Anne-Cécile Ciofani : d’une carrière toute tracée dans l’athlétisme au sommet mondial du rugby à 7

Elle aurait pu faire carrière en athlétisme, comme le reste de sa famille. Mais, Anne-Cécile Ciofani s’est tournée vers le rugby à 7. Une belle idée pour la médaillée des Jeux Olympiques de Tokyo 2020 et meilleure joueuse du monde 2021. Découvrez le portrait de cette joueuse atypique.

5 minPar Guillaume Depasse et Marion Theissen
Anne-Cécile Ciofani, équipe de France
(2021 Getty Images)

Le sourire collé sur le visage d’Anne-Cécile Ciofani en dit long sur l’enthousiasme de la Française lorsqu’elle exerce son métier, sa passion.

Aujourd’hui, c’est une joueuse cadre de l’équipe de France de rugby à 7, un véritable pilier du groupe du haut de ses 30 ans. Ce week-end, du 23 au 25 février 2024, elle fait logiquement partie du groupe tricolore qui participe à la quatrième étape des Sevens Series, à Vancouver.

Ce tournoi est important pour des Françaises qui pointent à la troisième place du classement général de la compétition derrière l’Australie et la Nouvelle-Zélande, après avoir terminé en troisième position à Dubaï et deuxième à Cape Town en Afrique du Sud. 

La joueuse du Stade Français s'est confiée pour Olympics.com sur sa famille, ce qu’elle a déjà accompli et tout ce dont elle rêve encore.

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Une enfance baignée dans le sport

Un papa, Walter, athlète, spécialiste du lancer du marteau et huitième de sa discipline aux Jeux Olympiques de Los Angeles 1984. Une maman, Jeanne-Nicole Ngo Minyemeck, spécialiste des lancers également et titrée aux Jeux Africains en lancer de disque en 1987. La trajectoire de la petite Anne-Cécile, l’aînée de la famille, semblait toute tracée.

« À la maison, toute notre vie était dirigée par ça, » a-t-elle expliqué au micro d’Olympics.com en juillet 2022. « On avait notre père qui nous indiquait la marche à suivre et nous on marchait dans ses pas, machinalement. On a toujours baigné dedans. »

Sportive dans une famille de sportifs, elle ne se destinait pas à autre chose : « Mon avenir était tout tracé. Je ne me voyais pas réussir autre part qu’en athlétisme. D’ailleurs, je ne me voyais pas faire autre chose tout simplement », confie-t-elle.

Et ses sœurs ont suivi la même trajectoire : Juliette est également lanceuse de marteau, tout comme Audrey, médaillée d’or aux Championnats d’Europe juniors d’athlétisme en 2015.

Le rugby, finalement une évidence

Puis à 18 ans, elle s’est dit : pourquoi ne pas tenter autre chose. Un professeur qui communique sa passion, une révélation et le tour est joué !

« J’étais à la fac », explique-t-elle. « C’était dans le cursus obligatoire en STAPS. Un professeur a insisté et on a mis un système en place ou je pouvais faire de l’athlétisme et un peu de rugby. »

La machine était lancée. Une nouvelle discipline, de nouvelles valeurs et l’apprentissage a ensuite suivi son cours.

« Au fur et à mesure, c’est moi qui me suis détachée de l’athlé. J’ai mis du temps à l’accepter, j’ai mis du temps à me définir comme une rugbywoman et plus comme une athlète. Mais mon choix s’est fait assez simplement et naturellement, avec tout ce que j’ai trouvé au rugby qui me ressemblait énormément. Je me suis redécouverte dans l’équipe de Bobigny, et c’est à partir de là que tout a commencé ! »

En six mois de pratique, elle découvre le Centre National de Marcoussis et participe en 2018 à sa première sélection nationale. Un parcours qui l’a ensuite menée vers l’élite, les victoires et les médailles.

Anne-Cécile Ciofani : une année 2021 en apothéose

Lors de sa première année en équipe de France, en 2018, Anne-Cécile Ciofani remporte la médaille d’argent en Coupe du monde avec ses nouvelles coéquipières. Une manière parfaite de débuter sa nouvelle carrière.

Quelques années plus tard, les Françaises décrochent également l’argent aux Jeux Olympiques de Tokyo 2020.

Une expérience mémorable pour la joueuse qui rêvait de (se) prouver qu’elle avait pris la bonne décision en passant au rugby : « J’étais trop contente ! Ça a été une belle émancipation. Le fait de passer de l’athlétisme au rugby n’a pas créé de fossé. Je me suis trouvée dans ce sport », appuie-t-elle toujours.

L’occasion aussi de rendre fiers ses proches, à commencer par un père exigeant : « C’est la première personne que j’ai appelée en sortant du podium après la médaille. Mon père a été très ému, il m’a dit : t’as réussi là où moi j’ai passé ma vie à essayer. »

« Ça a fait monter les larmes ! J’étais contente parce qu’un père est toujours plus exigeant avec ses enfants et j’avais jamais l’impression d’être assez forte. Et là, pouvoir le rendre fier et ramener cette médaille, ça a été le summum de la fierté pour lui, pour moi et pour ma mère. »

Parce qu’il ne faut pas oublier que chez les Ciofani, le sport, c’est une histoire de famille. « Elle a sacrifié un petit peu sa carrière en faisant le choix de faire des enfants », raconte-t-elle. « Donc aujourd’hui, je suis fière d’avoir perpétré la tradition familiale et d’avoir ramené cette médaille-là à ma mère aussi. »

Médaille olympique autour du cou, Anne-Cécile Ciofani a également remporté en 2021, le titre de meilleure joueuse du monde en rugby à 7. Au même moment qu’un certain Antoine Dupont qui vient de rejoindre les Bleus à 7 : en 2021, le rugby français était plus que jamais sur le devant de la scène.

Et maintenant, Paris 2024 ?

Les Bleues sont à présent à Vancouver pour débuter la tournée américaine du Sevens Series 2023/24. Ensuite, leur attention sera tournée vers Paris 2024 pour réitérer leur performance olympique et aller cette fois-ci chercher la plus belle des médailles.

« À Paris, on peut faire quelque chose de grand. [...] On espère avoir un stade rempli, avoir du bruit dans les tribunes, être portées par la foule pour aller décrocher la plus belle des médailles à la maison », conclue-t-elle.

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