jeune carrière.

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Une première olympique laborieuse mais récompensée

Mais ce n’est pas comme si Mathilde Gremaud ne s’y connaissait pas en matière d’adversité. Il y a quatre ans, trois mois avant sa première expérience olympique à PyeongChang 2018 à l’âge de 18 ans, elle se blesse au genou. Sa participation est donc remise en question, mais elle récupère suffisamment vite pour être présente en République de Corée.

Toutefois, à PyeongChang, elle est victime d’une lourde chute à l’entraînement du slopestyle à la veille des qualifications et doit passer un scan à l’hôpital car elle s’est cogné la tête. Son médecin lui donne alors le feu vert après lui avoir fait passer le protocole commotion, et elle participe à l’épreuve. Là, elle s’adjuge la médaille d’argent !

Elle a fait encore mieux à Pékin, dans les circonstances que l’on connaît, mais en plus, elle est arrivée à Beijing 2022 alors qu’elle venait de vivre une saison mouvementée après deux chutes en Coupe du monde, à Coir (Suisse) en octobre 2021 et à Stubai (Autriche) en novembre, qui lui a coûté une hospitalisation pour commotion cérébrale.

Après ces grosses frayeurs, elle décide de se rendre dans une clinique spécialisée dans les commotions aux États-Unis pour aiguiser ses réflexes et réaliser des tests. Avec l’autorisation de la clinique, elle participe au Dew Tour mi-décembre et finit quatrième du slopestyle. Puis après avoir fait l’impasse sur les Coupes du monde, elle prend l’argent en slopestyle aux X Games 2022 quelques semaines avant Pékin.

« J’ai bien touché le fond »

Aujourd’hui, malgré tous ces obstacles, Mathilde Gremaud va rentrer des JO 2022 avec deux médailles au cou. Même elle avouait revenir de loin après les qualifications de lundi. « J'ai bien touché le fond pour bien rebondir », déclarait-elle au micro de la RTS. « C'était difficile, hier, mais après avoir quitté les lieux et retrouvé ma chambre, ça a vite tourné et j'ai pu me concentrer sur la suite. Moi, je vais assez vite en haut et vite en bas... Franchement, ces quatre derniers jours, j'ai été difficile à vivre. »

Pour vivre et survivre à ces épreuves, Mathilde peut toutefois compter sur sa famille et en particulier sur ses parents. « Mes parents, au téléphone, m'ont beaucoup aidé. C'est vraiment incroyable ! », a-t-elle expliqué.

Alors qu’elle leur avait demandé de ne pas se rendre en République de Corée il y a quatre ans car elle n’était pas sûre de performer à cause de sa blessure au genou contractée trois mois plus tôt, cette fois, ils n’ont pu rejoindre la République populaire de Chine à cause du COVID. Elle les a joints dès la confirmation de son titre olympique.

« [Le fait de les avoir au téléphone] m’a fait réaliser un peu plus ce que je venais de faire », a-t-elle déclaré en zone mixte. « Oui, bien sûr, j’étais hyper contente, j’ai embrassé mon coach, on a crié et tout. Mais de voir mes parents, ça a été assez émouvant. Je voyais bien qu’ils étaient hyper contents. »

Toujours au top dans quatre ans ?

Outre le soutien des siens, Mathilde a aussi puisé dans son for intérieur et a réussi à revenir aux fondamentaux, à la raison première pour laquelle elle faisait ce sport à sensations. « Je me suis dit : "Allez, amuse-toi et prends du plaisir" », a-t-elle expliqué en zone mixte. « Je me suis plantée sur mon premier run donc ça a plutôt mal commencé, mais ça m’a permis de faire le vide dans ma tête et de ne pas trop penser au ski, à la possibilité d’un mauvais run ou aux erreurs que je pourrais commettre. C’était assez fou. »

Elle a aussi fait un bilan de sa moisson depuis deux éditions des Jeux, d’où elle est repartie avec l’or, l’argent et le bronze, avant de prendre rendez-vous pour Cortina d’Ampezzo 2026. « Maintenant, j’ai tous les genres de médailles possibles donc c’est super et je suis hyper contente. C’est dingue. J’en rêvais quand j’étais petite. »

« Le but, c’est de revenir dans quatre ans et de prendre encore plus de plaisir. »

Sans toutes les contrariétés avant, cette fois ?

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