Sean McColl, le roi polyvalent de l’escalade, vise Tokyo 2020
Sean McColl a été coulé dans un moule d’une grande rareté dans le milieu de l’escalade. Le Canadien de 29 ans a fini en haut du classement général de la Coupe du monde de la Fédération internationale d’escalade (IFSC) à quatre reprises, et il est aujourd’hui le grand favori des Jeux Olympiques de Tokyo 2020, à trois ans de leur coup d’envoi.
"C’est une chose dont je rêve depuis tout petit", a déclaré McColl, le spécialiste de l’escalade de difficulté, de bloc et de vitesse qui se décrit déjà comme "futur olympien" dans sa bio sur son site web. "J’adore grimper, faire des compétitions, tester mes limites. Je participe à pratiquement toutes les compétitions possibles."
Cette passion pour l’escalade sportive est née quand Sean McColl n’avait que 10 ans. Et dès le départ, il a été attiré par les trois disciplines. À une époque où le sport connaît une croissance vertigineuse et que nombre de ses collègues décident de se spécialiser, sa polyvalence l’a toujours distingué de ses concurrents.
"Je sais que plus je fais de compétitions, plus je serai à l’aise dans l’exécution de ma technique et ma préparation mentale, et donc je ne peux que m’améliorer", dit-il. "Et puis j’adore voyager, prendre l’avion, découvrir de nouvelles cultures, goûter de nouvelles cuisines. Je suis très décontracté donc s’il y a un problème quelque part, je me dis que c’est comme ça et qu’il faut avancer."
Alors que la saison d’escalade de bloc de l’IFSC a lieu dans la première moitié de l’année et l’escalade de difficulté dans les six derniers mois, le multiple champion du monde est satisfait de pouvoir compenser de mauvaises performances dans une discipline par des résultats phénoménaux dans une autre. Il sait, en revanche, à quel point il est difficile d’exceller dans les trois matières.
"L’escalade de vitesse, c’est mon point faible, admet McColl. Je ne m’entraîne pas autant [que dans les autres disciplines]. Ça ressemble plus à de la course à pied, donc il va falloir que je me concentre là-dessus dans mes préparatifs pour les compétitions qui feront office de qualifications olympiques."
J’adore grimper, faire des compétitions, tester mes limites. Je participe à pratiquement toutes les compétitions possibles. Sean McColl - Sean McColl
Justement, les Jeux Olympiques et la possibilité qu’il participe à Tokyo 2020 ont bouleversé le calendrier de Sean McColl, lequel ne cache pas ses ambitions olympiques.
"Le plus grand changement, c’est le fait de travailler sur quatre ans, c’est bizarre. Depuis que je suis pro, je me suis habitué à travailler sur un cycle d’un an", explique le Canadien. "Cette année, la première du cycle de quatre ans, je dois faire beaucoup de tests pour affiner mes techniques en 2018 et m’assurer, en 2019 pour l’année des qualifs, que je sais exactement ce que je fais et que je sois dans la meilleure forme de ma vie."
À l’aube de fêter ses 30 ans, Sean McColl sait qu’il est en bonne posture.
"Pour être un bon grimpeur de difficulté ou un bon bloqueur, vous devez avoir pratiqué depuis au moins quatre ou cinq ans. Il ne suffit pas d’avoir appris les mouvements ou appris l’escalade. Il faut avoir ‘fait’ vos doigts pendant de nombreuses années pour pouvoir renforcer vos tendons", dit-il.
"Donc les grimpeurs de difficulté et les bloqueurs disposent déjà de cette puissance dans les doigts ; ils peuvent facilement apprendre à courir sur un mur et apprendre la technique. Leur apprentissage est bien plus rapide que celui d’un grimpeur de vitesse. Quelqu’un qui sait naturellement bien courir et qui dispose d’une excellente contraction musculaire, mais qui ne fait de l’escalade que depuis deux ans peut-être, pourrait à la rigueur apprendre l’escalade de difficulté et de bloc. Mais il n’aura pas la force dans les doigts."
Par ailleurs, l’exiguïté inimaginable des prises de pied et de main sont une autre raison pour laquelle les grimpeurs ont besoin de cette puissance. Sean McColl espère que cet aspect technique sera magnifiquement retransmis à la télé et dans les salles, en 2020.
"Les prises [de main] font à peine 1 cm, voire 0,5 cm, or il faut pouvoir bouger son corps – de 90 à 120 cm – et les prises de pied sont vraiment difficiles, vous pouvez à peine poser le pied dessus", dit-il. "J’espère qu’avec la technologie, grâce aux caméras, aux interviews et aux commentaires, que les gens seront en mesure de comprendre que les grimpeurs donnent l’impression que l’escalade, c’est facile, alors qu’en réalité, c’est loin de l’être."